Yvan Patet : "Je ne suis plus l'homme de la situation"

INTERVIEW - Coup de tonnerre au LOU Rugby. Le président du club, Yvan Patet a décidé de passer la main. Il en explique les raisons à Lyon Capitale.

Le LOU traverse une crise. Une mauvaise passe qui a poussé Yvan Patet à quitter le navire. Favori déclaré pour l'accession en Top 14, le club de rugby rhodanien peine sur le terrain et occupe actuellement la septième place du championnat de Pro D2 à la fin de la phase aller. Une situation qui a provoqué le départ d'un homme passionné et attachant dont la vie professionnelle ne permettait plus d'assumer le rôle de président. Le successeur d'Yvan Patet se nomme Yann Roubert.

Lyon Capitale : Pour quelles raisons avez-vous décidé de démissionner de votre poste de président du LOU Rugby ?

Yvan Patet : C'est une décision réfléchie et préparée. Je savais qu'à titre personnel, cette année pouvait être celle de trop en Pro D2. On avait réussi à accéder en Top 14, cela avait demandé énormément d'énergie, cela m'avait pris beaucoup de temps. En redescendant en Pro D2, je savais que ça allait être compliqué pour moi d'assumer une bataille à mener. Un président doit être à 100 % de ses capacités pour emmener ses troupes au succès. Force est de constater que je ne suis plus en mesure de parvenir à remplir cet objectif. A un moment donné, il faut savoir passer le ballon. J'ai pris cette décision après le match contre Pau (le 9 décembre, défaite 19 à 9, Ndlr).

J'ai vu les joueurs ce mercredi matin. Même si ça a été dur, ils ont compris mon choix. En ce moment, ils ont besoin d'un président à temps complet, présent en permanence... Et c'est quelque chose que je ne peux pas assumer. Je n'ai plus le temps et l'énergie suffisante pour endosser ce rôle. Dans un contexte économique difficile, j'ai mon entreprise à gérer (Em2C, Ndlr). J'ai vraiment pesé le pour et le contre. J'estime ne plus être l'homme de la situation. Il fallait créer un électrochoc. Je souhaite que le groupe retrouve une dynamique dès janvier. Le groupe sera armé avec le retour de blessés et une nouvelle gouvernance pour repartir de plus belle.

Comment expliquez-vous ce mauvais début de saison ?

On a construit un groupe équilibré. On a mis les moyens afin d'avoir un groupe compétitif. Les ingrédients sont là mais des fois ça ne suffit pas. L'équipe a prouvé qu'elle pouvait produire du jeu. En ce moment, les joueurs ont besoin de confiance. C'est pour cela qu'il faut des gens qui ont l'énergie suffisante pour parvenir à redresser la barre. On ne peut pas continuer à enchaîner les mauvais résultats, il faut prendre certaines décisions. Le LOU est un grand club et restera dans l'élite du rugby français. Même si ça va peut-être prendre plus de temps qu'on l'avait imaginé. Le club est structuré pour ne pas sombrer. Encore une fois, je n'étais plus en mesure d'assumer ce rôle de guide.

Quittez-vous le LOU fâché ?

Non, pas du tout ! Je pars amoureux et très ému. Je souhaite à beaucoup de personnes de vivre ce que j'ai vécu durant dix ans au LOU. Je n'ai aucun regret. J'ai rencontré des gens uniques, j'ai vécu de moments forts. Bien sûr, il y a eu des inimitiés car ça fait aussi partie du monde du rugby. J'ai tenté jusqu'au bout de rester fidèle à moi-même. J'ai toujours fonctionné à l'affectif. Je suis un homme bâti sur l'humain et l'émotion. Ce mercredi matin, ca été très dur de parler aux joueurs... J'étais très ému. Il n'y a aucune amertume.

Qu'avez-vous envie de retenir de vos presque dix années de présidence ?

Le plus fort a été incontestablement la montée en Pro D2, à Saint-Etienne, à Geoffroy-Guichard (le 8 mai 2011, Ndlr). C'était exceptionnel ! Le plus triste... Il y a deux moments difficile. La défaite contre La Rochelle (23 mai 2010, Ndlr), il m'a fallu deux semaines pour m'en remettre. Puis, il y a eu la descente en Pro D2. Je dois l'admettre, la blessure est profonde, elle ne cicatrice toujours pas. On avait réussi à construire un stade en peu de temps, il y avait un effectif de qualité... Et c'est dommage d'être resté qu'une saison en Top 14. Mais encore une fois, je garde en mémoire de bons souvenirs. De belles images me viennent en tête. J'ai partagé tellement de bons moments avec les actionnaires, les joueurs, les salariés, les partenaires,... J'ai le LOU dans le sang, je vais toujours assister aux matchs.

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