Chorégraphie d’Australie à l’Opéra de Lyon

Tandis qu’une danse australienne émerge, l’Opéra de Lyon programme deux chorégraphes inconnus en France, Lucy Guerin et Lee Serle, venus créer spécialement pour le ballet. Sans oublier de nous proposer un des plus grands chefs-d’œuvre de William Forsythe.

Affiliée à la post modern dance, Lucy Guerin, chorégraphe quinquagénaire, est basée à Melbourne où elle mène un travail autour de la redéfinition des formes de la danse. Son approche expérimentale intègre à la gestuelle la voix, le son, la vidéo, le texte et l’exploration des structures physiques.

Sa création Black Box part de l’idée d’une boîte noire qui révèle et cache successivement les danseurs sur scène, en contrôlant l’espace, la lumière et les mouvements du spectacle. Une idée qui lui est venue alors qu’elle était à Bombay, imaginant cette boîte comme un refuge face au flux d’informations qui l’envahissait : les bruits de la ville, sa violence, sa pauvreté mais aussi sa beauté. Un univers troublant qui ne pouvait la maintenir dehors longtemps et l’incitait à revenir à l’intérieur. Devenue sanctuaire, cette boîte détermine, pour la chorégraphe, notre capacité à vivre ce qui se trouve à l’extérieur. En leur imposant des limites spatiales et mentales, elle amène les danseurs du ballet vers un travail physique important, les met à l’épreuve de leurs réactions et sollicite leur capacité à réagir.

Plus jeune (31 ans), interprète régulier de Lucy Guerin, qualifié d’espoir de la danse contemporaine australienne, Lee Serle se situe avec la fluidité de sa danse dans la lignée de Trisha Brown, avec laquelle il dansa. Pour Sync, il a puisé son inspiration de départ dans le phénomène de synchronisme, c’est-à-dire comment deux mouvements, deux actions – ou plus – dans le réel, sans rapport apparent, peuvent-ils se produire, par hasard, simultanément ? L’objet de cette pièce consiste à mettre en scène les mécanismes de la scène (son, lumière, décor), qui eux-mêmes bougent, et les corps des danseurs. Ceci de manière synchronisée puis désynchronisée.

Forsythe : le maître absolu

Ce programme de l’Opéra nous propose également une pièce qui à elle seule exige que l’on s’y déplace : One Flat Thing, Reproduced de William Forsythe, chef-d’œuvre de la danse contemporaine, inscrite depuis 2004 au répertoire du ballet, qui l’interprète magistralement. Elle est construite tel un parcours sauvage au milieu de vingt tables propulsées sur scène, qui provoquent une écriture intense et tumultueuse. Quatorze interprètes cherchent la danse sur leurs surfaces mais aussi dans les espaces qui les séparent, dessous, sur les bords. Au milieu de ces obstacles qui sont aussi des alliés, la danse de Forsythe explore d’autres mouvements, donne à voir les corps de manière parcellaire, des corps contraints ou qui surgissent, et invente une écriture hors de nos champs visuels habituels.

Aux passionnés de cette création, est recommandée la lecture du DVD réalisé par Thierry de Mey (édité chez MK2) qui, par des cadrages originaux – notamment celui des caméras au-dessus des danseurs – nous fait rentrer à l’intérieur de la chorégraphie et appréhender la danse et les corps avec des angles de vision inédits. Une immersion haletante dans l’univers du chorégraphe.

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Guerin, Serle et Forsythe. Du 28 mai au 1er juin à 20h30, à l’Opéra de Lyon.

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