"Le slogan Lyon ville internationale est usurpé"

Un entretien particulièrement intéressant, alors que le cabinet américain Cushman et Wakefield vient de faire reculer Lyon à la 18e place dans son palmarès annuel des 34 villes les plus attractives de l'Europe de l'Ouest (lire ici). En voici quelques extraits.

Lyon Capitale : Lyon est-elle une ville internationale ?
Lahsen Abdelmalki (Université Lyon 2) : J'ai toujours pensé que ce slogan était usurpé. Lyon n'a pas les moyens ni de l'affirmer ni de l'être à très court terme. En schématisant, on peut dire que les villes étant "internationales" le sont à l'aune de trois critères. D'abord, la démographie. Au sein des 40 premiers blocs urbains européens, Lyon est la 29ème ville-centre et la 25ème agglomération. Le poids de Lyon (1,449 millions d'habitants) ne peut être comparé à celui Essen (10,069), Barcelone (4,062), Manchester (3,851), Milan (3,798), Rotterdam (3,340) ou même Lille (1,714) ! (...)
Ensuite, l'attractivité économique. C'est par exemple la capacité à attirer ou à garder les sièges des grandes firmes et à faire venir des investisseurs extérieurs et des touristes. Or, Lyon et sa région n'accueillent que 78 sièges sociaux d'entreprises de plus de 1000 salariés (Sanofi Pasteur, BioMérieux, Seb, Renault Trucks...). Sur ce point aussi, elle est à la remorque des grandes agglomérations dont nous venons de parler.
Enfin, le rayonnement culturel. Il faut disposer d'enseignes culturelles avec une grande visibilité, des événements, des musées qui marquent la ville, distinguent ses artistes ou son histoire, illustrent sa singularité...
(...) A l'évidence, Lyon peine encore à trouver une véritable identité européenne. Elle n'a ni la réputation musicale de Milan, ni la notoriété culturelle d'Amsterdam et, sur le plan sportif, l'OL et l'Asvel n'ont pas encore la dimension européenne des grands clubs espagnols et italiens. A contrario, Lyon affiche son caractère de ville agréable où l'on mange bien et pas cher et où les loyers restent modérés. Finalement, la ville convient à une classe moyenne ou aisée à la recherche d'une vie tranquille, à condition de ne pas être trop exigent d'un point de vue culturel.
Vous êtes sévère avec la culture !
C'est une question de standard. Je n‘ignore pas ce qui existe ou ce qui est en train d'être entrepris. Cependant, il est parfois question de Lyon comme d'une métropole européenne... A l'évidence l'étiquette est trop ambitieuse. Combien de pièces de théâtre sont-elles jouées chaque semaine ? Quelle est la réputation lyonnaise en matière de création d'art lyrique ? Nous faisons mieux que Marseille, Bordeaux ou Genève, mais dès qu'on parle d'une exposition importante, il faut aller à Paris, Berlin ou à Bibao... L'offre locale est réelle, mais on ne peut pas parler d'offre de choix. Il manque une offre culturelle audacieuse. (...)
La mairie a-t-elle tort de se fixer l'objectif d'intégrer le TOP 15 ?
Il n'y a pas si longtemps, on parlait du TOP 10. Encore une fois, il n'est interdit à personne d'être ambitieux. On reprocherait davantage aux décideurs lyonnais de ne rien entreprendre. Il reste à s'en donner les moyens. Lyon veut par exemple avoir un pôle universitaire d'excellence... On ne peut pas attirer des étudiants en nombre sans proposer des logements et des infrastructures de transport adaptées. On est loin d'offrir de quoi loger nos 130 000 étudiants ! Et la carte des TCL ne peut souffrir la comparaison avec celle de Francfort, Barcelone ou de Zurich. A Lyon, les déplacements inter-banlieues sont dramatiques. (...)

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