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Le PS lyonnais face au cumul des mandats

Le débat relancé par la prise de position du maire de Lyon en faveur du cumul met un coup de projecteur sur les cumulards socialistes de l'agglomération. Nous avons demandé aux principaux élus PS de prendre position.

"Cumul des mandats, début d'un renouveau ?". En publiant ce mercredi un billet fustigeant la question du non-cumul des mandats, Gérard Collomb a relancé un débat qui semblait devoir se conclure cet été. Consultés en octobre dernier, les militants avaient tranché, prohibant le cumul entre une fonction de parlementaire et celle de membre d'un exécutif local. Jouant à nouveau la carte du baron local face au pouvoir parisien ici incarné par Martine Aubry, le maire de Lyon prend cependant le risque de mettre en exergue sa triple casquette de sénateur, maire et président de communauté urbaine. Et de stigmatiser les autres cumulards socialistes qui ne doivent pas lui dire merci.

Nous avons interrogé ses camarades socialistes : aucun ne lui emboite le pas pour promouvoir le cumul. Certains sont de farouches partisans d'une règle interne au PS, d'autres en appellent à une loi s'imposant à tous. Une façon de reporter sine die l'interdiction du cumul ?

Farouchement contre le cumul

  • Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne et vice-président au Grand Lyon

"Des intermittents du spectacle"

"Ca m'ulcère de voir ce débat relancé par Gérard Collomb, alors que j'ai mis en pratique cette règle en 2002 en ne sollicitant pas le renouvellement de mon mandat de député. Cette mesure s'impose encore plus aujourd'hui qu'hier. C'est la position très majoritaire des militants. Le billet de Gérard Collomb est un peu caricatural. Défendre le cumul, c'est une position d'arrière garde menée par ceux qui sont dans cette situation. Ce sont toujours les mêmes arguments éculés. Quand on décide de tout tout seul, bien sûr qu'il y a de l'efficacité. Mais dans quelle démocratie ? Et pour quelle gouvernance ? Même les monarques absolus étaient obligés de tenir compte de l'avis de leurs sujets. Chaque fois que l'on cumule, il y a un des mandats qui est sacrifié : le local est valorisé et le mandat national est sacrifié. Si on n'a que des intermittents du spectacle dans les assemblées, ça ne va pas".

  • Nathalie Perrin Gilbert, maire du 1er arrondissement et conseillère communautaire

"C'est alors le cabinet qui décide"

"Je suis tout à fait favorable à une mesure interdisant le cumul des mandats tel que l’a énoncée Martine Aubry. C’est une proposition qui devrait être adoptée depuis longtemps. Les militants nous interpellent régulièrement sur cette problématique. Nous pourrions retrouver de la crédibilité auprès des électeurs. Le cumul des mandats cadenasse les postes et bloque le renouvellement des figures du parti. La démocratie passe aussi par là, par un refus de cumuler plusieurs mandats sans les assumer. Le problème que soulève également le cumul des mandats, c’est la légitimité des décisions. Lorsque l’élu n’est pas présent, c’est son cabinet qui prend les décisions en son nom. Mais, ce ne sont pas eux qui ont été élus par les citoyens ! Sur ce sujet, M. Collomb a ses opinions et je ne partage pas du tout son analyse".

  • Pierre Alain Muet, député et conseiller communautaire

"Une exception française"

"J’ai toujours été pour le non cumul des mandats. Ce serait une réforme fondamentale garante de la démocratie. Aucun autre pays en Europe ne connaît ça : c’est une exception française. Quand j’ai été élu, je suis allé au bout des mandats que j’exerçais, mais je n’ai pas cherché à les prolonger. Multiplier ses fonctions, c’est forcément partager son temps. En se consacrant à un seul mandat, on peut l’exercer pleinement. Il faudrait une loi pour assurer le non cumul, et je suis sûr que le PS pourrait la proposer, si tant est que le PS soit majoritaire. Je n’ai pas lu les déclarations de Gérard Collomb sur son blog, mais je le comprends. Chacun défend ses positions".

Contre une règle PS, mais pour une loi

  • Jean-Louis Touraine, député et 1er adjoint

Attention à ne pas "se faire hara-kiri"

"Sur le principe, je me montre favorable à ce qu’il n’y ait pas un cumul excessif des mandats. Mais il est tout à fait possible d’avoir un mandat national et une présence dans un exécutif local, c’est même un réel atout pour comprendre les réalités du terrain. L'essentiel est de ne pas y avoir une place de toute première importance. Il faut savoir choisir un mandat principal. Mais l’erreur serait d’interdire le non cumul uniquement en interne, car ce serait se faire hara-kiri pour les prochaines élections. Il faudrait que tous les partis soient au même niveau. Et cela passe par une loi. A la prochaine alternance, le PS devra en faire voter une, comme il l’a fait pour la parité. A ce moment-là, des personnes aux multiples mandats comme M. Collomb, M. Queyranne ou moi-même seront amenés à réviser nos statuts. La position de Gérard Collomb en tant que sénateur et maire a largement permis de faire passer certains dossiers comme par exemple pour le Grand Stade, mais il y aura plus d’avantages à stopper le cumul des mandats. Néanmoins, je comprends totalement M. Collomb lorsqu’il défend le cumul. Ce n’est pas idiot. Lui arrive à le faire".

  • Thierry Philip, maire du 3e arrondissement, conseiller régional délégué et vice-président au Grand Lyon

"Eliminons ceux qui ne bossent pas"

"C'est un faux débat. Le vrai problème, ce sont les mandats non exercés. Et cela existe au PS. Commençons par éliminer ceux qui ne bossent pas avant d'em... ceux qui bossent ! Certains ont un mandat unique et ne l'exercent pas. Tout le monde est d'accord pour une loi. La seule question qui se pose, c'est "quand et comment". Est-ce opportun d'adopter cette position maintenant alors que les autres formations ne se l'imposent pas ? Cela devra être dans le programme de 2012 plutôt que de se tirer une balle dans le pied avant. Cela ne me choque pas qu'un député ou un sénateur ait un mandat unique car c'est une activité très prenante. Je cumule plusieurs mandats ? Je m'honore de tous les exercer. J'ai fourni un bilan de mandat à Jacky Darne".

  • Farida Boudaoud, adjointe au maire à Décines, vice-présidente au conseil régional

Quid du statut de l'élu ?

"Ce débat, il nous faut l'engager, ce n'est pas la droite qui le fera. Mais on ne peut pas le dissocier du statut de l'élu. Celui qui travaillé dans le privé et qui veut faire de la politique, c'est presque incompatible. Etre à 35 ans dirigeant d'entreprise et faire de la politique, il faut choisir. J'ai répondu favorablement à la question posée par le PS sur le non cumul. Mais il faut savoir qu'un parti comme le nôtre peut perdre des territoires s'il applique seul ce principe car il y a toujours une prime aux sortants. Comment renouveler nos élus sans pour autant se tirer une balle dans le pieds ? Sur la parité, le parti socialiste a imposé un quota de femmes en interne, puis nous avons fait adopter une loi peu après. Une loi sur le non-cumul est nécessaire. La position de Collomb ? Un certain nombre de choses ont vu le jour à Lyon parce qu'il est sénateur. Je ne conteste pas cette réalité. Par exemple le dossier du Lyon-Turin avance parce qu'on a des grands élus comme Jean-Jack Queyranne, Gérard Collomb ou Christiane Demontès. Mais demain la réalité peut être différente".

  • Jean-Michel Daclin, adjoint au maire, vice-président au Grand Lyon et conseiller général

"Analyser chaque situation"

"Le cumul des mandats est une problématique complexe qui mérite une approche plus fine. Répondre 'Oui je suis pour' ou 'Non je suis contre' dénoterait une pensée réductrice. Tout dépend des mandats qui sont évoqués et de l’importance des postes dans les exécutifs. Certains cumuls peuvent même être vertueux. Pour être un bon maire de grande ville, il est important d’avoir également un mandat national. Mais je pense qu’il faut étudier et analyser chaque situation".

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