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Euro-métropole : élus des villes contre élus des champs à la région Rhône-Alpes

Les conseillers régionaux ferraillent dur depuis qu'ils ont découvert dans la presse début décembre l'intention de Gérard Collomb de concentrer tous les pouvoirs sur le territoire du Grand Lyon (développement économique et transports en particulier). Ils sont quelques-uns toutefois à reconnaître le "coup de génie" du maire de Lyon, à l'instar de Jérôme Saffar élu grenoblois, président du groupe socialiste à la région.

@ Yvan Archenault

@ Yvan Archenault

Rien n'est encore fait, le projet de loi n'est même pas encore sorti du chapeau de Marylise Lebranchu que déjà les élus locaux s'interrogent. Y aura-t-il un jour, à l'instar des pôles de compétitivité, plusieurs euro-métropoles sur le territoire régional ?

"Si Lyon devient demain une euro-métropole avec des compétences élargies, il y a de fortes chances pour que les autres grandes villes s'en inspirent", affirme Jérôme Saffar, 1er adjoint à Grenoble, et conseiller régional, président du groupe socialiste. Grenoble ne cracherait pas dessus selon lui. Interrogé jeudi midi en marge de l'assemblée plénière à la région, il quittera dans quinze jours son siège de président du groupe pour "se consacrer à sa ville". On comprend mieux, dès lors, sa position par rapport à celle du président Queyranne.

"Pas d'inquiétude, pas de peur panique"

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Car même si officiellement, "il n'y pas d'inquiétude, pas de peur panique" à la Région selon l'entourage de Jean-Jack Queyranne, le président de Région se ronge les sangs concernant le projet d'Euro-métropole. Le projet de loi gouvernemental sur la décentralisation ne prévoyant parallèlement qu'une augmentation très réduite des compétences régionales (service public d'orientation, gestion des déchets et des lignes SNCF à faible trafic lui reviendraient). Queyranne a même pris la plume mi-décembre pour écrire à Marylise Lebranchu et à Jean-Marc Ayrault leur faisant part de sa réserve (lire ici).

Jérôme Saffar lui ne tarit pas d'éloges sur le "coup de maître" de Gérard Collomb. "Ce que l'on demande à tel ou tel maire, c'est bien de défendre son territoire. Et ce n'est pas une question de gloriole des uns ou des autres. C'est un coup magistral du maire de Lyon. En politique, il faut savoir décider. Ce qu'il a fait oblige tout le monde à bouger".

Mais "si chacun tire dans son coin, il existe un danger pour que les régions se retrouvent comme de grandes raquettes avec des trous au milieu", reconnaît l'élu. La preuve, des universitaires grenoblois se tourneraient actuellement vers lui pour savoir à quelle sauce ils seront mangés demain. "Il ne faudrait pas que Grand Lyon et Rhône-Alpes se retrouvent compétence contre compétence".

"Si on retombe dans la guerre Lyon – Grenoble ou Lyon - St E-ienne, il va y avoir des morts !"

"On ne fonctionne plus comme cela aujourd'hui", défend Michèle Eybalin, présidente de la commission environnement-santé à la région, élue dans la Drôme. "On essaie au contraire de fonctionner en transversal. Alors si chacun reprend son pré carré, on va reculer", s'inquiète la conseillère régionale socaliste. "Si on retombe dans la guerre Lyon – Grenoble, ou Lyon – St-Etienne, il va y avoir des morts, c'est sûr !" reconnaît Jérôme Saffar.

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Jean-Louis Gagnaire (photo ci-contre), élu à St-Etienne et vice-président à la Région chargé des affaires économiques, même s'il représente une grande ville est plus mesuré que son collègue Grenoblois. Il souhaite bien sur à sa ville de se développer mais plutôt sur le modèle d'un "réseau de villes" régional, avec chacune ses compétences propres pour ne pas faire doublon (le design à St-Etienne, le cinéma à Lyon, etc). La concurrence à tout crin ne le séduit guère. Le vice-président aux affaires économiques rappelle que Rhône-Alpes est 6e au classement des régions européennes, Lyon n'étant qu'"au delà du 24e rang". Lyon a besoin d'une région forte, selon lui.

"La Catalogne a permis à Barcelone de se développer, et non le contraire", affirme un proche conseiller du président. Jean-Louis Gagnaire cite en exemple les pôles de compétitivité. "Rhône-Alpes en a actuellement huit classés excellents, Lyon biopôle et Axelera ont leur siège à Lyon certes, mais leurs projets de recherche se développent sur toute la région. Un repli identitaire de Lyon serait une erreur. Qui trop embrasse, mal étreint", résume ainsi le vice-président.

Globalement, les élus régionaux préfèreraient que les compétences soient équitablement réparties entre région et euro-métropole. "Je ne crois pas que le contraire soit dans les intentions de Gérard Collomb, affirme Jean-Louis Gagnaire. De toute façon, il faudra qu'il y ait une loi, et que l'Assemblée et le sénat la votent", prévient l'élu qui est aussi député de la Loire. D'ici là, un débat sur les compétences régionales est prévu lors de la prochaine assemblée plénière à la région. Il s'annonce déjà animé.

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