Asselineau cité internationale
Moran Kerinec

Asselineau en meeting à Lyon : un “pédagogue” du complotisme

Une longue file cosmopolite s’étendait sur l’esplanade de la Cité internationale où François Asselineau tenait son meeting ce mardi soir. Classé très à droite, connu pour sa volonté de vouloir sortir de l’Europe, son anti-américanisme et son affection des thèses complotistes, le candidat de l’UPR a réuni plus de 1 500 personnes à Lyon. Mais qui est vraiment François Asselineau ? Pour ses militants venus assister à son meeting, l’ancien énarque est un “professeur”, “pédagogue”, qui va vaincre “le joug de Bruxelles”.

“Moi aussi je vais vous enregistrer pour être sûre que vous n’écriviez pas des bêtises, avertit d’emblée Sophie, la cinquantaine. Car si pour être élu, il faut être médiatisé, comme le dit Yassine, jeune homme venu par curiosité, François Asselineau serait intellectuellement trop puissant pour les médias. Il n’y a qu’à voir comment ils restent bouche bée devant ses réponses, ils ne sont pas éduqués les journalistes, l’approuve Sophie. Lors des régionales de 2015, le slogan de l’UPR n’était-il pas Le parti qui monte malgré le silence des médias ?

Un parfum de complotisme

Asselineau, Sophie l’a découvert en conférence il y a quelques années. La dame venue de Genève ne tarit pas d’éloges pour l’ancien énarque. Il est informé, pédagogue. Quand on commence à l’écouter, on a envie de l’écouter encore et encore. Comment ne pas être éblouie par un homme aussi compétent ? Avec lui, elle a découvert qu’il y avait l’histoire fausse, et qui gouvernait vraiment la France. Qui ça ? À votre avis ? interroge-t-elle avec un sourire complice. Il faut insister pour avoir la réponse : Les États-Unis !”

La file d’attente, c’est aussi l’occasion de dispenser des conseils lectures. Il faut lire Antony Sutton (grande figure du complotisme américain), c’est un historien qui a écrit trilogie sur des documents déclassifiés. L’histoire qu’on nous raconte est enjolivée. Si vous saviez comment on se fiche de nous ! Par exemple, Hitler, on l’a financé, affirme-t-elle, sûre de son assertion.

Un candidat puissant sur les réseaux sociaux

Yassine lui, ne partage pas encore la ferveur de la militante suisse. C’est la première fois qu’il assiste à une conférence de l’homme politique. Je l’ai découvert en 2012 sur sa chaîne Youtube, se remémore-t-il. Un témoignage qui trouvera écho tout au long de la soirée. De nombreux adhérents ont d’abord connu Asselineau sur son site Internet, où il dispense ses analyses, des podcasts vidéos et diffuse ses conférences.

Ce cybermilitantisme se ressent à travers les militants. Chaque adhérent rencontré n’hésite pas à partager sa vidéo favorite. Moi c’était son décryptage de la Marseillaise, confie un jeune homme au t-shirt UPR, au moment de la polémique il y a trois ans (quand la Marseillaise fut accusée d’être raciste et xénophobe), ça m’a permis de mieux en comprendre le sens.” “Moi c’est celui sur les liens entre les pères fondateurs de l'Europe et les États-Unis qui m’a éclairé. Je l’ai trouvé franc, et tout y est exposé clairement, renchérit une militante.

“Il explique clairement, comme un professeur”

Dans le hall de la salle 3 000 de la Cité internationale, les gens se pressent près du stand de produits dérivés. Sur la table, les traditionnels drapeaux “Asselineau 2017 !” côtoient des coupes à champagne au sigle UPR et des boutons de manchette en pièce d’un franc. Sur le panneau qui indique le prix des t-shirts, le symbole euro a été barré pour faire place à l’inscription “FRANCS”. Tu as vu le monde qu’il y a ? interroge un homme dans la cohue, ça va être archi plein ! Ouai, enfin… Deux heures trente quand même, lui répond son amie, beaucoup moins enjouée quand elle pense aux discours à rallonge du candidat.

“Ici, les militants aiment la France, affirme Ounsi, un barbu jovial, avant de comparer l’UPR au Front national, si on écoute le discours de Le Pen, ses militants aiment la France aussi, mais avec des propos xénophobes. Chez nous, pas de ça. Depuis trois ans qu’il le suit, Ounsi est toujours sous le charme du bon sens du candidat.Il explique clairement, comme un professeur. Peut-être qu’avec cet homme, on pourra s’en sortir, ne plus être sous le joug de la bureaucratie de Bruxelles explique-t-il, reprenant la rengaine du Frexit, et de l’Union européenne responsable de tous les maux selon Asselineau.

En costard-cravate près de l’entrée, Arnaud, salarié de la campagne, enregistre les nouvelles adhésions. Pour l’instant seulement six, mais ça vient toujours après la conférence. On a déjà plus de 1 000 inscrits pour venir assister au meeting de ce soir, certains ont fait le déplacement depuis Saint-Étienne, de l’Ain… Ils seront finalement près de 1 500 à remplir les travées de la salle. Soit près de trois fois le public réuni au même endroit par Nicolas Dupont-Aignan deux semaines auparavant. On voit que ce sont des gens qui réfléchissent, pas de ceux qui suivent les slogans, commente Sophie. Mais déjà, la clameur du Frexit ! entamé à tue-tête commence à monter de l’intérieur de la salle où Asselineau s’apprête à commencer son discours aux allures de cours magistral.

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