Fête du livre de Bron atelier jeunesse
© Christine Chaudagne

11 et 12 mars : Fête du livre de Bron – Et maintenant on lit quoi ?

La 31e édition de la Fête du livre de Bron s’est ouverte ce vendredi. Jusqu’à dimanche, rencontres et tables rondes se télescoperont à l’hippodrome de Parilly, où l’on pourra croiser, écouter, lire Négar Djavadi, Ivan Jablonka, Jean-Paul Dubois, Thierry Hesse, Éric Vuillard et Jean-Claude Milner, mais aussi Marie Modiano et Bertrand Belin. La sélection de Lyon Capitale.

Atelier jeunesse à la Fête du livre de Bron, en 2014 © Christine Chaudagne

© Christine Chaudagne
Fête du livre de Bron 2014.

“On sent bien que nous sommes arrivés à un tournant, que des choses vont changer, en bien ou en mal. L’idée est d’interroger les écrivains, les sociologues, les historiens sur le moment que l’on vit, de quoi découle-t-il et sur quoi peut-il donner ?” C’est l’enjeu de la 31e Fête du livre de Bron, selon Yann Nicol, le responsable de la programmation.

Sont invités notamment pour y répondre Tanguy Viel, Tristan Garcia, Éric Chevillard, Marcus Malte, Véronique Ovaldé, Gonçalo M. Tavares et Rébecca Dautremer en littérature jeunesse, et bien sûr ceux que nous vous présentons plus en détail ci-dessous. Ainsi que l’historien Ivan Jablonka (que l’on retrouvera à Quais du Polar à la fin du mois), prix Médicis 2016 pour Laëtitia ou la Fin des hommes.

Attention, vu l’affluence croissante à cette manifestation, les règles ont un peu changé cette année. Ou plutôt maintenant il y en a : il faudra un ticket pour accéder à une rencontre (distribution devant les portes de la salle 30 minutes avant la rencontre), pour les ateliers et les spectacles il faut réserver (le jour même dès l’ouverture des portes du festival) et les salles seront vidées après chaque rencontre. Bon festival, bonnes lectures.

Samedi 11 mars

Les révolutions de Vuillard et Milner

Eric Vuillard © Melania Avanzabo / Jean-Claude Milner © Frédéric Brenner

© M. Avanzabo / F. Brenner (montage LC)
Eric Vuillard / Jean-Claude Milner.

Cela risque d’être une rencontre fort savoureuse que celle du romancier Éric Vuillard et du linguiste et philosophe Jean-Claude Milner. Le premier, qui s’est fait une spécialité de remettre par le biais du roman l’histoire à l’endroit, a publié à la rentrée de septembre le magnifique 14 juillet, où pointait, derrière la précision des détails historiques de ce seul jour et le style jouissif de l’auteur (comme toujours chez lui), le miroir de notre époque.

Le second publie Relire la révolution, une relecture, donc, de l’idéal et de l’essence de la révolution sous le prisme de la linguistique, qui pose la question : qu’est-ce qu’une révolution ? En interrogeant la fin de la “croyance révolutionnaire” au XXIe siècle, Milner pointe la révolution française non comme un modèle, trop de fois détourné, pour les révolutions suivantes, mais comme un absolu : la seule véritable révolution, donc de nouveau accessible, par des “êtres parlants”.

Vuillard-Milner ou deux relectures contemporaines de la révolution qui devraient faire des étincelles.

No(s) révolution(s) – Dialogue entre Éric Vuillard et Jean-Claude Milner
Samedi 11 mars à 11h, Magic Mirror.

Impossible Thierry Hesse

Thierry Hesse © Patrice Normand

© Patrice Normand
Thierry Hesse.

Le Roman impossible, que réussit malgré tout à écrire Thierry Hesse, porte sur Malik Oussekine, les circonstances douteuses de la mort de ce jeune homme victime d’une violence policière dont la récente mésaventure de Théo à Aulnay-sous-Bois montre la persistance. Avec humour, l’écrivain témoigne de ses difficultés à mener son récit, s’engageant sur des chemins inattendus, d’autres vraies-fausses pistes de roman, quand il ne décrit pas les terribles problèmes cutanés qui l’affligent. Un roman impossible diablement réussi !

Il en parlera avec Didier Castino, qui se penche aussi sur la figure de Malik Oussekine, et Ivan Jablonka qui a consacré un livre bouleversant à Laëtitia Perrais, cette jeune fille qui connut un sort tragique un soir de janvier 2011. Un dialogue à trois qui aura pour objet de définir la place du fait divers dans la littérature contemporaine.

Ceci n’est pas (seulement) un fait divers – avec Ivan Jablonka, Didier Castino et Thierry Hesse
Samedi 11 mars à 12h45, salle des Parieurs.

Mémoire de Djavadi

Négar Djavadi © Philippe Matsas / Opale

© Philippe Matsas / Opale
Négar Djavadi.

Parmi les quelques centaines de livres parus à la dernière rentrée littéraire, Désorientale (prix du style du mensuel Lire) a tiré son épingle du jeu. Ce premier roman de Négar Djavadi mêle habilement new wave 80s et révolution iranienne. Il décrit le parcours de l’auteure qui, enfant, fuit l’Iran de Khomeiny pour se retrouver à Paris. Les souvenirs remontent alors qu’elle est enceinte, après une PMA.

Son attirance pour le rock sombre et la ravissante bassiste d’un groupe underground, l’histoire de sa famille sur trois décennies (depuis le harem de l’arrière-grand-père jusqu’au militantisme d’aujourd’hui), l’errance depuis la Turquie jusqu’à la France, puis la Belgique, autant de réminiscences que Négar Djavadi restitue dans un désordre captivant et parfaitement maîtrisé.

À Bron, elle confrontera ses souvenirs à ceux de Shumona Sinha, qui décrit dans Calcutta comment elle a quitté l’Inde pour la France.

La vie est ailleurs ? – Rencontre entre Négar Djavadi et Shumona Sinha
Samedi 11 mars à 16h15, salle des Parieurs.

Marie Modiano en concert

Marie Modiano © F. Mantovani / Gallimard

© F. Mantovani / Gallimard
Marie Modiano.

Il devrait être illégal de replacer une auteure dans sa filiation et dans son mariage, fille de, femme de. Mais Marie Modiano est la fille de Patrick, ce n’est pas rien. Et la femme du musicien suédois Peter Von Poehl, qui met souvent en musique ses textes (poésie ou chansons, car Marie chante et compose) quand elle écrit parfois ses textes, échange de bons procédés.

À Bron, le couple donnera chair et musique au dernier livre de Marie, Lointain, qui revient notamment sur une histoire qu’on a fini par prendre pour une légende : sa rencontre en 1994 sur le pont des Arts avec un type qui fait la manche, détenteur d’un énorme manuscrit. Ce manuscrit, c’est Le Seigneur des porcheries, l’un des plus grands romans de la fin du XXe siècle, que Modiano père aidera à faire publier. Le type, c’est donc Tristan Egolf, chic type et écrivain torturé, suicidé en 2005, jamais nommé ici mais qui offrira à Marie un amour de jeunesse ineffaçable.

Lointain – Concert littéraire avec Marie Modiano et Peter Von Poehl
Samedi 11 mars à 20h30, à l’espace Albert-Camus.
Suivi par un “concert littéraire dessiné” de Fabio Viscogliosi et Jochen Gerner.

Dimanche 12 mars

On suit Dubois

Jean-Paul Dubois © Patrice Normand / Opale

© Patrice Normand / Opale
Jean-Paul Dubois.

Avec La Succession, Jean-Paul Dubois a une nouvelle fois conçu un de ces romans qui happent le lecteur, sans rémission. Son narrateur, “Paul”, se débat dans d’insolubles problèmes liés à des déboires familiaux et professionnels. À ce double littéraire, il prête son regard désabusé sur la tragi-comédie humaine qui l’entoure. Un homme qui répugne à l’action jusqu’au moment où, forcé par les événements, il s’y décide. La spécificité de ce nouvel opus étant que le protagoniste se débat avec un sérieux problème d’atavisme suicidaire qui frappe sa famille.

L’auteur d’Une vie française (prix Femina 2004), grand admirateur de John Updike, est hanté par la violence contenue, le désordre intérieur qui se manifeste soudain et rompt le cours faussement tranquille des existences corsetées.

NB : On retrouvera la plume caractéristique de Jean-Paul Dubois dans l’adaptation théâtrale de son antépénultième roman, Le Cas Sneijder, interprété par Pierre Arditi, aux Célestins en mai.

Grand entretien avec Jean-Paul Dubois – Dimanche 12 mars à 16h15, salle des Parieurs.
Le Cas Sneijder – Du 16 mai au 3 juin, au théâtre des Célestins.

BB, un cormoran sur scène

Bertrand Belin © Pierre Jérôme

© Pierre Jérôme
Bertrand Belin.

Où l’on retrouve Bertrand Belin, ce drôle d’auteur-compositeur. Une formule qui vaut autant pour ses livres, ramassés comme des chansons, éclats de phrases courtes et de répétitions, d’obsessions, de gravité et de pince-sans-rire mais un peu quand même.

“Toujours est-il qu’il s’agit bien d’un cormoran. Un cormoran s’est pris dans le milieu du filet droit pendant la nuit. Il était comme une torpille à fureter dans le fond près de l’ancienne passe quand il s’est fichu la tête dans le rideau de mailles.” Ainsi commence Littoral, le deuxième roman de Belin le baryton rock. Par un “Toujours est-il” et par un cormoran. Bien vite, “tout le monde est au courant”, la phrase s’infiltre dans le texte comme une gangrène et comme un refrain. S’agirait-il de l’incident du cormoran ? On pourrait le croire. La chose est plus grave et concerne “l’armée du pays”, occupante, dans la baie de Quiberon, un patron de pêche excédé au point de commettre l’irréparable mais quoi ? On le saura par le truchement de l’écriture tout en écume de Belin léchant ce Littoral à coups d’ellipses et d’inquiétante étrangeté.

Bertrand Belin / Littoral – Clôture du festival
Dimanche 12 mars à 17h30, Magic Mirror.

Fête du Livre de Bron – Vendredi 10, samedi 11 et dimanche 12 mars, à l’hippodrome de Parilly.

www.fetedulivredebron.com

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