Hot Rod d'Akiva Schaffer

Mais comme Rod tient plus de Pierre Richard que de L'Homme qui tombe à pic, la route est longue et les beignes pleuvent.

La comédie sportivo-burlesque américaine est devenue un sous-genre très prolifique, rejeton parodique de la très sérieuse tradition du film de sport US à laquelle les plus grands se sont essayés avec succès (Raging Bull de Martin Scorsese, Ali de Michael Mann, L'Enfer du Dimanche d'Oliver Stone, He Got Game de Spike Lee). Ici la formule est simple : un sportif loser et/ou une équipe de bras cassés tentent de gagner par tous les moyens. Le problème étant qu'ils n'en ont guère, de moyens. Mais en teintant de donquichotisme l'obsession US pour l'exploit sportif, ce sous-genre en dit aussi très long sur la vanité et la vacuité du culte américain de la gagne. Dans Hot Rod, c'est le jeune Andy Samberg, transfuge du vivier comique du Saturday Night Live, qui se colle une fausse moustache (à son grand dam, Rod est imberbe) pour encaisser les gnons. Samberg est parfait en pantin caoutchouteux qui tente, et rate, les cascades les plus folles sur une vieille mob' pourrie, encouragé par une bande de potes visiblement issus de plusieurs générations de mariages consanguins. Pour Rod, dont la vie n'est qu'une suite de viandages monumentaux, il s'agit à la fois d'être à la hauteur de feu son père biologique, qu'il croiît être une légende de la cascade, et de récolter les fonds suffisants pour sauver la vie de son beau-père cardiaque. Une fois celui-ci rétabli, Rod pourra réaliser son rêve ultime : lui casser la gueule à la loyale dans une de leur sempiternelle séance de lutte virile. Car pour Rod, au-delà de la quête de records, il s'agit surtout de tuer le père, et le beau-père, pour devenir enfin l'homme de la famille. Bref si Hot Rod c'est un peu "Pierre Richard chez Jack-Ass", c'est aussi "Œdipe chez les rednecks" ou Freud sur une vieille meule lancée à toute allure contre un bus. Une salvatrice thérapie par le rire.

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