Pourquoi Interpol s’est installé à Lyon

Offre de terrain, repas gastronomiques… Comment la Ville de Lyon a séduit l’organisation internationale de police pour obtenir son siège.

“Dieu a été lyonnais ce jour-là !” s’exclame André Soulier, trente ans plus tard. Nous sommes en 1984 et Interpol cherche à déménager de son siège exigu de Saint-Cloud. La ville de Lyon s’est portée candidate mais les favoris sont Saint-Germain-en-Laye (banlieue parisienne) et Divonne-les-Bains (Ain). André Soulier, le premier adjoint du maire de Lyon, a pris la tête de la délégation. C’est le jeudi de l’Ascension et le temps est superbe. La délégation lyonnaise en profite pour vanter, exagérer, célébrer les charmes de la cité des Gaules.

“Il a fallu emballer le match. Je n’étais pas un escroc, j’étais un vendeur”, confie André Soulier. La municipalité propose même d’offrir le terrain, en bordure du parc de la Tête-d’Or. La visite achevée, les agents d’Interpol doivent se rendre rapidement à Divonne-les-Bains. André Soulier refuse : “Vous n’allez pas repartir le ventre vide !” L’adjoint a réservé une table à Léon de Lyon : “On y est allé à coups de côte-rôtie. C’était limite si on ne chantait pas à la fin du repas !” Les invités repartent charmés, l’affaire est bouclée.

“On a gagné”… une forteresse

Le 15 février 1985, Lyon est choisi parmi 180 villes candidates pour accueillir le nouveau siège mondial d’Interpol. Francisque Collomb, le maire, a réuni la presse dans son cabinet de l’hôtel de ville : “Paris devra maintenant avaler la pilule ! Les délégations d’Interpol ont apprécié la ville de Lyon. On a gagné ! Il faut bien de temps en temps que l’on gagne !” Quatre ans plus tard, le 27 novembre 1989, François Mitterrand inaugure un immense cube en verre et granit de dix étages, au cœur de la Cité internationale. Avec ses caméras, ses grilles et les “douves” du parc, le siège de l’organisation mondiale de police ressemble à une immense forteresse moderne.

Avec la police scientifique à Écully et l’École nationale des commissaires de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, Lyon se place dès lors comme une capitale mondiale de la police. Mais, si la majorité des Lyonnais situent Interpol à Lyon, peu connaissent vraiment la mission des agents qui travaillent derrière les hauts murs en verre. La presse y est rarement invitée. “C’est nécessairement une organisation secrète”, justifie André Soulier.

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Pour mieux connaître Interpol, lire notre dossier en ligne.

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