Demain nous serons tous lyonnais

Un consensus général se déssine pour faire du Grand Lyon, la grande autorité de gouvernance qui supplanterait les communes.

Vieux pays paysan, la France est enfin en passe de reconnaître le fait métroplitain avec quelques années de retard sur ses voisins européens. L'expression elle-même de "fait métropolitain" illustre bien le constat qui s'impose à nous. La métropole est un fait têtu et évident auquel les responsables politiques doivent apporter des réponses concrètes. La mission du Sénat chargée de la réforme des collectivités locales était hier présente à Lyon pour se pencher sur la future organisation territoriale de la métropole lyonnaise. Cette mission est la riposte imaginée par le président du Sénat, Gérard Larcher, à la Commission Balladur mise sur pied par Nicolas Sarkozy pour réfléchir à la réforme territoriale. La chambre qui représente les collectivités locales voulant garder la main de façon à ne pas être prise de court sur des débats qui l'intéressent au premier chef.

Grand Lyon et Métropole
Aux côtés de sénateurs, les trois grands responsables politiques de la région (Gérard Collomb, Jean-Jack Queyranne et Michel Mercier) ont débattu de la future organisation de la métropole. Tutoiement de rigueur et bonne humeur de circonstances. Devant les caméras de Public Sénat, le débat était de bonne tenue. Tous sont d'accords sur au moins sur un point: supprimer le Conseil Général du Rhône sur le territoire du Grand Lyon qui de fait prendait l'ensemble des compétences du département. Le Conseil Général se retirant pour sa part au Nord-Ouest du département sur un territoire de 400 000 habitants. "C'est toujours plus que le Loir-et-Cher" dit Mercier. Gérard Collomb plaide pour un Grand Lyon élargi (1,5 million d'habitant contre les 1,3 million aujourd'hui), mais dont les frontières ne se confondrait pas complètement avec celle de le métropole (3 million d'habitants). Autrement dit, pas question d'absorber Saint-Etienne dans une même entité administrative. "Une métropole réussie ne doit pas être rejointe contrainte et forcée" a plaidé le président du Grand Lyon. En revanche, la gouvernance de la métropole s'étabirait sur trois piliers: la planification urbaine, les grands axes économiques et l'organisation des transports. Jean-Jack Queyranne souhaite pour sa part "qu'on expérimente les choses et qu'il ne faut pas tout figer dans la loi".

Disparition des communes
Le seul point de débat était le sort qui allait être réservé aux communes. Le Grand Lyon prenant la clause de compétences générales, nécessairement les communes disparaîtront en tant que collectivités territoriales. Leur rôle pourrait donc se limiter aux seules compétences de proximité déléguées par le Grand Lyon. "Soit on supprime les communes, soit on les garde en gardant la même architecture administrative" indiquait Mercier. Mais Queyranne alertait "sur la réalités d'identité ou simplement d'état-civil que représentent les communes". Si les communes disparaissent en tant que collectivité locale, alors les élus du Grand Lyon devront être élus au suffrage universel direct. De l'avis de tous les sénateurs de la mission, Lyon est très en avance sur les réflexions et les réponses à apporter au fait métropolitain. Tant et si bien que même Paris est en décalage.
Lyon référence de Paris
Dans un récent entretien aux Echos, Christian Blanc, le secrétaire d'Etat chargé du remodellement de la région capitale, citait Lyon à plusieurs reprises. Entre 2002 et 2007, la croissance de Paris "était de 2% par an, soit nettement moins forte que dans l'agglomùération lyonnaise (...) Nous sommes face à une sorte de gâchis". Un peu plus loin, esquissant comme une forme de regret: "Nous avons vécu sur nos acquis. Alors que Lyon et la région Rhône-Alpes se sont ouvertes aux réseaux internationaux en nouant des partenariats avec Barcelone, Milan ou le sud de l'Allemagne". Les quatre ou cinq grandes métropoles françaises (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux) sont engagées sur la voie d'une réorganisation territoriale qui verra le jour sans doute en 2014, mais n'ont pour le moment plus d'impôt pour se financer. Nicolas Sarkozy ayant annoncé la suppression de la taxe professionnelle en 2010. Conséquence: la réforme des collectivités locales ne pourra se faire sans réformer dans le même temps les finances locales.

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