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Fin de la grève : les éboueurs se donnent huit jours pour nettoyer la ville

La mine déconfite et les traits tirés, les syndicats du Grand Lyon ont fait voter la fin de la grève aux éboueurs hier et ce matin dans les dépôts. Ils ont obtenu, mardi soir, des engagements écrits de la part de l'exécutif du Grand Lyon. Les retenues sur salaire vont maintenant s'étaler sur six mois. Les poubelles, elles, devraient toutes être ramassées sous huit jours. Récit.

Après avoir obtenu un courrier signé de la main du directeur général des services (DGS), Benoit Quignon, en date du 27 mars, s'engageant à revenir en régie en 2017 aux centres-villes de Lyon et de Villeurbanne, les syndicats du Grand Lyon ont sifflé la fin du match jeudi matin. Ils ont également obtenu un samedi sur deux de repos pour les éboueurs dès le 2 novembre.

"Une huitaine de jours pour faire le ménage dans les rues"

Ils ont donc fait voter la fin de la grève à Gerland mercredi matin, et ce jeudi matin à Villeurbanne où une quarantaine d'agents constituant "le noyau dur" des grévistes a finalement accepté de lâcher, non sans amertume. "L'accord de 2003 sur un samedi sur deux n'a jamais été respecté, ils ont peur que celui de 2012 ne le soit pas non plus" explique Armand Creus (UGICT/CGT). Le préavis de grève n'en sera pas moins levé à partir de dimanche soir minuit et 100 % des effectifs devraient être de retour au travail lundi. "Il faudra une huitaine de jours pour ramasser toutes les poubelles dans les rues", estime Djamel Mohamed, délégué syndical CGT. En théorie, les éboueurs ne doivent pas toucher aux sacs situés en dehors des bacs. Or ceux-ci s'étalent sur les trottoirs depuis quinze jours dans le Grand Lyon. "Mais le règlement de la collecte prévoit un ramassage des sacs situés en dehors des bacs en cas de situation exceptionnelle, comme c'est le cas aujourd'hui", précise Djamel Mohamed, "uniquement les sacs inférieurs à 15 kilos".

Les syndicats restent vigilants

Les syndicats, Armand Creus (UGICT/CGT), Djamel Mohamed (CGT) et Lotfi Ben Khelifa (FNACT/CFTC) en tête, se disent maintenant inquiets des pressions que pourraient subir les grévistes dans les prochains jours. 111 sur 436 sont actuellement en arrêt maladie. "Après les attaques en justice du Grand Lyon, l'assignation au tribunal des syndicats et les menaces de sanctions disciplinaires individuelles relayées par certains cadres zélés, nous serons très vigilants", prévient Armand Creus (UGICT/CGT). Lotfi ben Khelifa (FNACT/CFTC) rappelle lui que "le préavis de grève n'est pas encore levé, il ne le sera que dimanche soir à minuit". En cas de pression sur les grévistes, il n'exclut pas de remettre en cause la levée du préavis de grève.

Mercredi 4 avril prochain, les syndicats et la direction vont maintenant se réunir pour se mettre d'accord sur "les conditions de la reprise". Dès le 2 novembre, le Grand Lyon promet de donner aux agents un samedi sur deux de repos, grâce à une réorganisation du travail sur le modèle de Givors et Grigny. Syndicats et direction générale devront réfléchir ensemble à cette réorganisation. De la même façon, en 2014, la direction s'est engagée à donner tous leurs samedis aux agents. Pour le retour du marché en régie en 2017, Benoit Quignion, directeur général des services, est resté assez flou en revanche : "Ce retour devra faire l'objet en amont d'un travail préparatoire sur les conditions d'organisation intégrant les nouveaux cycles de travail", précise le DGS dans son courrier du 27 mars.

Bientôt une commission déchets au Grand Lyon ?

Après trois semaines de grève − "une durée historique au Grand Lyon", estime Armand Creus −, les agents éreintés ont obtenu un étalement de leurs retenues sur salaire à raison de "2 à 3 jours par mois sur les six prochains mois". "Contrairement à ce que dit M. Cochet (lire ici), le Grand Lyon n'a jamais payé un seul jour de grève à ses agents", précise le syndicaliste. "Le député-maire de Caluire ne devrait pas faire sa campagne sur le dos des agents", lâche Djamel Mohamed. Tandis que Lotfi Ben Khelifa ne "supporte pas de recevoir des leçons" de la part d'un "absentéiste chronique à l'Assemblée nationale".

Déçus de ne pas avoir obtenu le retrait du marché de la délégation de service public au privé sur Lyon et Villeurbanne (2013-2017), les syndicats espèrent maintenant que les groupes politiques du Grand Lyon vont prendre le relais. Ils les appellent à ne pas voter, le 16 avril prochain, la délibération qui leur sera soumise en vue de valider ce marché. Demain, vendredi 30 mars, Eric Lafond (MoDem), Etienne Tête (EELV) et Baptiste Dumas (radical de droite) donnent justement une conférence de presse commune pour appeler à la création d'une commission spéciale au Grand Lyon en vue de réviser la politique locale de traitement des déchets. Le Parti communiste avait déjà émis l'idée de la formation d'une "commission politique" sur le sujet, le 22 mars. Aucun des groupes politiques n'a en revanche encore fait savoir comment il voterait le 16 avril.

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