Gérard Collomb
© Tim Douet

Les déclarations de Collomb sur la psychiatrie irritent le secteur

Au micro de RTL, Gérard Collomb avait annoncé vouloir “mobiliser les hôpitaux psychiatriques” dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Une déclaration qui a choqué la profession, et irrité les associations.

Le ministre de l'Intérieur avait annoncé vouloir établir des "protocoles" pour identifier les individus ayant des "délires autour de la radicalisation islamique". Dans un raccourci hasardeux, Gérard Collomb rapprochait alors le monde de la psychiatrie de celui du terrorisme djihadiste. Une maladresse qui a fait réagir psychiatres, associations de familles et même l'Ordre national des médecins. Ce dernier rappelle alors dans un communiqué "la nécessité absolue de préserver […] le secret médical" et insiste : "la confidentialité entre le médecin et le patient est absolue". En cas de danger probable, et dans des circonstances exceptionnelles, la loi permet aux praticiens d'outrepasser ce secret médical. Une disposition suffisante pour l'Ordre des médecins, qui ne voit pas l'utilité d'un dispositif nouveau.

Arrêter avec la stigmatisation des malades mentaux

Du côté des associations, l'UNAFAM regrette que "ces propos […] renforcent les représentations du grand public sur la dangerosité de la maladie psychique alors que celle-ci n'est pas supérieure à celle de la population générale". L'organisation a du mal à comprendre ce qu'elle considère comme un "amalgame" entre maladie et terrorisme, et souligne que parmi les terroristes, il y a plus de représentants de la population générale que de malades mentaux. "Aucune étude ne valide l'assimilation trouble psychiatrique, radicalisation et terrorisme", martèle l'UNAFAM. Un avis partagé par David Gourion, psychiatre qui a fait part de sa consternation dans les colonnes du Monde. "Contrairement aux idées reçues, les patients dépressifs, schizophrènes ou autistes ne sont absolument pas représentatifs des bataillons terroristes", explique le praticien. Il souligne également qu'une collaboration entre les psychiatres et la police n'est pas compatible avec "une société de droit". Enfin, le psychiatre prévient que "le risque, dans le fait d'essentialiser le terrorisme autour de la folie, est de croire qu'il y aurait des monstres radicalement différents de nous, des fous, et que les terroristes en font partie".

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