Denis Trouxe
© Tim Douet

Haro sur le Walter !

"Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain" lance Denis Trouxe. L'ancien adjoint à la culture est à l'origine des Subsistances, dont il prend la défense alors que la gestion de son directeur Guy Walter est mise en cause par la chambre régionale des comptes.

Denis Trouxe, adjoint à la culture sous Raymond Barre © Tim Douet

© Tim Douet
Denis Trouxe, adjoint à la culture sous Raymond Barre.

Haro sur le Walter ! Ou mieux, parlons tout de suite de Walter Bashing. Vous savez. Guy Walter, directeur des Subsistances et de la Villa Gillet, la vedette de deux Rapports consécutifs de la Cour des Comptes. Quand un homme est attaqué de cette manière, je le supporte mal, même si l’homme en question ne compte pas parmi mes amis et qu’en dehors de mes visites aux Subsistances, je ne le rencontre jamais. Ce que l’on retient en premier lieu de ces Rapports, même s’ils contiennent d’autres pertinentes observations, c’est le salaire, les notes de frais, et la faiblesse de résultats en termes artistiques ou de rayonnement. Alors là, c’est un comble.

Et les rapports des activités artistiques ?

Cette indignation de départ ne signifie en aucune manière une critique de la Cour des Comptes composée de professionnels perspicaces qui savent travailler. Ce que l’on peut remarquer, c’est que leurs talents se situent surtout dans le domaine de la comptabilité ou des pratiques administratives, souvent défaillantes un peu partout dans nombre d’associations. Leur travail, c’est la règle, le respect des procédures, l’utilisation des subventions, les résultats, la protection des intérêts des contribuables… Et si l’on considère les deux Rapports, on s’aperçoit qu’en face, il manque celui concernant les retombées qualitatives qui pourraient être présentées par une commission digne de ce nom en matière d’expertise, de neutralité et de connaissances artistiques. Le champ est donc laissé libre pour que la tendance - en tous cas celle du lecteur de média - soit d’aller sur un autre terrain pour juger la performance d’un établissement culturel, c’est-à-dire sur celui des notes de frais et du salaire par exemple.

Et le salaire des autres ?

De mon temps d’Adjoint, je me souviens que les directeurs de l’Opéra, de l’Orchestre National de Lyon, de l’Orchestre de l’Opéra, du Théâtre des Célestins… avaient des rémunérations largement supérieures en francs constants, alors que Guy Walter dirige deux établissements. Lorsque l’on parle de salaire, on a toujours l’impression que l’on pourrait se faire battre la moitié des Français contre l’autre moitié. L’autre, d’une façon générale, semble toujours trop payé. Surtout lorsque l’on ne sait pas ce qu’il fait, ce à quoi il sert. Tout le monde sera sensibilisé par les Rapports de la Cour des Comptes, moi-même je suis interpellé par certains faits concernant le fonctionnement, bien qu'ils soient, à mon avis, trop présentés à la hache.

"Non iacta cum infantem bathwater"

Guy Walter ()

© Tim Douet
Guy Walter, directeur des Subsistances et de la villa Gillet

Mais saura-t-il, ce monde, ce que représentent vraiment la Villa Gillet ou les Subsistances ? Surtout s’il n’y a jamais mis les pieds… Pour l’instant, c’est la séquence juridico-comptable qui parle. Or la culture, comme l’enseignement, est souvent déficitaire. Sans ce déficit, la plupart des Français n’y aurai t pas accès. Nous préférerions savoir si Guy Walter a bien ou mal fait son travail ! Nous aimerions connaitre l’opinion des intellectuels, des artistes, des universitaires, des étudiants, des amateurs de littérature ou de philosophie… Bref, avoir une évaluation des missions accomplies en fonction des objectifs fixés. Un jour on nous affirme que le « Festival du Roman » réalisé aux Subsistances par la Villa Gillet est un des plus importants du monde, il suffit de lire la presse nationale et internationale à ce sujet. Un autre jour, on oublie tout ça et voilà le Walter bon pour la trappe.

Et le contrôle ?

Et les autres partenaires ou tutelles, ont-ils bien fait leur boulot ? Pardonnez-moi de rappeler des faits que j’ai connus lorsque j’étais Adjoint. J’avais convaincu les services de la mairie qu’il fallait contrôler quotidiennement les comptes de la plus importante institution culturelle de la ville. Sur mon insistance, un fonctionnaire a été délégué spécialement pour ça. Miracle, les pertes futures, annoncées en novembre pour l’année suivante, se sont transformées en bénéfice six mois après. Mais il n’en restait pas moins que l’équipe artistique était formidable et qu’elle avait conduit l’Opéra au statut prestigieux - après celui de Paris - d’Opéra National.

Des institutions innovantes

Alors ? Où est l’évaluation artistique dument justifiée et légitimée du travail de la Villa Gillet et des Subsistances? Peut-on dire que la première depuis 25 ans et la seconde depuis 15 ans n’ont rien apporté à Lyon en termes d’innovations, d’expérimentation, de création et de rajeunissement de l’activité culturelle de notre région ? 192 compagnies ont été accueillies aux Subs en quatre ans. Et l’on parle de copinage ? A partir de quel nombre le copinage disparait-il ? Il faut n’avoir jamais consulté leur press-book pour répondre négativement. Lyon a créé les Subs bien avant le 101 de Paris qui est considéré comme son équivalent. Et qui a obtenu ces résultats ? Qui était à la direction ? Villa Gillet et Subsistances sont devenues en peu de temps des institutions phares. Elles continuent à être saluées par toute la France culturelle. Voilà l’autre Rapport qu’il faut mettre en face de ceux de la Cour des Comptes. Après, on tranchera.

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