La prostitution lyonnaise dans tous ses états

Moins visible donc moins gênante pour les riverains, la prostitution est aussi “indoor”. Puisque cachée, elle est difficile à quantifier. Tour d’horizon des principales manières de se prostituer.

En camionnette
Le phénomène est apparu au début des années 2000 puis s’est accéléré sous les effets des arrêtés municipaux et de la loi de sécurité intérieure de 2003.
Localisation : À Gerland (Lyon 7e) et en périphérie, dans le Val de Saône, route de Chambéry, à Valence, Vienne
Nombre : Environ 140 : 70 à Gerland et autant à l’extérieur de Lyon
Tarif : Entre 20 et 50 euros
Qui sont-elles ? :

  1. Les anciennes. Qu’elles soient françaises, portugaises ou brésiliennes, elles sont âgées de plus de quarante ans et ont généralement connu plusieurs formes de prostitution (hôtel de passes, trottoir, appartement,…). Elles ne représentent pas plus de 20% de l’ensemble des prostituées (source : Brigade de préservation sociale de la sûreté départementale – BPS). Elles travaillent en indépendantes en camionnette depuis l’arrivée des filles de l’Est et sous la pression, disent certaines, de la police qui les embarquait pour racolage.
  2. Les Africaines francophones. Elles sont essentiellement camerounaises (30% des femmes étrangères prostituées, source : BPS). Les plus anciennes se prostituent de manière indépendante. Elles viennent parfois de Paris, de Saint-Etienne, de Suisse ou même de Haute-Savoie pour travailler. Les plus jeunes ont généralement un “contrat” plus ou moins contraignant avec une personne pour la “location” de la camionnette.

À pied
Les prostituées à pied ont remplacé les camionnettes lorsqu’elles ont été totalement interdites de Perrache en juillet 2007.
Localisation : Essentiellement à Perrache. à Gerland et secteur Université (Lyon 7e).
Nombre : Environ 60
Tarif : Entre 20 et 150 euros (pour une prestation à l’hôtel)
Qui sont-elles ? :

  1. Les Albanaises. Les premières “filles de l’Est” à être venues en nombre à la fin des années 90 ne sont plus qu’une dizaine cours Charlemagne. C’est logiquement le premier gros réseau “d’importation” à avoir été jugé, à Lyon, en 2000. À l’issu du procès sept personnes ont été condamnées. Selon les “mœurs”, “beaucoup de filles sont restées travailler. Elles ont un listing d’une cinquantaine à une centaine de clients fidèles. À 150 euros la passe à l’hôtel, elles ne travaillent que cinq heures par jour”.
  2. Les Roumaines. Dans l’ordre chronologique, elles sont arrivées après les Albanaises. Elles ne représentent plus que 10% des étrangères (source : BPS) après avoir représenté plus de la moitié. Pour la police, il s’agit de l’effet du démantèlement successif de deux réseaux, l’un en 2005 d’une cinquantaine de filles, l’autre en 2007 d’une centaine de filles. Onze filles seraient restées se prostituer. Dans le cas du premier réseau, celui dit du “clan Gologan”, une fille pouvait rapporter 30 000 euros en trois mois.
  3. Les Africaines anglophones. Pour la plupart du Nigeria ou de Sierra Leone (25% des femmes étrangères prostituées, source : BPS), ces femmes commencent aussi à se prostituer en camion. Le système de la dette est central pour comprendre ce phénomène puisqu’une femme peut devoir rembourser aux membres du réseau jusqu’à 60 000 euros (lire encadré sur l’affaire Liza).

Via Internet : les escorts
Mode de racolage qui émerge depuis deux ans sous l’effet du développement des nouvelles technologies.
Localisation : Dans les hôtels à proximité des gares Part-Dieu et Perrache et, plus rarement, en appartement
Nombre : 80 selon la BPS
Tarif : Entre 150 et 200 euros
Qui sont-elles ? : Des prostituées de toutes nationalités passent généralement par un site spécialisé type “Escort Annonce”. Le site diffuse des photos, l’emploi du temps de la personne et ses prestations. Généralement, il s’agit de tournées organisées dans toute la France. Un numéro de portable renvoie à une plateforme qui prend les réservations. Selon les mœurs, la moitié des gains va à la prostituée et l’autre moitié à l’organisateur, qui peut tomber pour proxénétisme. Une prostitution plus occasionnelle trouve sa place sur des sites comme Meetic ou Vivastreet, sous l’effet du développement de la précarité.

Précisions

  • Le peu d’études sur les publics qui se prostituent impliquent une grande prudence dans la description du phénomène d’autant que la prostitution est une activité tolérée mais dont l’organisation est pénalisée (le proxénétisme).
  • Conséquence : un réseau de telle nationalité peut être démantelé par la police, cela ne signifie pas que toutes les personnes qui se prostituent sont victimes de la traite des êtres humains.
  • Deux visions de la prostitution s’affrontent. Les associations abolitionnistes comme l’Amicale et le Mouvement du Nid et les services de police considèrent que les prostituées sont majoritairement victimes de proxénétisme aggravé. D’autres (parmi lesquels des prostituées, l’association Cabiria et le vendeur de préservatifs) estiment le contraire.

Et aussi

  • Les petites annonces au feu : très en vogue jusqu’au milieu des années 2000. Mais la multiplication d’arrestations d’imprimeurs et d’intermédiaires a limité fortement le phénomène. Les passes se font généralement en appartement voire à l’hôtel.
  • Salon de massage : là où l’on propose des suppléments particuliers... ils seraient une quinzaine à Lyon.

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