LE NOUVEAU VISAGE DE LA PROSTITUTION

Mais la prostitution de rue n'est que la partie émergée de l'iceberg. Elle subit pourtant les foudres des autorités qui ne veulent plus, sous la pression des riverains, les indésirables du centre-ville. Du coup, hommes et femmes prostitués se tournent vers d'autres façons de vendre des prestations sexuelles : à domicile, à l'hôtel, dans les "salons de massage", dans les bars, les boîtes de nuit, sur internet ou bien encore via les petites annonces. Enquête sur les pratiques lyonnaises du plus vieux métier du monde.

"Escort girl" en 3 clics
En tapant "escort girl Lyon'' sur Google, l'internaute averti n'aura que l'embarras du choix. Des femmes et des hommes de tous âges et de toutes origines proposent en effet leurs services. S'il est question de sorties au restaurant ou de "bons moments'' à partager, il ne faut pas se leurrer : en témoignent les tarifs proposés. Il faut compter en moyenne entre 150 et 300 euros de l'heure selon la qualité de la "'prestation''. Des forfaits "'soirée'' ou "week-end'' sont également disponibles. Ces hommes et ces femmes reçoivent une majorité de clients réguliers, à domicile ou à l'hôtel (ce qui explique leurs tarifs élevés).

Katy, Fanny, et Maud scotchées aux poteaux
L'automobiliste et le piéton attentifs ne peuvent pas les louper. Les petites affichettes fluo collées aux poteaux le long des boulevards mènent directement aux services de prostituées. Deux quartiers de Lyon sont particulièrement pourvues : le long de la rive gauche du Rhône et Vaise. Au téléphone, la personne vous informe des tarifs pratiqués (généralement 40 euros la fellation et 60 euros l'amour) et vous donne l'adresse et l'heure du rendez-vous. Il s'agit le plus souvent d'appartements situés non loin de la zone d'affichage. La pratique des numéros de téléphone semble reculer au profit d'internet. Des condamnations d'imprimeurs d'affichettes pour proxénétisme explique aussi ce recul.

Pour se faire masser, c'est chez le kiné...
Une règle s'impose en la matière : un grand nombre de publicités et d'annonces pour les salons de massage renvoient en réalité à de la prostitution. Le prix moyen d'une prestation sexuelle se situe autour de 100 euros pour une heure. Local commercial loué sous l'appellation "Salon de massage" et des petites annonces pour attirer les clients. Lorsqu'un client appelle, des suppléments particuliers lui sont proposés. Louer un local pour de la prostitution est interdit, ce qui suppose une grande discrétion. Mais, vu le nombre de ces annonces, il semblerait que la police ferme les yeux sur ce commerce.

Escorts, les boys
Beaucoup moins de boys que de girls parmi les escorts, pourtant la pratique se répand, surtout chez les étudiants et les jeunes en galère. Beaucoup revendiquent des diplômes ou des études supérieures. Les escorts gays sont plus jeunes que les hétéros. Très peu dépassent 30 ans. Contrairement aux filles, peu de garçons vivent de leur activité d'escort et en vivent bien. En cause : une demande plus faible et des tarifs plus bas. Les prestations s'annoncent entre 100 et 150 euros de l'heure. Toutefois les prix réels sont souvent inférieurs, surtout dans la rue. Comme les gays, les hétéros recrutent beaucoup sur internet, des sites de rencontres ou spécialisés " escort ". La clientèle féminine se trouve aussi en ville. Les jeunes gens connaissent les endroits (café surtout) et les signes de connivence pour se faire comprendre. Ça se joue dans la discrétion, jamais ouvertement, jamais dans la rue. Chez les gays, l'approche est plus décomplexée. Elle peut se faire n'importe où : bars, discothèques, saunas, les lieux de drague, le plus souvent à l'initiative du client.
Cursus option trottoir
Pour payer leur loyer ou "gagner'' leur argent de poche, les étudiantes seraient de plus en plus nombreuses à vendre leur charme. Via Internet, elles n'hésitent pas à proposer massages érotiques, ménages à domicile en petite tenue ou à servir d'escorte pour une soirée...et plus si affinité. Mais cette prostitution étudiante reste occasionnelle.
"Le phénomène existe, reconnaît-on à l'Observatoire de la vie étudiante (OVE). Il faut dire que, depuis quelques années, nous constatons une tension croissante sur le pouvoir d'achat des étudiants.'' Aucun chiffre officiel n'existe sur le sujet, son ampleur. Ces étudiantes ont tendance à travailler seules, chez elles ou lors de soirées privées. Mais certains estiment à 40.000 en France le nombre d'étudiantes concernées, soit une étudiante sur 57.

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