Journal d’un switcher qui passe d’Android à l’iPhone 6S (puis au Plus)

À l’heure où les smartphones Android cassent les prix alors qu’Apple augmente les siens, est-il encore raisonnable d’acheter un iPhone 6S ou 6S Plus ? Et si on passait d’un smartphone Android à un iPhone 6S juste pour voir ? Journal d’un switcher qui n’aime pas Apple.

iphone 6S plus ()

Chaque fois qu’une personne achète un iPhone, un chaton souffre”, Apple, c’est le mal incarné”. Telles sont les phrases que mes collègues de travail ont pu régulièrement entendre à la sortie d’un nouvel iPhone. Après avoir découvert le concept de smartphone avec l’iPhone 3G en 2008, puis l’écran Retina avec l’iPhone 4 en 2010, j’ai décidé de fuir Apple en 2011 pour un Galaxy S2.

Les raisons sont simples : la mariée Android était plus belle, tout en donnant un sentiment de liberté, quand avec l’iPhone il fallait passer par iTunes pour synchroniser le moindre contenu (qu’il fallait parfois en plus convertir). Les mobiles Android, reconnus comme une simple clé USB, permettaient le simple glissé-déposé de fichier.

Les smartphones fonctionnant avec le système d’exploitation de Google autorisent également une personnalisation poussée. Je découvre à la même occasion les ROM alternatives, des fichiers systèmes modifiés et améliorés, où il est possible de quasiment tout modifier en profondeur, y compris la vitesse du processeur.

Android, c’est aussi le root, quand il est possible, qui supprime l’intégralité des restrictions. Autre avantage : des écrans toujours plus grands, quand Apple restait bloqué sur le format 3,5 pouces (puis 4 pouces avec l’iPhone 5), des batteries amovibles sur certains modèles, ainsi que des lecteurs de carte micro SD pour agrandir l’espace de stockage à moindre coût.

C’est une révolution, la libération. L’iPhone apparaissait comme une petite prison dorée, agréable mais tellement frustrante. Un autre bouleversement va conforter les amateurs d’Android : le lancement de Free Mobile. En cassant les prix des forfaits, l’opérateur a fait réaliser à tous qu’un smartphone à 1 euro était un mythe. L’abonné paye bien son mobile (parfois plusieurs fois) : son coût est juste lissé sur sa durée d’engagement. La France découvre la vérité : un iPhone sans abonnement, ça coûte cher, très cher même.

L’envie d’un switch

Quatre ans plus tard, il est possible de trouver un excellent smartphone Android à 350 ou 400 euros, comme la référence LG G4, quand l’iPhone 6S est vendu à partir de 749 euros en version 16 Go. Alors, pourquoi payer deux fois plus cher pour ce qui apparaît comme moins bien ?

Mais certaines qualités d’Android se sont un peu fanées. Samsung arrête progressivement les batteries amovibles et les lecteurs de carte micro SD. Les surcouches logicielles gâchent aussi l’expérience, en ajoutant des options pas toujours utiles sur l’Android de base.

Esprit de bidouille oblige et recherche de l’efficacité, je me retrouve à “flasher” des mobiles neufs pour retrouver la forme la plus pure du système d’exploitation. On frise parfois le ridicule. Pour éviter le flash systématique, il y a bien les Nexus de Google, toujours équipés de la dernière version du logiciel, mais ils sont dénués de batterie amovible et de lecteur de carte et les prix ne sont pas toujours intéressants.

Il y a aussi cette impression désagréable qu’avec le temps un mobile Android s’encrasse, et qu’il est toujours bien de tout effacer une fois par an pour repartir sur de bonnes bases (peut-être un placebo, impossible de savoir).

Enfin, les constructeurs se sont lancés dans une course à la puissance et aux écrans au-delà de la haute définition dont l’intérêt reste encore discutable quand on ne veut pas utiliser son smartphone pour faire de la réalité virtuelle. Sur 5,5 pouces, un “bon vieux” Full HD reste largement suffisant à mes yeux.

Deux nouveautés pour changer la donne

Pendant ce temps-là, Apple reste inflexible avec ses mobiles hors de prix et lance les innovations au compte-gouttes. L’iPhone 6S et son grand frère le 6S Plus vont changer la donne sur deux points : l’écran 3D Touch, capable de reconnaître des niveaux de pression, autorise de nouveaux usages, et les 2 Go de Ram pour la mémoire vive sont bien utiles pour la gestion du multitâche et l’affichage de plusieurs applications à l’écran. Même si iOS a toujours été peu gourmand en matière de Ram, ces 2 Go devraient permettre aux iPhone 6S et 6S Plus de bien vieillir.

iPhone 6S multitâche ()

Le switch

Grâce à ces deux arguments (et à l’opérateur SFR, qui a accepté de me prêter un iPhone 6S 16 Go), j’ai donc décidé de switcher temporairement. Le premier constat est sans appel : massif et un peu plus lourd que la moyenne, l’iPhone 6S donne l’impression que la majorité des smartphones sont des jouets.

La migration de données du smartphone Android vers l’iPhone 6S s’est faite facilement, grâce à l’application d’Apple “Move to iOS” (on appréciera le message final d’Apple, qui me propose de recycler mon ancien mobile). Les contacts ont bien été transférés, comme les photos. En revanche, pas de surprise ni de miracle : en switchant, je renonce aux applications achetées sous Android. Il faudra les repayer…

Le cloud est passé par là

Certaines choses ne changent pas : toujours impossible de brancher le mobile à un ordinateur pour glisser des fichiers dessus comme de la musique.

D’autres évoluent : il est possible d’utiliser son iPhone sans passer par iTunes. Des services en ligne comme Netflix pour la vidéo ou Spotify pour la musique permettent d’éviter de copier son contenu. Pour ceux qui ne peuvent se passer de leur vidéothèque, des applications comme VLC autorisent la copie directe et sans fil en passant par le navigateur de son ordinateur ou via iTunes, le tout sans conversion.

En deux semaines de test, je n’ai pas ressenti de manque ou de limite sur l’impossibilité d’utiliser mon iPhone comme une clé USB. Oui, je suis moins libre, pas de flash possible, je dois me contenter de la même présentation visuelle que tout le monde (quand, sous Android, je pouvais faire tout ce qui me passait par la tête).

La prison reste dorée, mais plutôt confortable finalement. Le produit est prêt à consommer, fonctionne bien. Cet iPhone 6S est un petit monstre de puissance, d’une fluidité remarquable et l’appareil photo, s’il n’est plus la référence, livre de très beaux clichés. Touch ID, le capteur d'empreinte digitale, se fait oublier tant il est rapide.

iphone 6s ()

Une version 16 Go à bannir

Moins de 24 heures après la mise en route, je déchante : un message apparaît m’informant que la mémoire du mobile est saturée. Je n’ai rien fait d’exceptionnel, beaucoup de photos, de la vidéo (même pas en 4K), pas mal d’applications comme des jeux et j’ai sauvegardé quelques albums et playlists hors ligne sur Spotify. Aucun port micro SD ne permettant d’accroître cette mémoire, me voilà déjà à l’étroit.

S’il n’y avait qu’un seul conseil à donner aux acheteurs d’iPhone 6S ou 6S Plus, c’est bien : fuyez les versions 16 Go, elles ne sont là que pour permettre à Apple d’annoncer un prix de base moins élevé. Dites-vous que l’iPhone 6S débute à 859 euros en version 64 Go (et le 6S Plus à 969 euros avec le même espace de stockage). Habitué aux phablettes de 5,5 pouces, l’écran de mon iPhone 6S classique me semble un peu trop petit. La décision est prise : nouveau switch, cette fois-ci vers un iPhone 6S Plus, alias planche de surf.

Grand iPhone ou un petit iPad ?

L’iPhone 6S Plus est grand. Il est lourd aussi, avec 192 g sur la balance. Ce n’est pas un grand iPhone, mais bien un petit iPad tant on retrouve vite ses marques quand on l’habitude de la tablette de la firme à la pomme.

On regrettera l’impossibilité d’afficher deux applications en même temps, contrairement à l’iPad (et à d’autres mobiles Android, les Galaxy Note par exemple). Il ne fait aucun doute qu’Apple devrait proposer à un moment ou un autre la fonction, tant elle semble adaptée au grand écran du 6S Plus.

La firme à la pomme a encore du travail pour iOS. À trop vouloir être simple et intuitif pour le plus grand nombre, le système d’exploitation pour les produits mobiles d’Apple se révèle frustrant. La grille d’icônes reste figée et n’autorise que la création de dossiers (sur Android, les favoris sont sur les pages principales, une icône permet d’ouvrir toutes les applications). En mode paysage, pas moyen de placer la barre de lancement à gauche, casse-pied quand on est gaucher. Les widgets ne peuvent pas être posés là où on le souhaite et sont limités (quand on peut transformer son Android en rue digne de Las Vegas la nuit).

Le multitâche a encore des progrès à faire en matière de liberté. Par exemple, il est difficile de continuer à écouter de la musique en jouant (il faut ruser, et ça ne marche pas toujours). Enfin, après quelques heures de spleen, l’absence de bouton retour se fait oublier grâce à une bonne utilisation de l’écran 3D Touch, capable de reconnaître la pression.

Il fait le boulot

Si l’on oublie les considérations de prix, de pomme derrière la coque ou de système d’exploitation, une chose distingue aujourd’hui les iPhone 6S de la concurrence : cet écran 3D Touch, Force Touch pour les intimes. En théorie, c’est l’arrivée des clics droit et centre sur smartphone. En pratique, nous ne sommes qu’au début de la technologie. Pour l’instant, la 3D Touch permet surtout de gagner quelques secondes en affichant des raccourcis, diminuant ainsi le nombre d’interactions nécessaire. Les applications Apple sont les premières à en profiter. D’autres usages sont intéressants. Ainsi, un appui fort sur le côté gauche avec un mouvement de doigt vers la droite lance le multitâche. La 3D Touch marque l’avènement des Peek and pop, détail et fenêtre. Concrètement, un appui un peu plus fort sur un lien Safari permet de voir un aperçu d’une page – en augmentant la pression, elle s’ouvre.

Triste de ne pouvoir personnaliser mon mobile comme un Android, je découvre un palliatif avec l’application Launch Center Pro, un lanceur pour programmer des raccourcis (appeler un contact d’un seul clic, diminuer la luminosité…, les possibilités sont infinies). Associée à la 3D Touch, Launch Center Pro fait des miracles. Un clic fort sur l’icône lance les raccourcis rapides, Quick Actions (là encore paramétrables). J’ai ma personnalisation, je suis heureux.

iphone 6S ()

Dans l’absolu, les utilisateurs des iPhone 6S et 6S Plus peuvent très bien se passer de 3D Touch. Les fonctions demandent un petit apprentissage et il faut presque se faire violence au début. Mais, une fois apprivoisée, impossible de s’en passer. Apple vient d’ouvrir un beau champ de possibilités. Huawei devrait sortir un mobile Android avec un écran du même type, mais rien ne garantit que le constructeur chinois parvienne à offrir la même expérience que la firme à la pomme. J’ai hâte de voir ce que les développeurs feront de cet outil.

La question de l’autonomie

Le mobile surprend sur un point où je ne l’attendais pas. Son autonomie est excellente. Quand je devais recharger le 6S avant la fin de journée après une utilisation intensive, le 6S Plus parvient à tenir sans problème, même jusqu’à tard le soir, dans les mêmes conditions.

En utilisation classique, une recharge tous les deux jours n’est pas impossible. C’est le choc, cela ne m’était pas arrivé sur Android, même avec les mobiles Sony ou Samsung, pourtant connus pour leur bonne autonomie. La batterie de l’iPhone 6S Plus a beau être plus petite que bon nombre de phablettes Android, cela ne se voit pas. Ça m’arrache la gueule de l’avouer, mais oui, les iPhone resteront toujours un beau modèle de parfaite fusion entre hardware et software. La batterie en est la preuve, tout comme l’intégration de l’écran 3D Touch.

Retour impossible vers Android ?

Vus par beaucoup comme une simple mise à jour des iPhone 6, les 6S sont bien plus que cela. Ils sont aujourd’hui les mobiles qu’attendaient certains utilisateurs d’Android pour revenir vers la firme à la pomme, notamment grâce à l’excellente autonomie du 6S Plus. Une fois que l’on a goûté et dompté la 3D Touch, difficile de s’en passer (c’est comme revenir vers une souris avec un seul clic). Apple tient sa fonction phare, mais la firme à la pomme doit dépoussiérer son iOS, quitte à le rendre légèrement débrayable pour les utilisateurs confirmés.

Bilan du switch : je vais rester sur un 6S Plus 64 Go. Je n’aimais pas les iPhone. Force est de constater qu’il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Reste à voir, pour le consommateur, si une parfaite fusion entre le matériel et le logiciel mérite que l’on dépense au moins 859 euros. C’est une autre histoire.

Merci à SFR pour le prêt du matériel. Aucun iPhone 6S n’a été prêté ou offert par Apple pour la réalisation de ce test.

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