Malaise à la fédération PS du Rhône

Tiraillés sur l'accord national avec Europe Écologie entre le soutien à Gérard Collomb et le refus d'aller contre la volonté de la direction nationale du PS, la fédération du Rhône et certains de ses élus préfèrent se murer dans le silence.

Alors que François Hollande est de passage à Lyon ce vendredi pour participer au Forum Libération, la fédération socialiste du Rhône préfère se faire discrète depuis quelques heures. D'habitude prompts à répondre, des élus socialistes que nous avons contacté depuis jeudi ont préféré décliner nos invitations à disserter sur l'accord entre le Parti socialiste et Europe Écologie-Les Verts. En période agitée, la formation politique préfère la jouer profil bas. Ils attendaient que la providence se penche sur leur sort pour éviter de s'exprimer sur les difficultés locales engendrées par cet accord national. Il n'en sera rien. Certains élus socialistes avaient pourtant pointé deux échappatoires.

La première se déroulait le week-end dernier lors du conseil national d'Europe Écologie. Ils croisaient les doigts en se passant en boucle les propos de Gabriel Cohn-Bendit, frère de et grandeur penseur du rassembleur écologiste : "Les Verts sont capables du meilleur comme du pire ; mais c’est dans le pire qu’ils sont les meilleurs". Le pire espéré par les socialistes locaux, c'était leur science du bordel, leur imprévisibilité, leur capacité à envoyer valser l'accord national. Pour une fois, les élus d'Europe Écologie-Les Verts ont respecté un scénario qui semblait écrit d'avance : ils ont ratifié, à une large majorité, le pacte pour 2012 avec leur partenaire de gauche.

François Hollande n'intervient pas

Seule l'intervention divine de François Hollande d'ici au bureau national du PS pouvait infléchir l'accord signé avec les écolos. Le candidat socialiste malgré des appels du pieds, répétés et violents, de Gérard Collomb n'a pas bougé une oreille. "Gérard Collomb veut nous faire croire que c'est Martine Aubry qui était à la barre. Mais pour négocier cet accord, il n'y avait pas que Christophe Borgel (secrétaire en charge des élections et aubryiste, ndlr). Bruno Le Roux (partisan de François Hollande, ndlr) était là aussi", souligne un élu lyonnais. Après avoir espéré zapper l'examen de conscience, la fédération du Rhône doit désormais affronter la réalité : Philippe Meirieu va bien être candidat au nom de la gauche plurielle sur la 1ère circonscription du Rhône. Malgré un ultime coup de bluff de Thierry Braillard, François Hollande ne va pas s'immiscer dans le cas lyonnais.

Après avoir annoncé sur un réseau social que le candidat socialiste pour l'élection présidentielle le soutenait, Thierry Braillard a fait volte-face ce vendredi soir expliquant qu'il ne pouvait pas parler au nom du député de Corrèze. Durant la journée de vendredi, le passage de François Hollande à Lyon a permis une rencontre entre le candidat et son soutien le maire de Gérard Collomb. L'entrevue, d'après nos informations, a été émaillée d'éclats de voix. Plus tard, lors d'une conférence de presse, François Hollande affichera son soutien à Najat Vallaud-Belkacem, candidate face à l'UMP Dominique Perben sur la 4ème circonscription mais pas à Thierry Braillard.

La loi du silence

Après les menaces et le bluff, le PS local est donc dans l'impasse. Une situation qui n'enchante personne. "Je préfère ne pas évoquer le sujet, ma réponse serait langue de bois et je n'aime pas ça", confie une élue de la ville et soutien de François Hollande. Certes, la fédération ne veut pas ouvrir un boulevard aux écolos à Lyon mais de là à entrer en dissidence, il y a un pas qu'elle ne souhaite pas franchir. Gérard Collomb emmènera-t-il le PS lyonnais dans son sillage ? Pour l'heure difficile d'apporter une réponse tant les élus socialistes louvoient. Cécile Michaux, candidate battue lors des cantonales de mars dernier, publiait en début de semaine, un billet sur son blog pour marquer son désaccord avec Gérard Collomb. Elle prie désormais pour que les journalistes cessent de l'appeler. Elle refuse de revenir sur l'épisode et sa position courageuse et isolée. Hormis Nathalie Perrin-Gilbert et le premier cercle autour de Gérard Collomb personne n'adopte de position très tranchée.

Pour les autres, "courage fuyons" est devenue la rengaine officielle d'une fédération dont même Jacky Darne, le premier secrétaire fédéral, préfère attendre que l'orage soit passé. L'accalmie n'est pourtant pas en vue. Le passage de François Hollande à Lyon, ce vendredi, n'a pas clos l'épisode. Il ne se mouille personnellement ni pour Philippe Meirieu ni pour Thierry Braillard. Le jeu socialiste se rapproche, dans le Rhône, du grand écart : soutenir Gérard Collomb et l'accord national excepté une circonscription. Attachés à leur parti, ils redoutent l'entrée en dissidence. Elle rappellerait des épisodes que le PS ne veut pas remettre en lumière une année de présidentielle. Le dernier épisode d'une section se désolidarisant de la rue Solférino renvoie au cas Georges Frêche. Exclu du PS, le président de la région Languedoc-Roussillon décédé depuis, avait monté sa propre liste avec le soutien du PS local. Ses amis dissidents avaient été temporairement évincés du PS et la fédération de l'Héraut mise sous tutelle. Peu de socialistes l'avaient soutenu. Le premier à être venu soutenir le dissident n'était autre que Gérard Collomb.

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