A Lyon, le combat pour que les sans-abri ne soient pas les oubliés

Malgré un nombre de décès aussi, voire plus important, les moyens mis en œuvre pour venir en aide aux sans-abri sont moins conséquents en été qu'en hiver. Des aides existent malgré tout, à destination des plus démunis, tout au long de l'année.

Si la situation dramatique des sans-abri est connue de tous en période hivernale, la "politique du thermomètre" fait oublier qu’ils ne meurent pas qu’en hiver. Il y aurait d’ailleurs autant voire plus de morts l’été car les moyens mis en œuvre sont moins importants. Des aides sont proposées par les associations et la Ville de Lyon afin d’aider les plus démunis à tout moment de l’année, mais certains estiment qu’il y a une absence de solutions sur le long terme de la part des politiques.

Les dispositifs d’aide de la Ville de Lyon : entre solidarité et crainte d’un recul du social

Des aides alimentaires sont proposées à Lyon pour aider les plus démunis : restaurant social, distributions de repas, épiceries solidaires. Le restaurant social municipal (Lyon 3e, 19 rue Etienne Dolet) prépare et sert des repas tous les midis, du lundi au vendredi. En 2014, 69 000 repas ont été servis par le restaurant social de Lyon. Des associations prennent également le relais en distribuant des repas ou de produits alimentaires : Restos du Cœur du Rhône, aides alimentaires de la Croix-Rouge de Lyon, soupes de nuit de l'Armée du Salut.

La fermeture des bains-douches a provoqué la colère de nombreuses associations qui ont vu là un recul du social à Lyon

Plusieurs actions sont mises en place par la Ville de Lyon pour la santé et l’hygiène afin d’aider les plus démunis. Les bains-bouches municipaux à Lyon sont gratuits et ouverts à tous. En 2014, le nombre d’accès à ce service s’élevait à 30 617. Mais la fermeture des bains-douches de l'impasse Flesselles (Lyon 1er) en début d’année a provoqué la colère de nombreuses associations qui ont vu là un recul du social à Lyon. Ce service public est maintenant centralisé à Gerland, rue Delessert (Lyon 7e).

Enfin, la veille sociale pour l'hébergement des plus démunis s'appuie sur deux systèmes : une veille sociale téléphonique avec le 115, et une veille mobile constituée d’équipages de maraudes diurnes qui circulent en bus dans toute l'agglomération lyonnaise, du lundi au samedi.

Foyer Notre-Dame des Sans-Abri (Lyon 7e) : 415 000 repas préparés et 355 800 nuitées en centre d’hébergement

Le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri est une association loi 1901 reconnue d’utilité publique. Créée à Lyon en 1950, elle intervient dans la Métropole de Lyon et le département du Rhône.

Quelle que soit la saison, il n’y a aucune baisse de vigilance : "En hiver, la cause de décès des sans-abri est souvent autre chose que les températures. Ce sont plutôt les accidents, violences, maladies. Nous continuons de rester vigilants en été, il y a autant de morts, voire plus. Nous accueillons environ 300 personnes dans les accueils de jour et 1200 personnes dans les centres d’hébergement le soir. Mais avec les départs en vacances d’été de plusieurs membres, nous sommes toujours à la recherche de bénévoles", selon Sébastien Guth, de Notre-Dame des Sans-Abri.

L’association compte 1580 bénévoles et 285 salariés. Elle dispose d’une trentaine de sites : des accueils de jour, des centres d'hébergements d'urgence, des hébergements d'insertion, des ateliers d'insertion. Notre-Dame des Sans-Abris propose également des prestations concernant l’hygiène : douche, douche médicalisée, point santé, vestiaire de dépannage.

Chaque année, environ 6 000 personnes différentes sont aidées dans les différentes structures du foyer. En 2015, cela a représenté 355 800 nuitées et plus de 415 000 repas servis.

Collectif Les Morts de la Rue : "C'est scandaleux, ces "rustines" qui ne règlent pas le problème des sans-abri"

Le collectif Les Morts de la Rue est une association loi 1901 créée en 2002. Elle dispose de statistiques sur la mortalité des personnes sans-abri. Selon un rapport publié en novembre 2015 sur les décès 2014, les personnes décédées étaient majoritairement des hommes (88,1 %), ils avaient 49 ans en moyenne, ce qui représente 30 années de moins que l’espérance de vie de la population générale (79 ans). Ils sont décédés en majorité de causes externes (accidents, agressions) pour les plus jeunes, et de maladie pour les plus âgés.

Selon le collectif, on ne s’attaque pas aux causes profondes du problème des sans-abri en ne l’abordant que sous l’angle du danger des températures extrêmes. "C’est être dans la rue qui tue ! C’est un drame toute l’année : insécurité, problèmes de sommeil, maladies, accidents, absence de stabilité sociale. C’est notre société qui ne marche pas", selon Cécile Rocca, du collectif.

"Cela reviendrait bien moins cher pour notre société si on évitait qu’une famille soit à la rue"

"Le 115 devrait être réservé pour les urgences : des hébergements d’urgences si un incendie se produit dans mon logement, ou en cas de violences conjugales. Mais c’est scandaleux ces « rustines » qui ne règlent pas le problème des sans-abri. C’est le mythe de l’urgence, en hiver ou en été, alors que le problème est chronique", affirme Cécile Rocca.

Elle dénonce également des stratégies purement électorales qui font que les politiques ne cherchent pas de solutions durables : "C’est un travail de long terme, il y a urgence d’agir. En plus, la prévention est moins chère que toutes les choses qui sont mises en places ! Cela reviendrait bien moins cher pour notre société si on évitait qu’une famille soit à la rue."

Selon elle, les sans-abri sont traités comme des "indésirables" dans notre société. Rue89Lyon a d’ailleurs mis en place une carte collaborative pour signaler les dispositifs anti-SDF à Lyon. Le collectif Les Morts de la Rue appelle ainsi à la responsabilité citoyenne afin que les citoyens se mobilisent pour faire comprendre aux politiques qu’il s’agit là d’un problème de haute importance.

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