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Dans les camps de Roms, l'hiver n'offre pas de trêve

Des familles entières, dehors, qui doivent s'accommoder des conditions hivernales. C'est le quotidien de la communauté Rom. Sur les 15 000 membres de celle-ci qui résident en France, une majorité vit dans des camps, sur des terrains non-équipés. Comment s'y adapte-t-on quand le mercure descend ? Reportage.

A Vaulx-en-Velin, dans le quartier de la Feyssine, à Saint-Priest, même décor dans les camps de Roms. Les petites cabanes de bric et de broc sont comme sorties de terre. Des amas de deux mètres sur deux mètres, faits de cagettes de bois, de bâches et de sacs en plastique, de morceaux de taule et de ferraille. "Les Roms sont forcés d'être bricoleurs et ingénieux", témoigne Henri Branciard, bénévole de l'association CLASSES, pour la scolarisation des enfants des squats. Une ingéniosité nécessaire pour isoler ces cabanes, avec des pans de plastique, ou des tissus. D'autant plus que les températures devraient encore chuter en janvier. Tout au long de la journée, de la fumée s'échappe de ces baraques. Les habitants se fabriquent des poêles à bois pour chauffer l'intérieur confiné de leur maisonnette. "Ils percent une ouverture dans le toit de la cabane pour laisser la fumée s'échapper, constate Henri Branciard. Un mode de chauffage dangereux et précaire, mais indispensable."

Il fait chaud à l'intérieur des baraques et leurs habitants peuvent y retirer leurs couches de vêtements. Mais les nuits sont froides quand le feu n'est pas entretenu. "Ces chauffages artisanaux provoquent de graves pathologies respiratoires, déplore Aurélie Neveu, coordinatrice de Médecins du Monde à Lyon. Sans compter que quatre incendies ont été provoqués à Lyon en 2012 par ces poêles de fortune, ou par un bricolage électrique. L'été est différent : on fait plutôt face aux problèmes gastriques liés à la mauvaise conservation de la nourriture." A Saint-Fons, près de 200 Roms vivent ainsi illégalement près du boulevard Lucien Sampaix. Les dernières précipitations ont rendu leur camp insalubre. Le sol est totalement boueux, les pieds s'enfoncent.

Pas à l'abri de l'expulsion

A Vaulx-en-Velin, par exemple, les 200 Roms ne savent pas combien de temps encore leurs baraques pourront être maintenues, installées sur un terrain qui appartient au Sytral, syndicat mixte des transports en commun lyonnais. "Il n'y a pas de trêve hivernale pour empêcher l'expulsion des camps de Roms, explique Henri Branciard. Ils peuvent théoriquement être évacués à tout moment." En pratique, les expulsions sont rarement exécutées en hiver. Le défenseur des Droits Dominique Baudis avait d'ailleurs demandé début octobre au Premier ministre de suspendre les expulsions de camp en vertu du principe de la trêve hivernale. Celle-ci s'applique chaque hiver à tous les locataires du 1er novembre au 15 mars. Mais cette proposition n'a pas été mise en application. "Quand ils sont expulsés, la police brûle ou détruit leurs baraques, s'insurge Henri Branciard. Les familles avec leurs enfants sont alors à la rue, n'emportant avec eux qu'un cadis rempli du minimum."

Pourtant, ces expulsions ne semblent pas émouvoir l'opinion publique. Un sondage national Ifop, réalisé en octobre, révèle que 83% des sondés se déclarent favorables au démantèlement des camps illégaux (38% "très favorables", 45% "plutôt favorables"). Les associations de défense des Roms prévoient d'envoyer prochainement un courrier au maire de Lyon Gérard Collomb, réclamant l'application de la circulaire ministérielle "relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d'évacuation des campements illicites". Publiée en août, celle-ci stipule qu'aucune expulsion ne doit être menée si des solutions de relogement n’ont pas été étudiées.

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