État civil : une plateforme pour lutter contre les “enfants fantômes”

Selon l’association Regards de Femmes, au moins 65 millions d’enfants chaque année ne sont pas déclarés à la naissance. Pour sensibiliser à cette problématique, l’ONG lyonnaise a décidé d’ouvrir une plateforme numérique : “Un état civil pour chaque enfant”. Pour la créer, elle lance une opération de financement participatif le 15 septembre.

“La non-déclaration à la naissance est un phénomène trop peu connu, déplore Michèle Vianès, la présidente de Regards de Femmes. Pourtant, aujourd’hui, dans le monde, un enfant sur trois n’est pas déclaré à la naissance, en particulier dans les pays pauvres. Cela représente au moins 65 millions d’enfants par an.” L’association lyonnaise, en partenariat avec les associations de terrain avec qui elle travaille, notamment en Afrique, a décidé de créer une plateforme numérique : “Un état civil pour chaque enfant”. L’objectif est de sensibiliser les États à l’importance de cette déclaration des naissances et d’informer les populations sur la question.

Enfants non déclarés : la porte ouverte aux “trafics les plus violents”

Une campagne de financement participatif de ce support numérique aura lieu du 15 septembre au 31 octobre. Objectif : récolter 18 000 euros. “Le lancement de la plateforme se fera en deux temps, précise Michèle Vianès. La première phase aura lieu en mars 2018, lors de la 62e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies, à New York. Puis le lancement officiel se fera en mai-juin 2018 à Lyon.”

La non-déclaration à la naissance entraîne des conséquences terribles, selon Michèle Vianès : complications pour l’inscription à l’école et l’accès à la santé, pas de possibilité d’avoir un compte en banque, un appartement ou un terrain, de se marier légalement, d’hériter, de passer des examens, de voter, de se déplacer… “Cela facilite aussi les trafics les plus violents, ajoute-t-elle. En Amérique du Sud en particulier, il existe un énorme trafic de prélèvements d’organes sur les enfants et les adultes sans état civil. Et, dans les pays où la préférence est donnée aux enfants de sexe masculin, un grand nombre de filles ne sont pas déclarées à la naissance, ce qui entraîne de nombreux infanticides féminins.”

La “clé pour entrer dans le monde”

La plateforme contiendra toutes les conventions internationales et régionales contraignant les États à enregistrer toutes les naissances, ainsi que les données mondiales concernant ces enfants “fantômes ou morts-vivants”. Elle permettra également de se renseigner sur les actions menées par les partenaires de Regards de Femmes à l’international sur cette question.

Les membres de l’association souhaitent également inciter les villes de la région Auvergne-Rhône-Alpes à mettre en place des actions de coopération décentralisée avec des communes de pays francophones sur la question de la déclaration à la naissance. “Nous qui avons la chance d’être nés dans un pays où l’état civil existe depuis 1793, nous avons un devoir de solidarité envers ces hommes et ces femmes afin de les aider à accéder à cette clé pour entrer dans le monde”, souligne Michèle Vianès.

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