Un fucking bon spectacle !

C'est de la bombe !

On était très curieux de découvrir la mise en scène de "Shopping & fucking" du dramaturge anglais Mark Ravenhill proposée par le jeune metteur en scène Simon Delétang ! Pleine de sexe, de violence et de sadisme, la pièce jouit d'une réputation sulfureuse depuis sa création au festival d'Avignon en 1996 dans une mise en scène hyper-réaliste de Thomas Ostermeier, dont l'extrême violence culminait dans une longue scène de sodomie au couteau. Depuis, la pièce était quasi bannie des théâtres français, effrayés par la réaction du public et des subventionneurs (lire Lyon Capitale du 6 mars).
A Lyon, le théâtre Les Ateliers, scène dédiée aux écritures contemporaines, a pris le risque très courageux de produire entièrement ce spectacle. Chapeau ! Car le résultat, un très beau travail, intelligent, sensible, énergique et étonnamment pudique, leur donne entièrement raison. Ça fait même un bien fou de voir une pièce contemporaine qui dresse le portrait acide d'une société de marchandisation, où l'argent est le dieu suprême, Le Roi Lion de Disney est la référence culturelle ultime et les êtres, en manque de re-pères, sont dans une addiction permanente et une immaturité totale.
Simon Delétang a choisi de présenter une version "distanciée" qui préfère le décalage suggestif à la gratuité des images trash. Résultat : pas de pesanteur ou de complaisance dans le sordide (sexe, viol, torture). Mais de l'humour (et oui, malgré la sinistrose, on rit souvent !) et une énergie folle. En deux heures de temps, pas une longueur ; les comédiens, tous remarquables, tiennent le rythme endiablé impulsé par la mise en scène nerveuse et inventive. Ainsi, les acteurs entrent sur scène tels des produits de consommation "prêts à jouer" avec un sac de shopping sur la tête, et le remettent pour figurer chaque sortie de scène. Un "truc" qui fait sens et gagne du temps ! Scénographie épurée - un drapeau britannique peint au sol, une structure métallique, une banque de supermarché et un caddie - lumières soignées et bande-son punchy ; tout est parfaitement maîtrisé. Le metteur en scène se paie même le luxe d'un ajout très personnel en fin de spectacle (un fait divers avéré de cannibalisme) qui fonctionne en parfait écho avec le texte de Ravenhill. Un régal !

Jusqu'au 29 mars au théâtre Les Ateliers. 5, rue Petit David, Lyon 2e. 04 78 37 46 30. www.theatrelesateliers-lyon.com - Durée : 1h50.

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