Manifestation Ukraine 26 janvier 2014
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Ukraine : "J'ai dû acheter un gilet pare-balles en ligne"

Depuis de nombreux mois, l’Ukraine est plongée dans une crise profonde, tiraillée par une guerre civile entre rebelles pro-russes et forces militaires gouvernementales. A Lyon, la communauté ukrainienne s’active pour informer les gens de la situation et tente, à son niveau, de venir en aide aux populations sur place.

Manifestation en soutien au peuple ukrainien, place Antonin Poncet, le 26 janvier 2014.

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Leurs voix sont graves, tremblent même parfois. Leurs regards, eux, se perdent souvent dans le vide quand ils ne laissent pas apparaître quelques larmes. Au moment d’évoquer la situation dans leur pays, les membres de la communauté ukrainienne de Lyon affichent tristesse et inquiétude pour leurs proches sur place. Ce sentiment dure depuis plusieurs mois, depuis que les velléités séparatistes se sont fait entendre en Crimée et dans l’Est de l’Ukraine.

Un sentiment de peur, d’abord. Ivana Mosnitska habite Lyon depuis quatre ans. Elle a appris il y a quelques jours que son frère, officier militaire, était mobilisé pour se rendre à Donetsk aux côtés des forces gouvernementales. "L’armée n’a pas les moyens de leur fournir du matériel de protection. J’ai dû chercher sur Internet pour lui acheter un gilet pare-balles. Bien que ma famille habite dans l’Ouest du pays, on connaît tous quelqu’un qui subit la guerre à l’Est".

Des points de vue qui divergent

Mykola Cuzin ()

Jeremy Jeantet

Un sentiment de colère ensuite, face aux informations relayées, jugées trop complaisantes avec la Russie. Mykola Cuzin, président de l’association Ukraine 33 et du comité de défense de la démocratie en Ukraine affirme que "s’il y avait un vrai soutien pro-russe à l’Est du pays, les choses se passeraient différemment".

Ivana avoue ne pas comprendre certaines prises de positions, ici, en France. En cause, un rassemblement tenu par la section de Vénissieux du PCF le 12 juillet dernier place Bellecour. Le parti communiste appelait à la paix en Ukraine, dénonçant "les néonazis au pouvoir à Kiev et la complicité de l’OTAN". Référence à la présence de membres du parti d’extrême-droite Svoboda dans les rangs de l’ancienne coalition gouvernementale. La section locale du PCF s’explique : "Nous condamnons le fait que, sur la place Maïdan, il y avait des personnes issues de mouvements d’extrême droite, dont les représentants ont par la suite intégré le gouvernement ukrainien. Si cela se passait dans d’autres pays, on dénoncerait ce pouvoir. Mais là on laisse faire, en France comme en Europe, sous l’influence des Etats-Unis. Pendant ce temps, une population qui n’a rien demandé se retrouve sous les bombes".

Tout faire pour aider les populations sur place

Si les lectures géopolitiques divergent, tous se rassemblent pour affirmer que les premières victimes sont les populations civiles qui subissent de plein fouet ce conflit. Depuis Lyon, les membres de la communauté ukrainienne tentent de leur venir en aide. Mykola intervient dans des conférences et des colloques. Ivana est à l’origine d’une manifestation de soutien au peuple ukrainien qui s’est déroulée le dimanche 16 mars place Bellecour. Ils participent à des récoltes de fonds pour acheter du matériel médical ou aident à traduire des dossiers médicaux de patients qui viennent se faire soigner en France.

Ivana espère avoir l’occasion de retourner dans sa famille avant que son frère ne parte en mission. Elle souhaite en profiter pour se rendre à l’Est. "J’ai envie de voir ce qu’il se passe de mes propres yeux. C’est difficile d’être si loin quand il y a la guerre dans son pays".

A l’occasion de la fête des bannières du mois de juin dernier, Ivana et Mykola ont organisé la venue de la chorale dans laquelle chante la mère d’Ivana. L’objectif : "montrer un autre visage de l’Ukraine que celui de la guerre".

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