police technique et scientifique
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Les interventions de la police scientifique illégales

La police technique et scientifique (PTS) est en grève ce mardi pour protester contre son statut. Les “experts” revendiquent le statut de policiers, sous peine de compromettre 500 000 interventions annuelles (donc 500 000 procédures).

Manifestation de la police technique et scientifique, le 3 novembre 2015, à Lyon © GL

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Manifestation de la police technique et scientifique, le 3 nov. 2015 à Lyon.

Un déplacement toutes les minutes. C'est le rythme d'intervention moyen de la police technique et scientifique (PTS) dans l'Hexagone, nos “Experts” made in France.

Ce mardi, les personnels de la PTS décidaient pourtant de plomber leurs stats en se mettant en grève et en manifestant sur les marches de l'hôtel de ville de Lyon.

Depuis la création du premier laboratoire de police technique, à Lyon, en 1910, c'est seulement la deuxième fois que la PTS débraie.

"Notre statut ne correspond plus à nos missions", explique Marc Ziolkowski, secrétaire national du Syndicat national Alliance des personnels administratifs, techniques, scientifiques et infirmiers (Snapatsi), majoritaire chez les personnels de la police technique et scientifique.

La mission des "experts", c'est de collecter et d'analyser, sur une scène de crime ou de délit, toutes les traces et les indices qui permettent de résoudre une énigme policière.

30 % en labo, 70 % sur le terrain

Fini le temps des loupes grossières de Sherlock Holmes, place aux fluoroscopes et aux microscopes électroniques à balayage. C'est le côté invisible du métier, la face cachée de l'iceberg : les rats de laboratoire. Or, aujourd'hui, "70 % des effectifs de la police scientifique travaillent sur le terrain, explique Marc Ziolkowski. Et la majorité du temps, les personnels scientifiques sont seuls sur le terrain, sans escorte, sans patrouille pour les protéger sur certains sites sensibles, dans les banlieues, etc. On demande donc à avoir le statut des personnels actifs, des policiers. Nous, nous sommes des personnels administratifs."

Compréhensif, le Gouvernement leur avait accordé il y a quelques années le droit de porter un gilet pare-balles. Actuellement, il réfléchit à leur allouer une arme de service. "C'est quand même dingue. On aura bientôt peut-être tout l'attirail d'un policier sans avoir son statut !" peste un "policier" scientifique gréviste.

Manifestation de la police technique et scientifique, en grève pour la 2e fois de son histoire, le 3 novembre 2015, à Lyon © GL

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Lyon, 3 novembre 2015

En clair, le statut de personnel actif, à l'instar des policiers, ouvrirait droit pour les "experts" de la PTS à une retraite calculée sur leur rémunération et aux primes qui vont avec. "Notre rémunération, c'est 33 % de primes qui ne sont pas prises en compte", explique le syndicaliste.

Incompréhension pour les "policiers" de la PTS : le Gouvernement accorde ces primes, ayant reconnu, au fil des années, la pénibilité et parfois la dangerosité du métier.

Zone grise et Code de procédure pénale

Dans cette histoire, le gros problème, c'est qu'on est dans une zone grise au niveau du Code de procédure pénale, car le placement sous scellés ne peut être fait que par un officier de police judiciaire (OPJ). Or, dans de nombreuses situations, aucun OPJ n'accompagne la PTS sur la scène de crime.

Résultat, "la PTS fait aujourd'hui des mises sous scellés illégales, admet Marc Ziolkowski. Je ne devrais pas vous dire ça, car les avocats pourraient s'en emparer... J'espère que ce sera le déclic pour que ça bouge en haut lieu !"

Là-haut, justement, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé un arbitrage sur la question, qui relève à la fois des ministères de l'Intérieur, de la Fonction publique et du Budget.

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