Mont Verdun : base 942
© Tim Douet

Dans les coulisses de la base secrète du Mont Verdun

Au cœur de la base militaire, le Centre national des opérations aériennes est chargé de contrôler et d’évaluer la menace aérienne sur l’ensemble du territoire français. Lyon Capitale a pu entrer dans ce QG caché à 130 mètres sous terre. Aucune photo des cartes en temps réel n’a pu être prise : elles sont classées “secret-défense”.

Des cibles rouges et vertes se déplacent lentement sur la carte de France projetée au mur. “On surveille tous les avions suspects qui traversent l’espace aérien français. Le risque ? Terroriste, militaire ou militant. En 7 minutes la journée et 15 minutes la nuit, on peut envoyer un avion de chasse pour l’intercepter”, explique le colonel Pascal, qui nous interdit de photographier les cartes, classées secret-défense.

Les Mirage décollent d’Orange, de Creil, de Lorient ou de Mont-de-Marsan ; aucun avion n’est stationné au mont Verdun (base aérienne spécialisée dans la détection et la surveillance). La mission du Centre national des opérations aériennes (CNOA) ? Surveiller et évaluer la menace aérienne et intervenir pour des missions aussi différentes que du narcotrafic aux Antilles, du secours en montagne ou de l’espionnage nucléaire.

Détournement d’avion de ligne, narcotrafic ou secours en montagne

En 2013, 67 avions de chasse ont décollé afin de vérifier la menace. “La majorité [des incidents] sont dus à des pertes de contact avec des avions de ligne. Quand le pilote voit le Mirage dans son sillon, il reprend immédiatement contact avec la tour de contrôle. Il prend peur”, s’amuse le colonel Pascal. Mais certaines opérations sont beaucoup plus sensibles.

Le 17 février 2014, lors du détournement de l’avion de ligne d’Ethiopian Airlines vers Genève, où le copilote demandait l’asile politique, les équipes du CNOA ont envoyé un avion de chasse. Les pilotes français l’ont escorté jusqu’à Genève : l’avion était entré dans l’espace aérien français. Les ordres du gouvernement français étaient clairs : “Il n’était pas question qu’il se pose en France”, précise le colonel Pascal. Le risque d’attentat terroriste était trop prégnant.

Téléphone rouge entre Matignon et le mont Verdun

Toutes ces décisions, stratégiques, sont prises en accord avec le sommet de l’État. Le patron du CNOA possède une ligne téléphonique spéciale, connectée à Matignon. “Je suis en lien direct avec Manuel Valls, le Premier ministre. Nous devons être très réactifs. Un avion de ligne survole le pays du nord au sud en 30 minutes. Donc les décisions doivent être prises à tout moment”, explique le colonel Pascal. Les zones les plus surveillées ? Les sites industriels de type Seveso, les centrales nucléaires, mais aussi Paris et sa banlieue.

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