Le mystérieux profil psychologique des évadés de Moulins

Qui sont les évadés de Moulins ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre l’expert psychiatre à la barre des assises du Rhône… sans vraiment y parvenir.

Qui sont les accusés dans cette affaire des évadés de Moulins ? C’est la question à laquelle le docteur Canterino, expert psychiatre, a tenté de répondre vendredi dernier à la barre des assises du Rhône. Le profil psychologique de Sylvie P. et Nadia K. est assez vite évoqué. Le médecin parle de deux femmes “immatures dans leurs relations avec les hommes” pour lesquelles un tel acte est expliqué par l’amour “adolescent” qu’elles portaient aux principaux accusés. “Comme le dit la chanson, les histoires d’amour finissent mal”, dira le juge, avec un sourire.

Pour le profil psychiatrique de Christophe K., les choses se corsent. Le médecin explique qu’il n’a pas vraiment pu obtenir d’informations à son sujet puisque l’accusé, bien que très poli, est resté sur la réserve tout au long de l’entretien. Il n’a donc rien pu déceler de particulier chez le principal accusé. Comme pour répondre, Christophe K. se lève : “Je vais vous dire quel est mon problème. C’est la prison, et je refuse d’y crever à petit feu.”

“Je paie ma dette à la société”

Eugène B. est le dernier à être entendu sur son dossier de personnalité. À l’époque des faits, il est détenu au centre pénitentiaire de Moulins et a une relation avec Nadia K., celle qui fera entrer les explosifs au sein de la prison.

Il déroule le fil d’une enfance privée de ses parents. De 5 à 17 ans, il est placé chez sa tante par décision de justice, ses parents étant incarcérés pour des faits de banditisme. “Ce n’est pas à cause de ce que j’ai vécu avec mes parents que j’ai fait ce que j’ai fait”, explique-t-il. Il tiendra cette position tout au long de son discours : il est le seul responsable de ce qui lui arrive.

Quand le juge lui parle de son placement, il explique qu’il se passait plutôt bien : “Je ne veux pas m’apitoyer sur mon sort, il y a pire.”

Selon lui, c’est vers 23 ans que ses ennuis avec la justice ont commencé. Devenu père, il enlève son fils, âgé d’un an, à sa compagne parce que celle-ci “vagabondait” et que cela ne lui plaisait pas. Condamné à quelques mois de prison, il en ressortira avec un profond désir de revanche et la volonté de réussir, “quoi qu’il en coûte”. Il se lance dans le commerce de haschich, ce qui l’amènera à une condamnation à 17 ans de prison pour trafic de stupéfiants et séquestration.

Lorsqu’on lui parle de son passé judiciaire, notamment de la séquestration d’un homme pour une histoire de dette, pour laquelle il a été condamné à 12 ans de prison, il explique : “J’accepte ma condamnation et je paie ma dette à la société.” Il ajoute tout de même qu’il n’y a pas eu mort d’homme. Cela fera réagir le juge : “Il s’agit de faits graves, cet homme a été torturé et a subi des sévices sexuels !” Son avocat lui conseillera alors de se taire.

L’émotion d’une compagne

Avant que ne débutent les plaidoiries des avocats des deux parties, une frêle jeune femme s’avance à la barre. Elle veut raconter son expérience de l’évasion et les conséquences sur sa vie de famille. Son compagnon a été l’un des deux gardiens pris en otage pendant 3 heures par Christophe K. et Omar T. Ces quelques heures seront interminables pour Mme V. et, quatre ans après, elle en parle encore avec une grande émotion. “J’attendais des nouvelles et je ne savais pas si mon fils allait encore avoir un père et moi un compagnon”, explique-t-elle d’une voix tremblante.

Encore aujourd’hui, les conséquences sont lourdes pour le couple : “Chaque jour, mon conjoint se pose des questions, il se sent coupable de ne rien avoir pu empêcher.” Dans le box des accusés, Christophe K. se lève, cherche des yeux le gardien dans la salle et lui dit : “Tu n’as pas à culpabiliser, j’étais armé, tu ne pouvais rien faire.”

Celle qui est toujours conseillère d’orientation au centre pénitencier ajoute, avant de quitter la barre : “La blessure est encore ouverte, mais les excuses nous aident.”

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