Le JT de D. Pujadas, "un pur produit de divertissement" selon Acrimed

A l'occasion du 9e anniversaire d'Acrimed Rhône, l'association a organisé, ce samedi 5 novembre, une journée "Critique des médias dans tous ses états". Diverses animations ont été organisées à la MJC du Vieux Lyon. Parmi celles-ci, un atelier visait à "décrypter le journal télévisé". Un produit très largement critiqué par l'association.

Chaque jour, le journal télévisé réunit près entre 4 à 5 millions de téléspectateurs, sur TF1 et France 2. Un produit journalistique qui traverse les époques et qui occupe une place importante dans l'histoire de la télévision.

Un parfait angle d’attaque pour l’association Acrimed (action, critique, médias) créée en 1995 et qui se définit comme un "observatoire des médias dont le but est d’apporter d'une critique médiatique indépendante, radicale et intransigeante".

"A Acrimed, nous critiquons tous les formats journalistiques. Nous voulons politiser la question des médias pour obtenir du changement. En convaincant les gens, nous espérons faire bouger les choses", affirme Blaise Magnin, membre de l'association Acrimed à Paris.

C’est donc lors d'un atelier intitulé "décryptage du journal télévisé" que Blaise Magnin a analysé le JT de David Pujadas, diffusé sur France 2. S'appuyant sur celui du 26 octobre 2016, il a jugé la production de la chaîne publique, sujet après sujet. Le tout face à un public tout aussi critique. Pendant près d'1 h 30, discussions et échanges se sont ainsi succédé.

"Un JT très commercial"

Comme l'explique Blaise Magnin, le journal télévisé est un produit particulièrement important dans l'industrie de la télévision. Pour les chaînes, qu'elles soient publiques et privées, il s'agit d'une véritable course à l'audience. D'autant plus que c'est à ce moment que les recettes publicitaires sont les plus importantes.

Selon l'intervenant, ce "JT très commercial" se traduit par un "enchaînement infernal et insoutenable" de sujets. "Le but est de garder le téléspectateur du début à la fin. Ils en viennent jusqu'à placer des sujets jugés attractifs à 20h25, heure où commence la série Plus belle la vie sur France 3", affirme Blaise Magnin.

"On n'apprend rien"

"Les chaînes n'ont aucune volonté d'éducation. C'est un pur produit de divertissement", explique l'orateur. Ce dernier s'est ainsi attardé sur les choix et sur la hiérarchie des sujets par la chaîne. Il souligne l'abondance de faits divers et regrette notamment le manque de traitement de reportages internationaux.

Dans une étude publiée en 2014, Acrimed avait, d'ores-et-déjà, qualifié le JT de France 2 de "pot-pourri de faits divers". Les sujets politiques et internationaux n'occupant qu'une place minoritaire selon cette même étude. Un sentiment visiblement partagé par de nombreuses personnes présentes ce jour : "Il y a longtemps que je ne regarde plus le JT car on n'y apprend rien", témoigne un homme venu assister au débat.

Le membre d'Acrimed a tout de même nuancé ces propos en admettant qu'il n'est "vraisemblablement pas possible de traiter l'actualité à tous les niveaux".

"Des sujets complètement biaisés"

Enfin, une des principales critiques formulées lors de cet atelier concerne le manque d'indépendance des chaînes dans le traitement de l'information. "On nous présente des sujets institutionnels, les sujets sont complètement biaisés et les propos sont trop souvent orientés" déclare Blaise Magnin. Il a appuyé ses propos en analysant un reportage la Jungle de Calais : "le sujet s'ouvre et se termine sur les mots de la préfète. C'est un sujet entièrement institutionnel".

Et pourtant, le journal télévisé perdure depuis plus de 60 ans sur les grandes chaînes de télévision françaises. Alors, produit incontournable ou dépassé ? "Je pense que d'ici 20 ans, cette forme d'information n'existera plus. Les jeunes ne regardent pas le JT et ne le regarderont probablement jamais", conclue Blaise Magnin.

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