Lyonnais de New York1

Lyon en quête de reconnaissance à New York

Créée en 2004 avec le soutien du Grand Lyon, l’association “Les Lyonnais de New York” regroupe plusieurs centaines d’expatriés et promeut sous toutes ses formes la Ville Lumière de l’autre côté de l’Atlantique. Et ce, malgré l’arrêt de la subvention de la ville.

Le pin’s Only Lyon ne quitte jamais son costume. Jean Baudrand, président de l’association Les Lyonnais de New York, parle de sa ville natale comme s’il n’avait jamais quitté son appartement de la rue Waldeck-Rousseau. Arrivé à New York en 1974 en tant que consultant en design industriel, Jean Baudrand n’a jamais regretté son déménagement à New York. Mais sa passion pour Lyon ne s’est pas éteinte non plus. Depuis sept ans, il fait vivre l’association des Lyonnais de New York, qui regroupe plus de 400 familles. Des magnifiques bureaux de l’entreprise de textile JB Martin – détenue par un Lyonnais –, situés sur la célèbre Cinquième Avenue, Jean Baudrand tente de maintenir à flot l’association. “C’est plus ou moins devenu le siège des Lyonnais de New York depuis 2010 et la décision de la ville de Lyon de ne plus nous subventionner.”

L’association s’est retrouvée du jour au lendemain sans aide après une décision du Grand Lyon. Des élus Verts et de l’opposition s’étaient à l’époque interrogés quant aux retombées de cette subvention pour la ville. “Critiquer le versement de 55.000 euros qui servent à faire rayonner Lyon à l’international, c’est un peu démagogique. Mais je comprends aussi la mairie”, affirme Jean Baudrand, pas toujours très tendre avec l’administration lyonnaise. “Chaque année, la discussion autour de cette subvention entraînait des débats homériques”, confirme Jean-Michel Daclin, chargé auprès de Gérard Collomb des relations internationales et du rayonnement de la ville. L’adjoint au maire concède aussi qu’en temps de crise une aide financière de fonctionnement à une association d’expatriés “n’était plus une priorité”. Ce dernier assure néanmoins que de l’argent pourra être versé aux Lyonnais de New York de manière exceptionnelle dans le cadre de projets très précis. Mais Jean Baudrand ne veut surtout pas quémander et préfère se débrouiller avec des fonds privés. De passage à Lyon en septembre, le président de l’association a croisé le maire Gérard Collomb, mais n’a pas souhaité aborder le sujet. “Quand on s’est parlé, il était très enthousiaste, je ne suis même pas sûr qu’il est au courant que sa ville a arrêté de nous donner de l’argent.”

Une aide réelle pour les entreprises lyonnaises...

Le chef étoilé Daniel Boulud, le plus célèbre des Lyonnais de New York, ancien président de l’association, affirme que celle-ci “assure une belle publicité à la ville de Lyon. L’argent que la ville nous donnait n’engraissait personne”. Si quelques dîners et sorties de ski sont organisés chaque année pour fédérer les Lyonnais de New York, les frais sont toujours personnels. “Les Lyonnais ne voient pas les retombées dans leur quotidien, car le rôle est avant tout économique, concède Jean-Michel Daclin. Mais, si Lyon veut devenir un grand pôle financier, cela passe par des alliances avec les villes qui comptent.”

Même sans subvention durable de la Ville, l’association Les Lyonnais de New York est très active. Outre l’aide apportée de manière ponctuelle à certains expatriés en situation difficile, Jean Baudrand assiste surtout des habitants de la région lyonnaise. “Le plus souvent, mon travail est de mettre en relation des entreprises ou des particuliers avec des interlocuteurs américains. Je suis contacté régulièrement par des sociétés lyonnaises qui cherchent à s’implanter sur le territoire américain ou à promouvoir leur compétence à New York.” C’est le cas par exemple du Comité Bellecour, qui regroupe les entreprises de luxe à Lyon. Une exposition sur le “French art de vivre” a ainsi pris ses quartiers, en octobre dernier, dans les salons du consulat de France à New York. “L’excellence lyonnaise dans le monde passe par ces événements. Je sais que ça a été un succès pour eux. Le business ne s’est pas arrêté depuis”, confirme Jean Baudrand. Autre exemple, les Percussions-Claviers de Lyon, qui ont eu recours à l’association lors de leur tournée nord-américaine en février dernier, afin d’obtenir les autorisations nécessaires pour jouer Bernstein aux États-Unis. “L’Olympique lyonnais nous a aussi contactés il y a quelques années, se souvient Jean Baudrand. Les dirigeants du club voulaient que l’on organise des rencontres de pré-saison en juillet et août. Mais ils n’avaient donné aucun budget, donc ça ne s’est jamais fait.”

... malgré l'absence de ligne aérienne directe

L'association joue donc un rôle économique, mais également social. Un partenariat a été créé en 2008 entre deux associations, Harlem RBI et Sport dans la ville, avec à la clé un programme d’insertion professionnelle et d’appui à la création d’entreprise. Depuis, plusieurs gones ont eu la chance de traverser l’Atlantique, pour s’essayer au base-ball, comme l’avait fait Gérard Collomb lors de son passage à Harlem en juillet 2008.

Si les relations entre Lyon et New York se sont multipliées ces dernières années, cela n’a pas empêché la fermeture de la ligne entre Saint-Exupéry et l’aéroport de La Guardia. “Delta a arrêté les vols alors que l’objectif de remplissage des avions était atteint. Pourtant, le tarif n’était pas compétitif, et la classe affaires vraiment pas terrible. Mais on ne se fait pas d’illusions, les compagnies aériennes jouent la centralisation”, regrette Jean-Michel Daclin.

Association française à New York qui compte le plus de membres, Les Lyonnais de New York a pourtant dû revoir ses ambitions à la baisse depuis deux ans. Mais Jean Baudrand continuera à faire connaître sa ville natale par tous les moyens, pour ne plus avoir à préciser, à chaque fois qu’un Américain entend le nom de sa ville : “Au sud-est de Paris.”

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