Vers une automatisation des bibliothèques de Lyon

Les bibliothèques de la Part-Dieu et des arrondissements vont toutes passer à l’automatisation d’ici à 2015. Des bornes effectueront les prêts et les retours.

L’avenir des bibliothèques de Lyon rime avec automatisation. Le conseil municipal du 13 mai a validé l’installation d’automates de prêt et de retour dans toutes les bibliothèques de Lyon, y compris celle de la Part-Dieu. Leur déploiement se fera en trois phases, de fin 2013 à fin 2015. Au terme de ces deux années, l’ensemble du réseau sera équipé, le tout pour un coût de 3 825 000 euros. Une somme que la mairie espère voir financée en partie par l’État, dans le cadre de la dotation générale de décentralisation et grâce à l’obtention du label “bibliothèque numérique de référence”. La numérisation du fonds et les nouveaux services qui en découlent (Numelyo…) seront sans doute des atouts. La culture 2.0, c’est pour très bientôt.

L’accueil du public, l’argument choc

Pour légitimer l’automatisation, la mairie invoque l’amélioration de l’accessibilité et de l’accueil du public. Selon la bibliothèque municipale, les bornes permettraient aux agents de la bibliothèque “d’exercer des fonctions plus valorisantes”. Comprenez un accompagnement du public dans son choix, par exemple en mettant en avant les collections présentes dans les rayons.

Du côté des délégués syndicaux, si l’on ne s’oppose pas catégoriquement à l’automatisation, les conditions de ce changement posent question. Malika Laval, de la CGT, qui travaille à la bibliothèque du 3e, détaille : “Ce n’est pas une mauvaise chose, si ce n’est pas fait sous n’importe quelles conditions.” La première interrogation des bibliothécaires réside dans la pertinence d’appliquer cette méthode à toutes les bibliothèques, notamment aux petites structures d’arrondissement. “Dans ces bibliothèques, ce n’est pas très judicieux d’automatiser, car les prêts et retours sont des moments d’échange importants avec le public”, expose la syndicaliste.

Les bibliothécaires ne sont “pas de simples agents d’accueil”

L’accompagnement du lecteur doit à tout prix exister, pour Malika Laval : “Nous ne sommes pas de simples agents d’accueil, il y a tout un travail derrière ça.” C’est là que tout diverge entre salariés et direction. Quand la BM argue que les employés pourront mettre en avant les collections, la syndicaliste dit tout le contraire : “On aura certainement une relation plus superficielle avec le public, parce qu’on aura moins accès au contenu des collections. Or, il nous faut connaître ce contenu pour accompagner les usagers.”

Pour Gilles Eboli, le directeur de la BM, l’accueil du public n’est pas supprimé, bien au contraire : la nouvelle organisation “repositionne les bibliothécaires dans l’accompagnement des usagers”. Il ne partage pas les doutes de certains : “Si l’automatisation de 8 millions de transactions par an (4 millions de prêts et 4 millions de retours) ne permet pas de dégager du temps pour mieux faire son travail de suivi du public et des collections, je ne comprends pas.”

Une direction un peu floue ?

La prudence dans l’accueil de cette nouvelle par les bibliothécaires doit beaucoup à la communication de la direction sur le sujet, juge Malika Laval. “La direction communique, mais sans nous en dire vraiment plus”, déplore-t-elle. Gilles Eboli tempère en expliquant qu’il “faut attendre que le projet soit lancé officiellement pour connaître les précisions de sa mise en place”. Une chose est sûre, selon lui, pas de suppressions de postes, malgré les automates : “On réoriente seulement les bibliothécaires sur leurs tâches”, assure-t-il. “Officiellement, on économise des postes qui sont réaffectés et non supprimés, répond Malika Laval. Mais on n’en sait, là encore, pas beaucoup plus.”

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