Silver Mt Zion Memorial
© Yannick Grandmont

Le bouillonnant rock de Montréal opus 2: Thee Silver Mt Zion

Depuis maintenant près d’une décennie, Montréal est devenu l’une des capitales rock du monde libre. Après Pierre Lapointe, deuxième illustration ce mois-ci à Lyon avec les ténébreux post-rockeurs de Thee Silver Mt Zion. Leur point commun : ne rien faire comme tout le monde.

À quelques jours d’intervalle, ce sont deux faces du rock montréalais qui sont présentées à Lyon : après le facétieux chanteur-crooner-chansonnier-punk Pierre Lapointe, voici les ténébreux post-rockeurs (même s’ils détestent ce qualificatif) d’A Silver Mt Zion – ou Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra, plus communément appelé Silver Mt Zion.

La récréation de l’Emperor

A priori, la troupe du christique Efrim Menuck – formée par icelui comme activité récréative à son implication dans le monstre Godspeed You! Black Emperor – et le bondissant Pierre n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est leur implantation géographique. À ceci près qu’ils sont l’un et l’autre les enfants du bouillonnement musical qui a toujours agité cette ville mais qui porte aujourd’hui de bons gros fruits : Arcade Fire, The Dears, Suuns, Tim Hecker, The Luyas, Grimes, les pensionnaires du label Constellation.

En 2005, le magazine de référence Spin s’intéressait de près au phénomène en publiant un dossier intitulé “The Next Big Scene : Montreal”. Et arguant que la richesse et la vigueur musicale de Montréal viendraient directement d’une aspiration au mélange de genres – symbolisée notamment par le Festival international de jazz de Montréal (qui n’a d’exclusivement jazz que son intitulé) et le Pop Festival qui, au-delà des têtes d’affiche proposées, joue un énorme rôle de défricheur –, d’une vision quasi communautaire (au sens positif du terme) de la pratique artistique et d’un rejet des frontières entre ce qui est in et ce qui est out.

Anti-système

À Montréal, on peut regarder le succès dans les yeux sans jamais avoir à baisser le regard (cf. Pierre Lapointe). On peut aussi choisir de lui tourner le dos, partir en courant dans l’autre direction et pour autant se faire rattraper. Ainsi, chez Constellation et donc chez Silver Mt Zion, militant artistique et politique, on a fait du rejet du système et du business une question d’éthique, quasiment de vie ou de mort. On a conquis sa liberté musicale – des morceaux qui semblent avoir une vie propre –, l’indépendance totale de l’autogestion et dans le même temps un public indéfectible et fervent qui – comme le directioner ou le belieber moyen, ou presque – serait prêt à brûler ses fringues ou se couper un membre pour ne pas louper une de ces prestations dont le groupe sait entretenir la sainte rareté. Différentes causes mêmes effets, ce pourrait être la devise sur le mont Royal.

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Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra. Mardi 18 février à 20h30, à l’Épicerie Moderne, place René-Lescot, Feyzin.

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Cet article est un extrait du cahier Culture de Lyon Capitale 730 (février 2014), en vente en kiosques jusqu’au 27 février, et dans notre boutique en ligne.

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