Les parodies du Bled

MacGyver, Dallas, Koh Lanta, Secret Story, autant d’émissions que Jhon Rachid aka Mohamed Ketfi, s’amuse à revisiter à la sauce du bled, mélange léger entre culture maghrébine et classe américaine. Des parodies réalisées avec très peu de moyens mais beaucoup de bonne volonté et une sacrée dose de talent, dans la plus pure tradition de La Télé des Inconnus.

Tout commence pour Mohamed Ketfi, nostalgique des années 90 et geek à ses heures perdues, avec une vidéo parodiant la tecktonik publiée sur le net en 2007. Un reportage improvisé, tourné monté en moins d’une heure, et qui reçoit très rapidement quelque 800 000 visiteurs. De quoi donner des idées à ce jeune artiste autodidacte,qui œuvre alors dans la téléphonie. Très vite,il multiplie les projets autour d’un personnage caricatural, Jhon (et pas John) Rachid, pétri de culture franco-maghrébo-américaine. Du vécu pour Mohamed, né de parents Algériens et élevé par ses grands-parents dans le second arrondissement de Lyon. “Ce que j’écris, c’est tout ce que je vis, précise l’artiste. Il y a une dualité entre les traditions super anciennes de ma grand-mère et mes potes qui ont grandi, comme moi, dans le 2e. Je puise dans les deux cultures, c’est assez génial”. Être un porte-drapeau d’une certaine jeunesse, enfants d’immigrés, cela ne l’intéresse pas. “Ce sont mes deux cultures. Je suis fier d’être Français et Algérien. On ne te demande pas de choisir entre ton père et ta mère”.

“J’ai peur d’être trop communautaire”

S’il se refuse à tout discours politique, Mohamed s’amuse du racisme ordinaire et monte au créneau quand on lui parle d’identité nationale. Un concept qu’il raille en filigrane dans ses textes sans jamais paraître vraiment engagé. Une bonne part d’écriture, un humour fin, jamais graveleux et un zest d’improvisation, voilà sa recette. Mohamed, véritable homme-orchestre, aime avoir toutes les cartes en main même si le chaos semble être le maître mot lors de ses tournages faits de briques et de broc. Franc succès sur le web, tout ce talent ne suffit pas encore pour faire sa place sur le réseau hertzien. “J’ai peur d’être trop communautaire, souffle-t-il. Même si aujourd’hui, dans les médias, c’est moins difficile d’être Arabe. Attention, je dis bien dans les médias… Mais j’ai vu des gens faire moins de bruit sur le net et avoir des propositions plus intéressantes.”. Et s’il a encore du mal à imposer son humour sur les “grandes chaînes nationales”, c’est à contre-emploi, dans le rôle du bras droit d‘un méchant qu’il fera sa première apparition en tant que comédien à la télévision dans un téléfilm intitulé Le 3e jour (diffusion courant en mars sur France 2), réalisé par Bernard Stora. Le début d’une grande carrière au cinéma ? Mohamed semble en rêver sans trop vouloir forcer la chance. “Je suis à fond dans l’artistique, même si ça semble prétentieux de le dire. J’adore écrire et tourner, mais je déteste démarcher. Ça me freine. Et les échecs, les déceptions, c’est encore pire. Je suis très susceptible”.

www.dallasdubled.com

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