Commémoration génocide arménien © Frédéric Guignard-Perret

Lyon commémore le 103e anniversaire du génocide arménien

De l'église Saint-Jacques (Lyon 3e) à la place Antonin Poncet, la ville de Lyon a, ce 24 avril 2018, commémoré les 103 ans du génocide arménien. Durant l'après-midi, une marche pour la justice était organisée, suivie d'une cérémonie d'hommage au Mémorial du génocide des Arméniens.

Cette année encore, Lyon a commémoré le génocide arménien s'étant déroulé il y a désormais 103 ans, perpétré par l'État turc. La cérémonie de commémoration débutait à 14h30, lors d'un office religieux réalisé par les trois Églises arméniennes, catholique, apostolique, et évangélique. Il s'est déroulé en l'église Saint-Jacques, dans le 3e arrondissement lyonnais. Une marche pour la Justice a ensuite été organisée, menée par les jeunes générations arméniennes : "Nous sommes les 5e ou 6e générations depuis le génocide. Pourtant, les crimes que notre peuple a subis n'ont toujours pas été punis, ce n'est pas normal. Cette marche, c'est pour réclamer une loi qui permettrait de punir les dirigeants turcs qui ont organisé ce massacre", déclare un jeune arménien présent dans le cortège.

Après une halte au pont Wilson, afin de rendre hommage au président américain et prix Nobel de la paix en 1919, le cortège est finalement arrivé place Antonin Poncet, où est érigé le Mémorial du génocide des Arméniens. Si de nombreux Arméniens étaient présents, ils n'étaient pas les seuls à s'être rendu sur place. En effet beaucoup de personnes âgées et d'autres Lyonnais ont assisté à la cérémonie. "C'est important de venir. Il faut se souvenir, entretenir leur mémoire. Si on les oublie, ce sera comme une deuxième mort pour eux", affirme Mireille, une retraitée.

"Cette déchirure n'a épargné ni les victimes ni leurs descendants"

Après le dépôt de gerbes par les élus lyonnais, dont le président de la métropole de Lyon David Kimelfed et le maire de Lyon Georges Képénékian, accompagnés par des enfants représentant la communauté arménienne, une minute de silence a été faite. Le président du CCAF (Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France), Raffi H. Krikorian, a ensuite pris la parole. "Nous sommes ici pour la paix. Mais cette paix, elle est fragile. Elle n'est pas acquise et demande une vigilance de tous les instants, une mobilisation permanente (...) Durant la Grande Guerre, un État commit un crime de génocide envers les Arméniens. Ce même État, ses dirigeants successifs et leur politique génocidaire restent, 103 ans après, impunis. Cela leur a permis d'organiser la négation de ce crime imprescriptible." Un discours d'Erol Özkoray, écrivain et politologue vivant en Europe, a été lu en son nom, ce dernier n'ayant pas pu se rendre sur place. Très ferme, son texte critique vivement la politique menée par Erdogan, président turc, qu'il décrit comme le "nouveau Hitler" : "Il est plus dangereux qu'on ne le pensait. Il faut lutter contre le négationnisme, et isoler politiquement Erdogan avant qu'il mette à feu et à sang l'Europe."

Le maire de Lyon "particulièrement ému"

À la suite de David Kimelfeld, président de la métropole lyonnaise, le maire de la ville de Lyon, Georges Képénékian s'est exprimé. Il a d'abord tenu à exprimer son émotion quant à cette journée de commémoration et a souligné l'importance des sentiments mêlés entre les Arméniens et les Français, et ce malgré "les souvenirs les plus sombres". Il a ajouté que "le passé ne doit plus absorber le présent ni occulter l'avenir (...) Le gouvernement d'Erdogan n'hésite pas à reproduire ces évènements, et il y a quelque chose de révoltant à voir un homme aux mains sales faire des gestes de procureur. La Turquie a une volonté dictatoriale et n'hésite pas à s'en prendre à sa propre population. De toute évidence ce génocide fut la matrice de tous ceux du 20e siècle qui ont suivi, mais il a également jeté les bases de la justice pénale internationale." Le maire de Lyon a également évoqué le besoin de créer un centre international des génocides et des crimes de masse. La journée s'est clôturée par un concert de commémoration de l'orchestre franco-arménien, à l'église Saint-François de Sales.

Par ailleurs, ce dimanche 29 avril, une messe de commémoration du génocide des Arméniens sera célébrée en la Basilique Notre-Dame de Fourvière.

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