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Le Progrès : l'infographie qui crée le scandale

Le quotidien lyonnais Le Progrès a publié ce mardi une double page sur la délinquance dans le Rhône, catégorisée par nationalité. Toute la journée, les réactions se sont enchaînées : politiques, spécialistes du droit, journalistes, associations ou même citoyens ont commenté l'article, mais tous ne dénoncent pas une infographie "raciste". (Mise à jour à 19h35)

Le sujet fait la une, et pas seulement celle du quotidien. Le Progrès frappe fort ce mardi 22 avril, avec

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un article intitulé: "Délinquance, criminalité organisée: qui fait quoi dans le Rhône?". A priori, il s'agit d'un article comme un autre sur les différents crimes et délits relevés par la police, appuyés par des chiffres, et décryptés par les journalistes dans une infographie à vertu pédagogique. Or, la double page fait bien état des différents actes de délinquance, mais en les attribuant à des groupes ethniques, comme les Roms, ou à des individus d'une nationalité autre que Française, "les Marocains", "les Russes" etc. Seulement, l'article ne semble pas faire la distinction entre la nationalité et l'origine.

C'est bien là que le bât blesse. Les statistiques basées sur des critères ethno-raciaux n'étant pas autorisées en France (ce que précise le quotidien) aucune preuve des propos avancés n'est apportée dans l'article. "Nous avons interrogé les services de police, de gendarmerie et des douanes qui nous ont donné les grandes tendances basées sur leurs observations et les arrestations" peut-on seulement lire en introduction. Effectivement, des agents sont cités dans l'article, mais de façon anonyme. Et de s'appuyer sur un rapport du Sirasco sur lequel LeMonde.fr s'était penché en décembre 2013. L'infographie publiée dans le quotidien du soir n'avait pas suscité la même émotion.

"Diffamation raciale"

Depuis ce matin, les réactions indignées pleuvent. Sur Twitter d'abord, Me Eolas, avocat-bloggeur parisien, multiplie les commentaires. Le buzz atteint la capitale en début d'après-midi, et les médias nationaux s'emparent de l'information. En fin d'après-midi, Le Petit Journal de Canal+ débarque dans la rédaction lyonnaise.

capture d'écran Twitter

Les politiques et les associations ne sont pas en reste. "Cet article ignoble est ouvertement discriminatoire, en associant des délits à des ethnies ou à des habitants dits de ‘’quartier ’’" réagissent les communistes du Rhône dans un communiqué. "Quelle information le Progrès veut-il donner, quelle réflexion veut-il faire naître si ce n’est de stigmatiser de façon honteuse des populations et des quartiers entiers ?" poursuit le PCF, se réservant "le droit de donner suites à cette publication" à l'instar de la Licra. "C'est purement scandaleux" a ainsi réagi Alain Jakubowicz, président de la Licra, contacté par Lyon Capitale. "Si c'est de l'idéologie, ce n'est pas le Progrès que j'ai connu, si c'est de l'incompétence, c'est presque pire", ajoute l'avocat lyonnais, "atterré" par l'article.

Dénonçant du "journalisme de caniveau" les Jeunes socialistes commentent à leur tour l'article en question. "Cette initiative désastreuse insulte des millions de citoyens et est digne d’un journal d’extrême droite" écrivent-ils, demandant des "excuses" au quotidien. A contre-courant, Florian Phillipot félicite le journal sur Twitter: "Bravo au Progrès de faire son travail et de rappeler l'impact de l'immigration massive sur tous les types de délinquance!" écrit le vice-président du Front national.

Tweet de Florian Philippot

Màj à 19h35: En fin de journée, Le Progrès a réagi à cette polémique sur son site internet. "Si des lecteurs ont été choqués, nous tenons à nous excuser et à rappeler nos intentions" peut-on notamment lire dans le message de la rédaction en chef. L'intégralité du dossier publié en version papier est désormais disponible gratuitement sur le site du quotidien, pour que les lecteurs puissent "disposer de tous les éléments nécessaires à la compréhension."

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