Procès alentin
©Tim Douet

Affaire Chronopost : les enquêteurs à la barre

En mars 2010, plus de 2 millions d’euros de marchandises étaient dérobés dans un entrepôt Chronopost à Décines par des braqueurs forcenés. Le deuxième jour du procès des auteurs présumés était consacré aux témoignages des enquêteurs.

Sans empreintes ni témoins de leur présence sur les lieux du crime que reste-t-il à l’accusation pour imputer à Yohan Greco et Nasser Troudi le braquage de 2 068 065 euros de marchandises dans un entrepôt Chronopost de Décines ? Pas grand-chose, si ce n’est la bonne parole des policiers venus témoigner vendredi devant la cour d’assises.

Une accusation fondée exclusivement sur les déclarations policières

Tout au long de la journée, commandants, commissaires et autres brigadiers-chefs ont défilé à la barre pour attester, sous serment, de la présence effective des accusés à bord des véhicules volés utilisés lors du braquage du 29 mars 2010.

"Une paire d’yeux ne suffit pas pour envoyer un homme en prison !" interpelle Me Chiche, s’adressant au policier à la barre qui déclare "avoir vu" Yohan Greco sortir, puis rentrer dans un box de stationnement la Porsche Cayenne utilisée pour le braquage. "Où sont les photographies et bandes de vidéosurveillance censées corroborer vos allégations ?" poursuit l’auxiliaire de justice. Silence gêné de l’officier de police judiciaire. "Mon service ne dispose que d’un seul appareil photographique pour sept enquêteurs (…) les surveillances de nuit imposent l’utilisation de flashs qui, à coup sûr, auraient trahi la présence de mes hommes !" tente de justifier Thierry Sabot, directeur de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) à l’époque des faits. "La captation d’images n’est effectivement pas toujours possible", renchérit l’avocat général, Jean-Paul Gandolière.

Des investigations lacunaires pointées par la défense

"Vos déclarations ne sont retranscrites dans aucun procès-verbal joint à la procédure !" s’agace Me Charle, défenseur de Nasser Troudi, après la déposition d’un enquêteur accablant son client. Le policier assure pourtant que l’accusé conduisait bien le véhicule utilisé lors des repérages et du transport des colis volés lors du braquage (498 colis Chronopost contenant montres, chèques-cadeaux et téléphones portables).

À la fin de l’audience, on apprendra que des "traces" ont été laissées chez le propriétaire de la Porsche Cayenne par les voleurs. Qu’à l’époque ces mêmes "traces", probablement dues à la chute d’un homme, ont été prélevées par la Gendarmerie et analysées. Pour autant, aucun résultat n’a été joint au dossier. Ces analyses, qui auraient – à coup sûr – confondu les voleurs, n’y sont d’ailleurs même pas évoquées.

"À l’époque, nous manquions d’effectifs. La BRI se composait de 25 agents déjà chargés de l’élucidation de 14 braquages lorsque est survenue l’attaque de l’entrepôt Chronopost !" expliquera un autre policier, directement interrogé par le président de la cour. (Entre fin 2009 et début 2010, on recensait effectivement 14 braquages de bijouteries et sociétés de métaux précieux dans la région lyonnaise.)

Aujourd’hui, la cour s’intéressera à la personnalité des accusés dont les proches (femme, fille et compagne) défileront à la barre pour en dresser subjectivement le portrait.

Les seules déclarations des enquêteurs, certes, tous officiers de police judiciaire et assermentés, suffiront-elles à emporter la culpabilité de Yohan Greco et Nasser Troudi à qui l’on impute le crime de vol avec armes en bande organisée ?

Le verdict est attendu mercredi dans la soirée.

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