Jean-Michel Aulas et "l'égalitarisme" du football français

(5-2). Assumant les insuffisances de son équipe, Jean-Michel Aulas, estime que le football français s'il souhaite rivaliser avec les grands clubs européens, doit se tourner vers l'élite et non l'égalitarisme.

De notre envoyé spécial à Barcelone

Comment analysez-vous cette défaite contre Barcelone ?

C'est une immense déception qui envahit le club et les joueurs. A ce stade de la compétition, les matches sont toujours très difficiles. Barcelone a une équipe formidable. L'OL n'a pas pu livrer le match souhaité, il y a eu un certain nombre de difficultés dès le début de la rencontre.

N'y a t-il pas une certaine frustration de voir l'écart qui existe entre l'OL et les autres grandes équipes européennes ?

Il y a effectivement un gros écart aujourd'hui non pas entre l'OL et les grosses écuries européennes mais entre le football français et les meilleurs des autres championnats. L'OL est le meilleur club français depuis dix ans. Et ceux qui tirent des bilans feraient bien d'interpeller les dirigeants du football français. Quand on a un état d'esprit non pas tourné vers l'élite mais vers un égalitarisme qui nécessairement rabaisse le niveau de tout le monde, on a obligatoirement ce qui est arrivé ce soir (mercredi). L'Espagne est tournée vers l'élite, elle a des lois fiscales pour garder ses joueurs, elle a des stades comme le Nou Camp que nous n'avons pas en France. On nous prive de financer de manière privée ce qui est indispensable pour nos stades. On veut faire démarrer le championnat le 25 juillet alors que les espagnols débutent le 29 août. Il faut analyser ce qui se fait de meilleur en Espagne ou en Angleterre pour s'en inspirer, et ne pas s'enfermer dans des idées obsolètes qui aujourd'hui ne permettent pas aux clubs français de jouer à armes égales. Même si c'est vrai que ce soir (mercredi), nous n'avons pas été très bons, mais le Barça était tellement fort qu'il faut s'interroger sur les raisons structurelles de cet écart.

Que pensez-vous d'un projet émis par un cabinet d'étude sur la mise en place d'une élite resserrée à 16 clubs, avec des play-offs ?

Je n'ai eu le temps de prendre connaissance de ce projet. Mais vous savez, c'est un état d'esprit. Quand vous voyez un certain nombre de joueurs de l'Olympique Lyonnais qui vont en équipe de France et se font siffler lors du match France-Argentine, on doit se poser un certain nombre de questions. Il faut aussi un moment donné mettre les atouts de notre côté. Je l'ai dit, ce sont les lois fiscales pour nos joueurs, c'est la construction de stades de grande qualité, c'est un état d'esprit qui est tourné vers l'élite et non pas vers les plus mauvais. C'est également la reconnaissance. Quand il y a un travail de fond qui est fait, il faut le reconnaître et ne pas jalouser ceux qui réussissent.

A la suite de cette élimination, la fin de saison risque d'être compliquée pour l'OL...

Vous savez, il faut s'interroger pour tous les clubs. La motivation pour Lyon d'être une nouvelle fois champion doit être bien supérieure à celle de ses concurrents. On va se remobiliser autour de cet immense objectif de gagner un huitième titre d'affilée, de participer à nouveau à cette Ligue des Champions qui est une compétition formidable. Il faut essayer d'être positif, ne pas baisser les bras. Il faut regarder devant. Nous avons le championnat à jouer, nous avons des joueurs de qualité. On peut ne pas réussir contre le Barça mais on peut néanmoins réussir dans le championnat de France et ça va être notre obsession d'ici la fin de saison.

Certes, mais il va falloir gérer un groupe qui est en sureffectif alors qu'il ne reste que onze matches de Ligue 1 à disputer...

Oui, mais sur toute la saison on a combattu sur plusieurs plans. Avec au contraire, un effectif qui était décimé par les blessures. Ca n'a jamais interpellé les médias. On a eu jusqu'à 7 à 8 blessés pendant toute la saison. Mais ceci étant, aujourd'hui, je suis heureux que mes joueurs reviennent mais c'est vrai qu'il nous reste qu'une seule compétition, avec un effectif pléthorique. Les meilleurs joueurs joueront et c'est sûr que ça peut poser un certain nombre de problèmes. Dans le football, il n y a pas que des solutions simples, il y a des situations qui sont complexes.

Propos recueillis par Razik Brikh

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