La 20e commémoration du génocide des Tutsis s’est tenue hier soir, à la mairie du 3e arrondissement. Devoir de mémoire oblige, l’émotion était au rendez-vous.
“Un génocide n’empêche pas un autre génocide. C’était il y a vingt ans, et je n’étais pas née.” Quelques élèves de 2nde du lycée du Bugey déclament leurs poèmes, écrits spécialement pour l’occasion. Une cinquantaine de personnes, de tous âges et de toutes origines, écoutent, religieusement. L’émotion est vive, les témoignages poignants et l’atmosphère solennelle. Dans la salle Eugène-Brouillard, à la mairie du 3e arrondissement de Lyon, on se souvient du 7 avril 1994. Il y a vingt ans, jour pour jour, commençait officiellement le génocide des Tutsis, au Rwanda, qui fit plus de 800 000 morts en seulement 100 jours. “Officiellement” car, un an plus tôt, les preuves de la mise en œuvre d’une purification ethnique des Tutsis par des extrémistes hutus avaient déjà été dévoilées, notamment par l’association Survie, présidée par Jean Carbonare. Celle-ci milite aujourd’hui pour la levée du secret défense sur le dossier rwandais.
“Souviens-toi”
Pour que la tragédie ne tombe pas dans l’oubli, l’antenne régionale de l’association Ibuka (“Souviens-toi” en kinyarwanda) a voulu organiser cette commémoration. Si l’heure est au recueillement, l’amertume est toujours vivace. “Je lance un appel à M. Gérard Collomb pour qu’un hommage voie le jour dans la ville de Lyon”, déclare Emmanuel Rugema, le président d’Ibuka Rhône-Alpes. Alors que la France a refusé d’assister aux cérémonies rwandaises après les accusations de Paul Kagame, le président du Rwanda, les paroles officielles sont rares dans la salle. Thierry Philip, maire de l’arrondissement, s’est fait remplacer par son adjointe Nathalie Vannini. “Les grandes puissances ont abandonné les populations tutsies alors qu’elles savaient ce qu’il se passait, poursuit Emmanuel Rugema. C’est quand nous fermons les yeux sur la souffrance de l’autre que nous favorisons le désastre.”
