Cash

Comédie. France. 1h40

Cash, arnaqueur professionnel, a décidé de venger son frère Solal, à qui l'exercice de cette profession a coûté la vie. Pour cela, Cash met au point une de ces arnaques de haut-vol dont il a le secret. Mais l'adversaire étant de taille, Cash et ses amis se sont peut-être attaqués à plus fort qu'eux... Reste à savoir qui sera le pigeon...

Alors que George Clooney continue son entreprise de careygrantisation dans Jeux de dupes, Jean Dujardin, lui, profite de Ca$h pour faire son Clooney sur le mode Ocean's Eleven. L'histoire de ce film d'arnaque est simple, c'est-à-dire compliquée au possible : chacun se retrouve tour à tour arnaqueur-arnaqué puis arnaqué-arnaqueur et vice versa, dans un remake jet-set de " L'Arroseur arrosé fait un braquage ". Ca$h n'est plus un film à tiroir, c'est carrément les archives du rebondissement. Mais malgré ses virages permanents et ses fausses pistes, ou peut-être à cause d'eux, l'intrigue devient infiniment prévisible. On décroche alors d'autant plus volontiers qu'on devine que de cet alambic scénaristique sortira un dénouement on ne peut plus limpide. Car chaque situation de Ca$h, agréable divertissement au demeurant, semble avoir déjà été vue 1000 fois. C'est peut-être, ce qui le rend d'ailleurs si attachant : Ca$h fleure bon les grandes heures du cinéma du dimanche soir affalé devant un Belmondo " à l'Américaine ". Un sentiment renforcé par la " seventisation " du film (BO vintage un rien crispante, split screens inutiles sinon pour faire genre), véritable maladie du moment d'un cinéma français d'action nostalgique de son âge d'or mais incapable de se réinventer. Et tandis que chacun cultive son registre jusqu'à l'excès, (Taglioni traverse le film comme un podium, Berléand bougonne, Reno cabotine froidement), Dujardin, à grand renfort d'œillades et de sourires en coin désinvoltes, peine à donner de l'épaisseur à son personnage. L'acteur bankable du moment est visiblement plus à l'aise avec ce second degré qui le fait exceller dans OSS 117. Car on n'a même pas ici affaire à un pastiche à la OSS. Le film ambitionne de ressembler à ses modèles américains, ce qui est louable, mais sans jamais y parvenir en dépit de quelques séquences efficaces. Au début du film, Dujardin/Cash, faute de pouvoir fournir à ses clients des faux billets de qualité, leur présente un échantillon de vrais billets (des " faux " faux billets donc). Eric Besnard tente de la même façon de nous faire goûter à son film en nous le présentant dans un écrin hollywoodien d'acteurs, de décors et de situations qui ont la couleur d'Ocean's Eleven ou d'autres classiques du gangstérisme classe (L'Arnaque, L'Affaire Thomas Crown). Mais s'il reste un faussaire acceptable, Besnard manque d'un certain panache pour faire de nous de parfaits pigeons.

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