Le Rhône à Lyon © Tim Douet

Auvergne Rhône-Alpes : 52% des rivières "en bon état écologique"

D’après un rapport de l’agence de l’eau, 52% des rivières de la région Auvergne Rhône-Alpes sont en "bon état écologique". Un résultat encourageant, mais encore insuffisant.

L’agence de l’eau vient de publier un nouveau rapport sur l’état des eaux des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse. En région Auvergne Rhône-Alpes, 52% des rivières sont en "bon état écologique" ainsi que 81% des nappes phréatiques, en "bon état chimique". Cela signifie que ces cours d’eau respectent les normes chimiques réglementaires et que la vie biologique est « peu perturbée » par les activités humaines, d’après l’agence.

Des résultats encourageants

En termes de chiffres, la qualité des eaux de la région s’améliore : la quantité d’ammonium moyen – la pollution organique – a été divisée par 20 au cours des 28 dernières années.  La concentration en HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) a quant à elle été divisée par quatre en quelques années, bien qu’elle reste encore 15 fois supérieure aux normes pour la protection de l’environnement selon l’agence.

Pesticides et agriculture intensive

La toxicité des substances phytosanitaires et des pesticides a été divisée par deux sur la période 2008 – 2018, note le rapport, pour atteindre aujourd’hui 50% de la norme. Cette diminution lente serait liée à la présence toujours importante de glyphosate et de son métabolite, l’AMPA, au sein du marché agricole. Ces deux substances sont les pesticides les plus quantifiés dans la région avec près de 1700 tonnes vendues dans le bassin Rhône-Méditerranée en 2018.

Par ailleurs, le rapport souligne que de nombreux herbicides interdits sont toujours détectés dans les eaux souterraines comme les triazines, malgré leur suppression des marchés il y a 15 ans. Ces éléments chimiques, polluants, sont liés à l’agriculture intensive et aux méthodes d’irrigation. A contrario, les régions montagneuses sont peu sujettes à ce type de contamination.

L’eau potable : enjeu majeur

Le principal enjeu de ces pollutions concerne notre alimentation en eau potable : "Dans le bassin Rhône Méditerranée, 269 captages sont prioritaires pour l’alimentation en eau potable mais dégradés par les pollutions agricoles." note le rapport. Cela signifie, selon l’agence, que des substances polluantes, provenant essentiellement de l’agriculture intensive liée à l’usage d’engrais et pesticides, contaminent nos sources en eau potable. L’organisme public insiste : "Mais (…), s’il est essentiel de travailler avec les agriculteurs pour réduire l’usage des pesticides et engrais, il faut aussi travailler avec les acteurs de la transformation des produits agricoles pour créer une chaînes vertueuse au niveau de toute la filière".

Substances pharmaceutiques : peu de filtres dans les stations d’épuration

Depuis quatre ans, l’agence de l’eau relève également la présence de polluants en quantité "infinitésimale" - des données infiniment petites – à l’instar de produits pharmaceutiques et cosmétiques, d’hormones, de stéroïdes, d’antibiotiques, de caféine ou encore de nicotine. Sur le bassin Rhône-Méditerranée, 120 de ces substances ont été retrouvées. Elles ont des conséquences majeures sur la biologie fluviale : baisse de la reproduction des poissons et espèces aquatiques et développement des bactéries résistantes aux antibiotiques. Ces éléments, présents dans les cours d’eau, sont presque non-filtrables : des études montrent que l’action des stations d’épuration "n’est que partiellement efficace" face à ces substances, souligne le rapport, en particulier face aux éléments antiépileptiques.

Entre barrages et pompages intensifs, la morphologie des rivières est dégradée

L’agence de l’eau indique que "57% des rivières présentent une morphologie dégradée et 48 % sont barrées par des seuils et des barrages qui empêchent la circulation des poissons mais aussi des sédiments utiles à leur bon fonctionnement.". Ce constat pointe alors les effets d’un chaînage dangereux : plus une rivière « dysfonctionne », moins elle peut lutter contre la sécheresse et les pollutions qu’elle subit.  D’après le rapport, "44 % des rivières de Rhône-Alpes ont un régime hydrologique altéré. Autrement dit, elles subissent des prélèvements d’eau excessifs et les sécheresses répétées de ces dernières années aggravent la situation.".

Quelles solutions ?

Le premier défi vise à lutter contre les prélèvements d’eau excessifs. La solution majeure serait de faire des économies d’eau considérables, notamment en période de sécheresse : soutenir les travaux de réparation des fuites d’eau dans les réseaux et modernisation des systèmes d’irrigation agricoles. L’agence insiste : "Et lorsque les économies d’eau ne suffisent pas, il est possible de substituer des prélèvements d’eau dans les rivières en été par du stockage d’eau en hiver pour revenir à l’équilibre écologique.".

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