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Comment Rhône-Alpes va absorber l’Auvergne

Avec une population 5 fois supérieure, un PIB près de 6 fois plus important et 3 fois plus d’élus régionaux, Rhône-Alpes va accueillir une Auvergne qui ne pèsera pas lourd. Sa capitale sera à coup sûr entre Rhône et Saône. En revanche, cette fusion rebat les cartes électorales en vue des prochaines régionales.

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Le mariage est-il vraiment consenti ? Au lendemain de l'annonce du projet de fusion entre Rhône-Alpes et l'Auvergne, Jean-Jack Queyranne est ravi. "J'entends contribuer à l'entreprise de simplification des structures territoriales de notre pays", exprime-t-il, par voie de communiqué. Il souligne que des coopérations existent déjà entre les deux ensembles, "dans les domaines de la santé, des universités, de l'économie, que ce soit pour l'agroalimentaire ou la mécanique". C'est par exemple le cas de ViaMéca, le pôle de compétitivité dédié à la mécanique, ou du Cancéropôle, voué à la recherche médicale, qui associent déjà les deux territoires. "Il y a un équilibre régional, avec la vallée du Rhône au milieu. D'un côté le massif Central, de l'autre les Alpes", observe-t-il, esthète. L'A89 devient le trait d'union entre les deux entités, plaçant les deux capitales régionales à deux heures l'une de l'autre.

“L’heure n’est plus aux regrets”

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Le président de l'Auvergne René Souchon ne porte pas le même regard sur la géographie, lui qui avait plaidé pour un rapprochement de sa région avec le Limousin. "Ce qui me gêne, c'est que ça fera éclater la région à terme. Au moins un département demandera son rattachement à Midi-Pyrénées, le Cantal, peut-être deux (…) Vous ne pouvez pas avoir une région qui aille de Maurs-la-Jolie près de Figeac au tunnel du Mont-Blanc, où il faut 7h30, 8 heures pour y aller", a-t-il expliqué à nos confrères de France Bleu Pays-d'Auvergne (1). René Souchon ne s'opposera toutefois pas à la fusion : "L'heure n'est plus aux regrets", martèle-t-il.

Siège : Clermont devra s’effacer

@ lambert Segura

@ lambert Segura

L'absence de consentement mutuel cache un déséquilibre entre les deux mariés. D'un côté, Rhône-Alpes, ses 6,3 millions d'habitants et son PIB de 193 milliards d'euros. De l'autre, l'Auvergne, 1,3 million d'habitants et un PIB de 33,8 milliards d'euros. Dans les faits, on devrait donc assister à une absorption de l'Auvergne par Rhône-Alpes.

En attendant les prochaines élections, Jean-Jack Queyranne sera le chef de file naturel de la nouvelle entité, même s'il "n'entend pas exercer une centralisation des décisions depuis Lyon". Clermont-Ferrand, qui va inaugurer le 21 juin son nouveau hôtel de région, devra sans doute accepter que le siège de la nouvelle entité s'établisse à la Confluence lyonnaise, au cœur du nouveau territoire. Les assemblées plénières continueraient de se tenir à Lyon. Et pour cause, le conseil régional d'Auvergne est actuellement composé de 47 élus, contre 156 pour l'hémicycle rhônalpin. Jean-Jack Queyranne imagine que les commissions permanentes se réuniraient à Clermont. "On ne va pas faire le Parlement européen", sourit-il, proposant pourtant un fonctionnement analogue, entre deux sites.

Régionales : un match Queyranne/Hortefeux ?

L'Auvergne va-t-elle perdre des fonctionnaires régionaux, les directions migrant à Lyon ? Rien ne dit que la réforme se traduise par des économies d'effectifs, d'autant que la région héritera des compétences départementales. Les élus sont suspendus au 2e projet de loi, qui devrait apporter ces précisions.

"Pour réussir, il ne faudra pas jouer petit bras. Différer la disparition des conseils généraux laisse déjà craindre un renoncement devant les écueils", prévient Jean-Jack Queyranne. Il fait remarquer que cette région sera la 7e au niveau européen par son poids économique, mais concentrera "10 à 12 fois moins de ressources par habitant que les grandes régions allemandes, italiennes ou espagnoles".

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La nouvelle région ne connaîtra véritablement son envol qu'après 2015, quand les nouvelles compétences seront en train d'être transférées et avec un nouvel exécutif à sa tête. Jean-Jack Queyranne, qui ambitionnait d'être candidat à sa réélection, peut-il être contesté en Auvergne par un autre socialiste ? A priori, pas par René Souchon (71 ans), qui serait sur le départ. Si le PS devait l'emporter de nouveau, on imagine que le futur premier vice-président serait alors auvergnat. À droite, en revanche, le leadership naturel de Rhône-Alpes pourrait être contesté par Brice Hortefeux, déjà conseiller régional.

(1) Ce mardi après-midi, le Premier ministre, Manuel Valls, a expliqué aux députés que les départements n’auraient pas la possibilité de changer de région de rattachement.

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