“Monsieur Draoui, où sont les membres de Marie-Jeanne ?”

En 2011, le corps d’une lycéenne était retrouvé, démembré et calciné, sur les hauteurs de Tournon-sur-Rhône. Son meurtrier, condamné à 30 ans de prison fin 2014, vient d’écoper, en appel, de la réclusion criminelle à perpétuité.

C’était la veille de l’épreuve du bac de français. En ce 18 juin 2011, Marie-Jeanne Meyer, 17 ans, lycéenne brillante et pleine d’avenir, était partie faire un footing. Un footing dont elle ne reviendra jamais. Le surlendemain, son corps est découvert, démembré et calciné, dans une fosse sur les hauteurs de Tournon-sur-Rhône.

Rapidement, les enquêteurs soupçonnent Anthony Draoui, un marginal d’un an son aîné. En 2012, plus d’un an après les faits, le jeune homme – qui tentait de rejoindre Barcelone en train sous une fausse identité – est interpellé. Confondu par son ADN, il reconnaît alors le meurtre de Marie-Jeanne Meyer.

“Monsieur Draoui, où sont les bras et les jambes de Marie-Jeanne ?”

Après plus de 4 heures de délibéré, Anthony Draoui a été condamné, cette nuit, en appel à Nîmes, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans (30 années de réclusion criminelle avaient été prononcées, en première instance, par la cour d’assises de l’Ardèche).

"Je n'ai jamais vu un corps massacré comme celui-là !" confie à la presse maître Metaxas, l’avocat de la famille Meyer. Au vu des rapports d’expert, a minima 8 coups de couteau ont été assénés dans le cœur et le thorax de la jeune femme. Son crâne a été enfoncé et ses membres possiblement sectionnés, par la hache jetée dans la fosse avec la victime, d’après le parquet général. Une accusation qu’Anthony Draoui réfutera jusqu’au bout de son procès. "Mais alors, monsieur Draoui, où sont les membres de Marie-Jeanne ?" l’interpelle Me Metaxas durant sa plaidoirie.

"Le démembrement du corps n’est qu’une "hypothèse" envisagée par le médecin légiste et, surtout, un "fantasme" de l’avocat général !" rétorquera maître Riou, le défenseur de l’accusé. Et de souligner : "Ni le sang ni l’ADN de Marie-Jeanne n’ont été retrouvés sur la partie tranchante de la lame !"

Un véritable fauve

Pour expliquer le meurtre, Anthony raconte que Marie-Jeanne l’aurait suivi dans la montagne avant de lui refuser un baiser, puis deux. Le rejet de trop.

Né à Bron en 1992, le jeune homme a un passé chaotique. A Lyon, il vivra dans un centre d’hébergement du 115 puis sera placé en foyers et en familles d’accueil, notamment à Annonay. Sa mère, alcoolique, qui l’élève seule entre ses allers-retours en hôpitaux psychiatriques, est toxicomane et ancienne prostituée.

Pour Me Riou, ce passé et la relation avec sa mère expliquent précisément la violence d’Anthony. De multiples vols à l’arrachée de personnes âgées ou handicapées, une agression sexuelle à bord d’un TER Valence-Lyon et même l'incendie d’une école maternelle figurent à son casier judiciaire.

Pour l’avocat général, Christophe Raffin, en revanche, rien ne peut justifier le meurtre commis par Anthony. Et d’intimer aux jurés : "Ne tombez pas dans le panneau ! Tous les enfants de la DDASS ne finissent pas grands criminels !"

Interrogé par Lyon Capitale, le père de Marie-Jeanne disait espérer de ce nouveau procès, éprouvant pour sa famille, une peine encore plus sévère qu’en première instance. "M. Draoui ne s’exprime que par la violence. Il recommencera à tuer nécessairement !" nous confiait Jean-Philippe Meyer hier après-midi.

Une heure du matin, le verdict tombe. Réclusion criminelle à perpétuité. Conformément aux réquisitions du parquet général à l’encontre de celui qu’il qualifiait de "fauve", de "bourreau de Marie-Jeanne", la peine la plus sévère du Code pénal est prononcée. Abasourdi par le verdict, Anthony Draoui n'a prononcé aucun mot. Il a été immédiatement transféré sous escorte en maison d'arrêt et incarcéré.

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