Un à trois mois avec sursis requis contre les manifestants de Biovision

Le procureur requiert un mois de prison avec sursis pour Timothée, trois mois pour ses deux camarades. Verdict le 24 avril à 14 heures.

Quatre heures d'audience. Trois étudiants accusés, six policiers partie civile, deux témoins, des vidéos et des photos. Mais deux versions contradictoires au coeur des débats.
Le rassemblement contre le forum biovision, et plus particulièrement contre la venue de Valérie Pécresse, le 9 mars dernier, a dégenéré. Alors que tout se passe dans le calme, la fin de la manifestation part en échauffourées entre policiers et manifestants. Bilan : deux personnes blessées, trois interpellations.
Dans la salle bondée du Palais de Justice, les parents et grands-parents des prévenus assistent à l'audience. Les proches et sympathisants ne sont pas loin derrière.
Malgré les vidéos, le flou subsiste

A la barre, les trois étudiants ont expliqué, chacun à leur tour, leur version des faits. Quand la manifestation dégénère, Christophe aide une jeune fille qui est à terre, en train de se faire piétiner. Puis il part en courant, dans le Parc de la Tête d'Or. Il est alors plaqué au sol dans sa course par un policier, rejoint par d'autres collègues. Ceux-ci maintiennent Christophe au sol : 'J'avais la respiration coupée. Je leur ait fait comprendre, mais à ce moment-là, on m'a plaqué une main sur le visage pour m'empêcher de respirer', affirme le jeune homme.

Mais, pour les policiers, la version est tout autre. Après qu'il ait lancé une pierre sur les forces de l'ordre, un policier attrape Christophe. Celui-ci se débat avec virulence, parvient à s'échapper. Il est alors coursé par ce policier, et rattrapé. Voyant leur collègue en difficulté, d'autres policiers viennent l'aider.

Puis tout s'enchaine. Timothée, ami de Christophe, veut sortir son camarade d'affaire. Il le saisit par le bras, dans le but de l'extirper des mains des forces de l'ordre. Mais il est à son tour interpellé, non sans heurts d'après la police, très calmement selon l'étudiant. C'est à ce moment-là que le troisième manifestant, Alexandre, intervient. Il voit ses camarades aux prises avec la police, et lance alors des pierres 'pour détourner l'attention'. A la barre, le jeune homme a concèdé que ce n'était pas judicieux, mais le seul moyen qu'il ait trouvé. Quand le juge lui a demandé quelle était la taille des pierres, Alexandre a rétorqué, une once d'ironie dans la voix : 'A peu près comme des balles de flashball'.

Quant aux deux témoins de la défense, ils se trouvaient à la manifestation. Un professeur de sociologie a indiqué qu'il a vu des jets de pierres, mais seulement après le 'matraquage'. Le second témoin, étudiant, est l'auteur des vidéos (deux vidéos ont été filmées pendant la manifestation, mais n'ont semble-t-il pas permis de faire toute la lumière sur l'affaire). Le vidéaste amateur aurait entendu les policiers, parlant de Christophe et Timothée, s'interroger de savoir qui porterait le chapeau pour les jets de pierres.

'C'est quand même pas l'affaire du siècle, sortons de ce dossier'

Après 4 heures de témoignages et récits, l'audience n'avance pas beaucoup. Chaque partie campe sur ses positions. Même si Alexandre a avoué avoir jeté des pierres, c'est sur son interpellation qu'il nie la version de la police. Christophe et Timothée nient eux-aussi les coups qu'ils auraient portés. Christophe accuse les forces de l'ordre de mauvais traitements (Il a subi en tout cinq jours d'incapacité temporaire de travail).

Le procureur, de son côté, entend bien 'faire appliquer la loi'. Pour lui, pas de doute, les trois sont coupables des faits qui leur sont reprochés. Le juge, pas très bavard, estime juste que ce n'est 'pas l'affaire du siècle'. Les prévenus seront fixés sur leur sort le 24 avril prochain.

En marge de ce procès, un étudiant hospitalisé suite à la manifestation du 9 mars pour 'traumatisme crânien' vient de porter plainte contre des policiers.

Annie-Laurence Ferrero

Photo : Fle-ur

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