Gerard Collomb © tim douet
© Tim Douet

Collomb et Mercier créent un super Grand Lyon

Gérard Collomb et Michel Mercier ont affiché ce mardi leur volonté de transformer le Grand Lyon en métropole. Il s’agira pour les deux hommes de confier les pleins pouvoirs à la communauté urbaine au détriment du département qui se retranche vers le Beaujolais.

Gérard Collomb et Michel Mercier ont rendu public et officiel leur désir de déshabiller le conseil général du Rhône au profit du Grand Lyon. Comme nous vous l’annoncions dès lundi soir, ils ont dévoilé leur projet de retrait des compétences du département sur le territoire du Grand Lyon. Ce mardi matin, ils ont expliqué à la presse le pourquoi du grand chambardement politique qu’ils initient. Après avoir reçu le feu vert de Marylise Lebranchu, ministre en charge de la Décentralisation, il y a une semaine, les deux barons locaux ont obtenu, ce lundi, celui de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault lors du sommet franco-italien. Les deux présidents-sénateurs vont très rapidement déposer une proposition de loi au Sénat pour rendre possible le retrait du conseil général sur le territoire du Grand Lyon.

------------ Carte : en bleu la communauté urbaine de Lyon, en rouge, le nouveau conseil général du Rhône

“Je suis convaincu que nous sommes arrivés à un moment où les collectivités locales doivent se transformer. Nous ne pouvons pas continuer sur une structuration qui date de 1798. Les métropoles doivent jouer leurs rôles. Je serai fier si le Grand Lyon pouvait tirer son territoire vers le haut. Je suis prêt à leur en donner les moyens”, a expliqué Michel Mercier en préambule.

Sans trémolo dans la voix, le président centriste du conseil général a aussi expliqué le devenir du département, grand perdant de ce mécano institutionnel : “ce ne sera plus le même département mais nous aurons quand même plus d’habitants que certains conseils généraux comme la Savoie. Nous gèrerons encore 35 collèges. Nous resterons un département de plein exercice”. Pour résumer le fonds de sa pensée, Michel Mercier se drape dans l’intérêt général : “je ne veux pas d’une métropole qui s’oppose au reste du territoire. C’est une ambition noble qui justifie notre démarche”.

Le Grand Lyon, seul intervenant social

Gérard Collomb prenant le relais délimite les nouvelles compétences que récupèrera le Grand Lyon et matérialise les changements : “Nous collerons mieux aux attentes de nos habitants. Nous avons des défis sociaux aigus et sur le logement nous pourrons désormais réfléchir sur toute la chaîne du logement : l’hébergement d’urgence, le social et l’accession à la propriété. Aujourd’hui, nous avons des logements sociaux mais nous ne connaissons pas les gens qui les occupent. S’ils cherchent un emploi, s’ils sont en insertion sociale”.

Autre exemple légitimant l’absorption du conseil général par le Grand Lyon : la petite enfance. “Nous allons pouvoir créer un service articulant tous les modes de garde”, précise le président du Grand Lyon. Aujourd’hui, les communes membres du Grand Lyon gère les crèches quand le département s’occupe des assistantes maternelles. Les deux élus sont, en revanche, passés beaucoup plus vite sur l’un des plus gros budgets du conseil général : les collèges. Le Grand Lyon devrait en assumer la gestion et l’entretien.

2013 ou jamais

Les modalités d’application de la future loi spéciale pour la métropolisation du Grand Lyon sont encore floues. Les deux présidents ont prévu de créer une sorte de commission paritaire d’arbitrage chargée d’arbitrer les transferts de charge et de compétences. Parallèlement à ces travaux locaux, Gérard Collomb et Michel Mercier vont peser de tout leur poids au Sénat pour accélérer la procédure. “En juin 2013, il faut que ce soit terminée”, tranche Michel Mercier.

“Si on s’englue dans des débats, ça finira par ne jamais se faire”, poursuit Gérard Collomb. La suite des opérations suivra donc la logique autocratique qui a prévalu à son lancement. Aucun élu des deux assemblées concernées n’avait, en effet, participé aux négociations. Gérard Collomb a prévenu les conseillers généraux socialistes lundi soir mais aucunement ceux du Grand Lyon pourtant tout aussi concernés. Michel Mercier réunissait lui tous ses élus ce mardi midi pour une réunion qui tient plus de l’information que de la concertation.

Les deux barons disposant de relais parisiens motivés par la création d’une première euro-métropole en France et d’un leadership incontesté dans leurs assemblées respectives, l’affaire pourrait rapidement être entendue. Gérard Collomb veut aller vite pour créer la métropole lors des élections municipales de 2014. Les électeurs devraient, en effet, pouvoir élire leurs conseillers métropolitains. Sur les listes municipales, les noms des candidats au Grand Lyon seront fléchés. À défaut d’un vrai scrutin direct, les électeurs verront un peu plus clairement à qui ils confient le devenir de la toute-puissante métropole.

Collomb minimise les prêts toxiques de Mercier

Les vrais contours de l’accord politique entourant ce big-bang institutionnel entre Gérard Collomb et Michel Mercier jailliront de la commission chargée de trier ce qui relève du conseil général du Beaujolais ou du Grand Lyon. Michel Mercier a, toutefois, anticipé pour clarifier le devenir du musée des Confluences : “Le musée sera départemental jusqu’à ce que nous ayons fini de le payer et après il sera celui de Lyon et de la métropole”. Le musée doit être inauguré en 2014 mais si le débat sur le coût de construction a été nourri celui sur son coût de fonctionnement promet d’être encore plus compliqué. Pas sûr que dans les nouvelles compétences glanées par Gérard Collomb, le musée des Confluences soit la plus rentable.

En ce jour d’union amicale, le maire de Lyon et l’ancien ministre de la Justice ont témoigné d’une vraie solidarité. Interrogé sur les prêts toxiques du département, Gérard Collomb vole au secours de Michel Mercier. “C’est un problème qui se pose pour beaucoup de villes. D’autres dénonçaient ceux de la SACVL avant. Dans un mariage, il y a le meilleur et le pire”, plaide Gérard Collomb. Thierry Philip, maire du 3e et président du groupe PS au département, appréciera lui qui a fait de la mauvaise gestion financière de Michel Mercier son angle d’attaque au conseil général.

Entre les deux poids lourds de la politique lyonnaise, la paix des braves a été scellée sur l’autel de la métropolisation. Politiquement, le département est désormais coupé en deux. À Michel Mercier et ses mais centristes le nord du département, à Gérard Collomb le sud. Le président du conseil général vient de s’acheter la paix sociale jusqu’à la fin de son mandat. Thierry Philip et les socialistes devraient désormais se montrer moins concernés et plus conciliants.

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