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Comment Lyon a "acheté" la Coupe Davis

Pour accueillir l'Equipe de France de tennis, les collectivités doivent sortir le chéquier. Mais alors que la Région et le Département n'ont pas donné la moindre subvention, Gérard Collomb s'est refusé à verser autant que demandé. Pourtant, la bande à Forget est bien là...

Pour le monde sportif (et politique) lyonnais, c'était une priorité. Laver l'affront du départ du Grand Prix de Tennis de Lyon (GPTL) à Montpellier, en organisant la Coupe Davis. Un événement majeur pour les Lyonnais qui avaient eu la fierté d'accueillir la bande à Noah en 1991, laquelle avait triomphé d'Agassi et de Sampras. Depuis, la ville n'avait plus cherché à accueillir l'Equipe de France de tennis. Car les collectivités doivent faire acte de candidature. "Nous ne sollicitons jamais les villes", précise Christophe Fagniez, directeur de la compétition et des équipes de France à la Fédération française de tennis (FFT).

Collomb "n'a rien lâché"

Cette année, Gérard Collomb s'est personnellement impliqué. Et s'il a échoué le printemps dernier à recevoir le quart de finale contre l'Espagne, il "n'a rien lâché", selon les termes de son adjoint, Thierry Braillard. Et de son côté, la FFT était consciente d'une "attente forte" à Lyon. "La Ligue du Lyonnais se sent orpheline et on avait envie de lui envoyer un message positif", souligne Christophe Fagniez. Ce souhait a été appuyé par l'équipe : Guy Forget qui garde un souvenir ému de sa finale de 1991, l'entraîneur Lionel Roux, originaire de l'agglomération, et les joueurs qui ont tous joué au moins une fois au Palais des sports pour le GPTL.

Un ticket d'entrée de 300.000 à 400.000 euros

Pour ce faire, Lyon a dû surmonter un obstacle financier. L'événement coûte 1,2 millions d'euros. La FFT peut compter sur un chèque de la fédération internationale de tennis, de 150 000 euros. Le reste théoriquement lui incombe. En réalité, elle fait appel aux collectivités. "Le ticket d'entrée (ndlr : des subventions publiques) se situe entre 300.000 et 400.000 euros", estime Pierre Arvis, directeur général services chez GL Events. Or seul Gérard Collomb était prêt à mettre au pot, la Ville et le Grand Lyon avançant 200.000 euros. Jean-Jack Queyranne (Région) et Michel Mercier (Département) se sont refusés à mettre un seul euro."Jusqu'à présent, on a pourtant toujours eu le soutien de l'un, de l'autre ou des deux, dans les villes où l'on a organisé une rencontre", fait remarquer Christophe Fagniez.

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Le double chèque de GL Events

Or Collomb, s'il mettait à disposition gracieusement le Palais des Sports, se refusait à débourser plus. Ce sont donc des partenaires privés qui ont été mis à contribution. En particulier Gerflor qui s'occupe du revêtement au sol et plus encore GL Events chargé d'aménager les tribunes, de dresser le village VIP et de réaliser les supports de communication. Ils ont été priés de rogner sur leur devis. "On va travailler à peine à prix coûtant, assure Pierre Arvis. On gagne plus quand on organise la Coupe Davis ailleurs, comme à Clermont-Ferrand en juillet. Mais le groupe est lyonnais...".

Christophe Fagniez décrit un système de double chèque : d'un côté la FFT achète des prestations à GL Events, mais en retour, le groupe lyonnais a acquis nombre de places VIP à la FFT. Ces places VIP, plus chères que les réservations standards, constituent des packages que GL Events commercialise aux entreprises et qui comprend un apéritif dînatoire et un passage dans les coulisses. Comme pour le GPTL, la Coupe Davis est le cadre idoine pour le business, dans le fameux Village. 20 % des places vendues le sont aux entreprises. GL a donc activé ses réseaux pour en vendre un maximum. "Olivier Ginon connaît beaucoup d'entrepreneurs", soutient Pierre Arvis. De son côté, Gerflor reconnaît avoir acquis quelques dizaines de places. "Mais nous avons facturé notre prestation selon les mêmes conditions que n'importe quelle manche de la Coupe Davis", assure Aranud Challande, responsable communication de l'entreprise.

En réalité, GL Events et Gerflor n'ont pas seulement sorti le chéquier, ils ont aussi fait du lobbying. Olivier Ginon, le PDG de GL Events, connaît bien Gilbert Ysern, le directeur général de la FFT. "GL Events a joué un rôle clé dans la venue de la Coupe Davis à Lyon", reconnait-on à la FFT. Une implication qui traduit aussi les liens qui unissent la Ville et ce groupe de communication qui gère le Centre des Congrès de la Ville (Cité Internationale) via une délégation de service public.

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Quel bénéfice pour Lyon ?

Thierry Braillard

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La Ville et le Grand Lyon ont versé 200.000 euros à la Fédération française de tennis. Pour quel retour sur investissement ? "Pendant trois jours, on va parler de nous au niveau mondial", se réjouit Thierry Braillard, adjoint au maire en charge des Sports. Il est vrai que 200 journalistes se sont accrédités pour couvrir l'événement, dont 60 Argentins. "Ce sont des retombées très supérieures à un tournoi classique", assure Christophe Fagniez, directeur de la compétition et des équipes de France à la FFT. Selon lui, l'événement est beaucoup plus rentable pour la ville que feu le GPTL. D'abord par l'affiche qu'elle propose : ce sont les meilleurs joueurs des deux équipes (exceptés les blessés) qui sont présents. Pour que Gasquet, Nalbandian, Monfils ou Monaco s'alignent à Lyon pour l'ancien tournoi, il fallait avancer une coquette prime d'accueil. La demi-finale de Coupe Davis est-elle un événement semblable à un match de l'OL ? Selon l'office du tourisme, les retombées sont supérieures à une rencontre ordinaire de championnat, mais inférieures toutefois à un match de Ligue des Champions. "C'est intéressant de montrer qu'il n'y a pas que le foot pour participer au rayonnement de Lyon", souligne Thierry Braillard.

Il n'est pas seulement question d'image ou d'articles de presse. Lyon va aussi engranger des espèces sonnantes et trébuchantes, même s'il est difficile de les quantifier précisément. 2250 nuits ont été réservées pour l'organisation, sans compter les spectateurs, selon la FFT. Accor, de son côté, comptabilise 1200 nuitées. "Imprimeurs, taxis, traiteurs, GL Events... on fait travailler les entreprises locales", souligne Christophe Fagniez.

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