Musée Art Contemporain

MAC de Lyon : les élus réagissent à la polémique

Sous la pression des réseaux sociaux, le MAC de Lyon a retiré de son exposition "Printemps", une œuvre d'Adel Abdessemed représentant des poulets en train de brûler. À Lyon, le milieu politico-culturel réagit à la polémique, et donne un son de cloche bien différent selon les mairies.

À la ville de Lyon, on reconnaît que "c'est une première". Selon Loïc Graber, adjoint à la culture, jamais une œuvre à Lyon n'avait été retirée d'une exposition à cause de la pression des réseaux sociaux. Il faut dire que cette fois, la vague de protestation a été d'une puissance rare. Sur Twitter, la vidéo d'un visiteur choqué par l'œuvre a récolté en quelques heures plus de 300 000 vues. "La proportion prise par la réaction sur Twitter était assez énorme, et le MAC n'en a pas mesuré l'impact et le retour potentiel", estime Loïc Graber. Compréhensif, mais déçu face au retrait de l'œuvre, il déplore cependant l'attitude de nombreux internautes. "Il y en a qui réagissent devant leur écran sans avoir pris le temps d'aller voir le reste des œuvres. En tant qu'ardent défenseur de la liberté des artistes, je regrette que cette pression, cette forme de censure des réseaux sociaux ait amené à cette décision".

Denis Trouxe, ancien adjoint à la culture de Lyon, comprend l'indisposition des internautes. "Je suis moi-même allé voir cette œuvre. C'est d'une très grande violence, et je dois dire que j'ai été indisposé. C'est extrêmement dur", confesse-t-il. L'œuvre mettait en scène des poulets attachés par les pattes en train de brûler, et les déclarations du MAC quant au trucage de cinéma utilisé pour ne pas blesser les animaux n'ont pas suffi à enrayer la polémique. "Personnellement, je ne l'aurais pas retiré du musée. Mais je comprends qu'ils l'aient fait. Il y a beaucoup d'enfants et d'élèves qui visitent le musée, cela aurait peut-être été trop violent pour eux", conclut l'ancien adjoint à la culture. Si certains voient dans les réseaux sociaux une forme de contrôle de la liberté d'expression, Denis Trouxe y voit un public. "Ils sont une partie du public qui existe, il faut composer avec. C'est un fait du temps, et on ne peut pas en faire abstraction", affirme-t-il.

L'œuvre "Tree" de Paul McCarthy, qui avait fait scandale dans la capitale l'a montré, c'est souvent dans l'art contemporain que les œuvres dérangent. Selon certains, les intentions engagées des auteurs ne sont pas toujours très claires. Pour Florence Dabron, en charge de la culture à la mairie du 6e, la polémique qu'a suscitée "Printemps" "est caractéristique des dérives de l'art contemporain". L'élue va même plus loin, en affirmant que "l'art contemporain donne l'impression d'être le fait d'une élite, où on méprise souvent toute forme d'esthétisme". Pour elle, l'œuvre d'Adel Abdessemed n'est rien d'autre qu'une "provocation". Malgré le retrait de l'œuvre au MAC de Lyon, le reste de l'exposition "Antidote" d'Adel Abdessemed reste visible du public jusqu'au 8 juillet.

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