Emmanuel Macron
© AFP Boris Horvat

Tiens, tiens, voilà du Macron

Le photographe lyonnais Jean-Claude Chuzeville réagit aux cérémonies célébrant l'élection d'Emmanuel Macron et aux investitures du mouvement En Marche dans le Rhône.

Ces cérémonies commémoratives sont souvent réalisées par des crétins qui n’ont pas la notion du temps... Je parle du temps télévisuel ; celui qui fera la joie des "bêtisiers" à venir. Avec cette pompeuse entrée en scène, notre président va concurrencer le "bonsoir" de Giscard. Remplir l’endroit avec des intermittents en marche provisoire avec le même drapeau de pacotille greffé en bout de bras ne remplace jamais la sincérité de la ferveur populaire... Cela ressemblait à l’un de ces vieux sit-com avec des rires pré-enregistrés.

Faire marcher le petit génie pendant une plombe, éclairé par une poursuite entre la rue de Rivoli et son estrade ressemblait à une réclame à la Jean Mineur pour son tailleur de costumes à 350 euros ; c’est tellement long que, décidément, vous n’aimez pas le "cheap"... On comprend mieux la raison pour laquelle les costards de Fillon coûtent dans les trois-quatre mille ; qualité du cachemire, perfection de la coupe, aisance corporelle... On peut dire que le monde de la mode en a pris un coup sur la courge; Anna Wintour doit s’en retourner dans sa limo. Ensuite installer le pupitre devant la pyramide, ce bon vieux symbole cher aux Illuminatis, confine au bourrage de crâne, au concassage idéologique et à la bouillie "googuelienne".

Reste la performance de l’homme... Qu’en pense son professeur de théâtre ? C’était froid comme un canard, raide, et dénué de la moindre grâce...ce jeune homme est charmant mais tellement formaté que jamais il ne parviendra à nous emballer et faire croire durablement qu’il est à la fois un anti-système et un anti-vol. D’ou vient-il ? d’un emballement de quelques vieillards jaloux et frustrés qui voyaient là une occasion d’exister au seuil de l’accident cardio-vasculaire ? ou encore d’un shadow-cabinet qui n’a jamais souhaité que l’on mette la crise financière au coeur du débat ? ou plus simplement de la volonté d’une dame qui visait l’excellence et l’aboutissement d’un processus éducatif ?

De toutes façons nous étions dans l’attente de ses investitures aux législatives: on allait voir ce qu’on allait voir, que de la chair fraiche, du génie méconnu et de l’homme libre.... Et bien il faut le dire, à Lyon, 24 heures après les nominations on croit encore que c’est une blague ! Un pro-Situ m’a raconté la scène hier soir (jeudi soir, NdlR), cours Lafayette, dans le resto-buffet asiatique des Halles. 150 personnes dont une centaine de perdreaux de l’année, pour qui Macron représente le dépucelage de leur vie républicaine; des gens biens, sincères et décidés à faire avancer les choses...lorsque l’apparatchik leur a annoncé le nom de la candidate "Collombienne" pour leur circonscription, ils n’ont pas eu l’air de trouver cela bien révolutionnaire...en quelques minutes l’ambiance chamanique qui accompagnait leur marcheur depuis des mois s’est transformé en un rictus, caractéristique de celui qui se fait....pour la première fois.

Sacré Gérard ! quel charisme, quel compréhension de l’air du temps...Touraine, Rudigoz, Laferrière, Brugnera... que des gens qui marchent depuis des siècles, tous acteurs depuis des lustres du ronronnement républicain... tout cela ne fait pas bien nouveau... En haut on vous fait la pub, en bas on vous refile les rogatons.

C’est ça Lyon, à la fois capitale du saucisson et de la résistance.

Lire aussi : Collomb aux côtés de Macron pour la cérémonie d'investiture à l'Elysée

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