Patrons et jeunes, égaux dans l'effort

Une randonnée de trois jours réunissant 10 jeunes en voie d'insertion professionnelle et 10 chefs d'entreprises, c'est le projet qu'ont mis en place la Préfecture du Rhône, le Medef et la PJJ. L'occasion des briser les préjugés et d'établir une relation d'égal à égal.

L'enthousiasme est palpable sous les dorures du grand salon de la préfecture. Ce mardi 24 juin, la direction territoriale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), le Medef du Rhône et l'administration préfectorale fêtent la réussite de leur projet commun : "Marcher pour entreprendre". Entre le 13 et le 16 juin, 10 jeunes mineurs en difficulté d'insertion professionnelle et 10 chefs d'entreprises ont randonné ensemble dans le Chablais, en Haute-Savoie. Objectif de l'opération : créer du lien et briser les a priori mutuels.

Philippe Alloncle, préfet délégué à l'égalité des chances, prend la parole devant un parterre de patrons en costumes, de jeunes venus avec leur famille et d'accompagnateurs. "Quand on marche, on entend la petite voix du renoncement, mais le collectif aide à aller de l'avant, philosophe-t-il. On a affaire à des jeunes qui ont besoin d'avoir le pied mis à l'étrier", mais lors de ces trois jours, "personne ne venait pour avoir une aide à un guichet". Un discours paternaliste, où l'entreprise réussit là où le social a échoué, où les patrons sont les sauveurs d'individus en qui le monde du travail refuse de faire confiance. Pourtant, quand on interroge les randonneurs, qu'ils soient jeunes ou bien patrons, on voit que les bénéfices de cette rencontre ont bien été mutuels.

"On s'est découvert plein de points communs"

Sébastien est le chef d'une agence web. Il parle d'une expérience au-delà du descriptible. "Il y avait une envie de découvrir l'autre, de voir qu'on peut briser les barrières entre catégories socioprofessionnelles. Il suffit pour cela de s'écouter, de se rencontrer, explique-t-il. On s'est découvert plein de points communs." Le patron indique comment il peut accompagner les jeunes : "C'est très compliqué pour nous de prendre des mineurs en stage. Mais c'est facile de mobiliser nos amis entrepreneurs, de se porter garant. Les éducateurs, qui sont des gens extras, ne peuvent pas passer un coup de fil pour trouver un stage à ces jeunes".

Alexandre est électricien de formation. A 17 ans, il est sorti du système scolaire et ne trouve pas d'entreprise pour le former. L'ouverture à l'autre a permis de faire tomber les préjugés dans les deux sens. "C'est assez rare qu'on ait l'occasion de rencontrer des patrons, commente le jeune homme. D'habitude, c'est pour des entretiens d'embauche, et ce n'est pas souvent." Il ajoute avec ironie : "Nous, on a pu casser la fausse image des jeunes véhiculée par les journaux!". Alexandre entrevoit déjà les retombées de ces trois jours de randonnée en ayant plusieurs pistes de stage et un réseau en formation. Mais avant tout, il aura réussi à prouver que les patrons tirent autant bénéfice des jeunes que les jeunes des patrons.

La randonnée de juin devrait servir d'exemple à un programme plus pérenne. Selon Michel Lorcy, directeur territorial de la PJJ, elle pourrait à l'avenir avoir lieu une fois par an.

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