L’Empereur d’Atlantis ou la grève de la mort

L’Opéra de Lyon et le théâtre de la Croix-Rousse nous invitent à une nouvelle production: L’Empereur d’Atlantis, composé par Viktor Ullmann, alors en détention au camp de Terezín – une fable morbide et allégorique. À la mise en scène : Richard Brunel.

Voilà des années qu’on n’a pas vu l’empereur Overall d’Atlantis ; il s’est enfermé dans son palais gigantesque, seul, afin de mieux gouverner. À la manière d’un docteur Folamour, de son bunker il déclare la guerre totale, celle qui décimera son peuple. La Mort, pour sa part, n’a pas vu les choses ainsi et refuse de collaborer. Accordant l’immortalité aux sujets, elle rend vaine la croisade de l’empereur : les soldats s’affrontent, mais tuer devient impossible... ils redécouvrent l’amour. Pour autant, la vie a-t-elle un sens sans sa Némésis la mort ? La Mort acceptera donc de se remettre à l’ouvrage, à la condition du sacrifice de l’empereur, qui s’offrira comme première victime...

Composé en 1943 au camp de Terezín, où Viktor Ullmann est alors détenu, L’Empereur d’Atlantis est une fable cruelle qui dénonce le pouvoir totalitaire. Au camp de transit de Theresienstadt, la musique est tolérée, voire encouragée dans le but d’en faire un instrument de manipulation des déportés et de propagande pour l’extérieur. Ulmann compose pour les musiciens présents à ses côtés, tour à tour déportés, du librettiste au chef d’orchestre, mais l’œuvre survit au cauchemar.

Une œuvre brûlante, composée en “temps réel” depuis l’enfer mais ayant recours au grotesque, à la dérision accentuant ainsi son côté grinçant. Sept solistes – l’empereur, la Mort, le Tambour, le Haut-Parleur, un soldat, une fille et Arlequin –, comme autant d’allégories, donnent la réplique à un petit ensemble instrumental non conventionnel de treize musiciens (dont un piano, un orgue, un clavecin, un saxophone et un banjo). À la manière d’un Kurt Weill, la partition oscille entre musique savante et populaire, on a même le droit à un hymne allemand de toute beauté...

Nouvelle production de l’Opéra de Lyon et du théâtre de la Croix-Rousse, L’Empereur d’Atlantis est une curiosité qui ne manquera pas de stimuler notre excitation. La mise en scène en a été confiée à Richard Brunel, actuel directeur de la Comédie de Valence/centre dramatique national Drôme-Ardèche. La direction musicale sera quant à elle assurée par le talentueux Jean-Michaël Lavoie, un jeune chef québécois qui semble entretenir certaines accointances avec le répertoire moderne et contemporain.

L’Empereur d’Atlantis. Du 12 au 16 février à 20h et le 17 à 15h, au théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4e).

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