Lyon / Villeurbanne : les mosquées annulent une visite américaine

Pour "marquer leur opposition" face à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État d'Israël, les recteurs des mosquées de Lyon et de Villeurbanne ont annulé la visite d'une conseillère politique de l'ambassade des États-Unis.

Liza Petzold ne sera pas reçue à la grande mosquée de Lyon ce lundi, ni à la mosquée Othmane de Villeurbanne ce mardi. Tandis que la conseillère politique de l'ambassade des États-Unis devait échanger avec les recteurs des mosquées lors d'une visite de courtoisie sur les thèmes de l'Islam et des musulmans en France et dans le monde, Kamel Kabtane et Azzedine Gaci ont décidé d'annuler. En cause, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État Israël par Donald Trump, une décision qui "reflète une certaine humiliation pour le monde musulman" pour Azzedine Gaci. "Dans l'absolu, nous ne sommes pas contre le fait de rencontrer des responsables des ambassades américaines, il est même nécessaire de le faire pour échanger sur cette décision irresponsable et irrespectueuse du président américain. Mais dans un premier temps, il fallait marquer le coup" indique le recteur de la mosquée de Villeurbanne. "C'est un geste pour dire qu'il faut tenir compte de ce que pensent les musulmans qui sont établis aux États-Unis, en France et en Europe et qui suivent ce qu'il se passe en Palestine" ajoute-t-il. Parmi les fidèles musulmans de Lyon et Villeurbanne, la grande majorité aurait salué cette prise de position, quand certains auraient préféré maintenir la rencontre afin de porter le positionnement des responsables religieux de l'agglomération lyonnaise sur la décision de Donald Trump. "Nous aurions bien sûr le temps de faire cela dans les prochains mois" précise Azzedine Gaci.

Affronter le discours porté par l'islamisme

En parallèle, le recteur de la mosquée de Villeurbanne a évoqué dans son prêche ce vendredi la place centrale de Jérusalem dans la tradition spirituelle musulmane et a appelé les responsables d'association à se tourner vers les députés, hommes politiques et personnalités publiques pour participer aux débats sur la question palestinienne. Un appel qui lui a valu des reproches de la part "d'un jeune salafiste",qui lui aurait ainsi dit qu'"au lieu d'appeler les musulmans à échanger avec les politiques, vous feriez mieux de leur parler de la sunna et les inciter à y être fermement attachés". Le jeune homme lui aurait également reproché la "taille de sa barbe", non conforme à la sunna selon lui. Une réflexion qu'Azzedine Gaci condamne fermement, car issue du discours porté par l'islamisme. "Pour eux, le seul mot de débat va à l'encontre de l'Islam. Mais notre problème essentiel vient des pays musulmans, à la tête desquels l'Arabie Saoudite, qui a financé pendant trente ans le discours radical et nous a abreuvé de fatwa qui n'ont aucun rapport avec les façons de vivre des fidèles de France et de nombreux pays musulmans. Et si aujourd'hui l'Arabie Saoudite change sur ce point, ici, nous affrontons toujours le discours qu'ils ont diffusé pendant des dizaines d'années" conclut le responsable du dialogue interreligieux au sein de l'Union des organisations islamiques de France.

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