Assises : duel en robes noires

Neuf jours qui s'annoncent intenses.

C'est le procès criminel de la rentrée. Avec tous les ingrédients d'un bon thriller : un septuagénaire multimillionaire écrasé par un 4x4 sur une route perdue d'Espagne, une belle femme de 31 ans sa cadette, ex-flic et ex-call-girl, qui l'avait épousé à peine un an plus tôt, l'amant de cette dernière plus ou moins proxo et membre de l'Ordre de la Rose-Croix, un fils qui a des choses à dire et... deux brillants avocats qui s'engeulent.
Deux, car l'accusation a retenu deux chefs de culpabilité : la complicité d'assassinat pour Dominique Louis, la veuve, et l'assassinat pour Jean-Claude Vaze, l'amant. Sauf qu'aujourd'hui, les anciens tourtereaux se déchirent, s'accusant l'un l'autre d'être l'instigateur du plan machiavélique, chacun tentant d'échapper à la peine de réclusion criminelle à perpétuité. Et leurs deux avocats ne sont pas en reste, s'apostrophant par presse interposée.

Ecoutes téléphoniques et secret professionnel
Les escarmouches ont débuté il y a quelques mois lorsque Me François Saint-Pierre, conseil de l'amant, avait demandé que soient diffusées, lors du procès, des écoutes de la police qui établissaient que son confrère, Me Frédéric Doyez, défenseur de la veuve, avait eu des conversations téléphoniques avec le fils de cette dernière. Or, le fils, Olivier, est le principal témoin à charge de Jean-Claude Vaze (qui est aussi son père).
Le bâtonnier s'y était alors opposé, estimant que la demande portait atteinte au secret professionnel entre un avocat et les proches de son client. Qu'importe, la semaine dernière, dans Tribune de Lyon, Me Saint-Pierre a expliqué avoir réitéré sa demande auprès du président de la cour d'assises. Nous avons rencontré Me Doyez : " c'est blessant car c'est un peu une atteinte à mon honnêteté. Si, dans mes propos, j'avais d'une quelconque façon orienté la déclaration d'un témoin, (...) croyez-bien que les policiers l'auraient remarqué". Et d'attaquer, illico : " Saint-Pierre ferait mieux de parler de la défense de son client. Mais c'est peut-être pour lui une stratégie pour ne pas en parler, son dossier n'étant peut-être pas excellent. Ca me fait penser au président de la République qui annonce son divorce le jour où il y a une grève nationale ! ".
Place des Célestins, Me Saint-Pierre la joue acide : "moi, je suis très zen. La question n'est pas celle d'alimenter une querelle personnelle. La question c'est que la cour d'assises puisse juger en toute connaissance de cause. On ne va pas s'arrêter à des questions de convention de petit milieu professionnel local. Le corporatisme dans le monde judiciaire, je sais bien que c'est important, moi ça ne m'arrête pas. La question est toute entière si oui ou non ce témoin (le fils, ndlr) dit la vérité. On ira au fond des choses ".

* meurtre avec préméditation, puni de la réclusion criminelle à perpétuité.

> Le procès de Dominique Louis et de Jean-Louis Vaze se tient à la cour d'assises du Rhône (2, rue de la Bombarde, 5e), du mardi 22 janvier au vendredi 1er février. Les audiences, publiques, débutent à 9h30.

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