Lycée Jean Perrin
©Nicolas Quénel. Réunion élèves-professeurs au lycée Jean Perrin. "Mettre des mots sur Charlie Hebdo"

Charlie : la belle mobilisation des lycéens de Jean Perrin

Dans le 9e arrondissement de Lyon, les élèves du lycée Jean-Perrin ont décidé de tous être Charlie.

La minute de silence en hommage aux victimes de Charlie Hebdo Lycée Jean Perrin

Nicolas Quénel. "Nous sommes Charlie" au lycée Jean Perrin

Au lendemain de l'attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo qui a fait douze morts, l'onde de choc se propage encore dans les établissements scolaires. Ce jeudi midi, comme partout en France, les 850 élèves du lycée Jean-Perrin (Lyon 9e) étaient tenus de respecter une minute de silence en hommage aux victimes.

À midi pile, la clameur de la cour étouffait dans un calme étourdissant. Un moment de recueillement que rien n'a perturbé, pas même le bourdonnement des collégiens voisins, silencieux quelques secondes après. Hasard des cieux, à ce moment un rayon de soleil pointait sur cette masse muette et compacte, visiblement très marquée par les événements de la veille.

"C'est assez invraisemblable que ce genre d'action puisse avoir lieu en France, au pays des droits de l'homme", dit l'un d'eux. "Mourir en ayant simplement écrit un article ou fait un dessin, ça fait peur", enchaîne un autre. "Le fait qu'on ne puisse pas s'exprimer librement ici, en France, ça fait froid dans le dos", ajoute un de leurs amis.

Démarche des élèves

Lycée Jean Perrin, Charlie Hebdo ()

©Nicolas Quénel. Réunion élèves-professeurs au lycée Jean Perrin. "Mettre des mots sur Charlie Hebdo"

Au lycée Jean-Perrin, ce sont les élèves qui ont demandé à rencontrer le proviseur et les enseignants. "Il faut accompagner cette immense émotion", explique Olivier Coutarel, le proviseur. "On avait besoin d'une réunion pour parler et mettre des mots sur ce qui s'est passé", explique Tristan, 17 ans, en terminale, à l'origine de la tenue d'un conseil des délégués pour la vie lycéenne (CLV) spécial, auquel Lyon Capitale a pu assister aujourd'hui. Il y a aussi Charlotte, Flore et Matisse dans le bureau du proviseur. "Ce qui s'est passé", ils l'ont appris et suivi par les réseaux sociaux. "On a été frappés de plein fouet par Facebook, explique Matisse. Tout le monde donnait son avis et, au final, on est arrivé à des choses qui n'avaient plus rien à voir."

“Des sujets dont on n’arrive pas à parler”

Tous se disent "extrêmement choqués" par ce qui s'est dit sur les réseaux sociaux. La vidéo des deux hommes cagoulés qui ont tiré à bout portant sur un policier à terre, ils l'ont visionnée plusieurs fois. La théorie fumeuse et exécrable du complot, ils en ont tous entendu parler. "On a écouté des élèves dire que c'était un complot, avec des acteurs, que des paroles avaient été rajoutées, que le sang c'était du maquillage", dit Flore, dont les deux parents sont journalistes.

Et d'ajouter, d'une seule voix : "Ce sont des sujets qui fâchent, dont on n'arrive pas à parler ensemble"... Matisse pondère quand même que "ce qui fait chaud au cœur, c'est la manière dont les jeunes ont pris la mesure de l'événement".

Dès ce jeudi matin, des professeurs de lettres ont étudié avec leurs élèves des textes de Voltaire sur la raison et sur le fanatisme. Demain, poursuit la direction, les professeurs du lycée se réuniront pour organiser des débats pendant les heures de cours. Mettre des mots sur un drame. Encore. Toujours. Comme il y a deux ans, pour l'expédition sanglante de Mohammed Merah.

portrait1 ()

©Nicolas Quénel

Charlotte

“On sait ce qui se passe, mais comment juger correctement les choses ?”

Flore

“Je suis allée me renseigner sur Charlie Hebdo, j'en ai parlé avec mes parents.”

portrait2 ()

©Nicolas Quénel
Lycée Jean Perrin ()

©Nicolas Quénel

Matisse

“On attend des journalistes d’expliquer les faits et de ne pas faire dans la surenchère, le danger étant que ce soit récupéré politiquement.”

portrait4 ()

©Nicolas Quénel

Tristan

“Quand on voit des actes terribles perpétrés par des déséquilibrés, on fait la part des choses. On ne fait pas l'amalgame.”

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