Lyon Capitale n°162
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Il y a 20 ans : Au péage, Barre tourne la page

IL Y A 20 ANS DANS LYON CAPITALE – 1998, c'est l'année où le périphérique Nord a fait l'objet de toutes les critiques. Retiré à Bouygues puis récupéré par la ville de Lyon, Raymond Barre tente de refaire une réputation à un tronçon qui en a bien besoin.

Lyon Capitale n°162, 11 mars 1998 © Lyon Capitale

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Quand début 1998, les lyonnais apprennent qu'ils vont devoir payer la récupération du contrat de Téo à Bouygues, ils ont bien du mal à avaler la pilule. S'en suivent alors manifestations, blocages en tous genres et même dépôt de plainte pour corruption. Finalement, alors que le périphérique nord change de main et atterrit dans celles de Raymond Barre, le tronçon est au plus bas niveau fréquentation et réputation. Le maire se voit alors obligé de jouer les VRP, et de s'inviter sur place en compagnie des caméras du coin, histoire de redorer le blason de Téo et de montrer que tout va bien sur la route. La façade semble paisible, mais il suffit de se pencher derrière pour constater que certaines associations sont toujours au front contre le péage…

Lyon Capitale n°162, 11 mars 1998, p. 3 © Lyon Capitale

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Un article publié dans Lyon Capitale n°162 le mercredi 11 mars 1998, signé par Frédéric Crouzet.

Au péage, Barre tourne la page

Le tunnel est de nouveau accessible depuis jeudi 5 mars Au péage, Barre tourne la p Depuis qu'il est le nouveau patron du périphérique nord, Raymond Barre fait la promotion du défunt Téo avec un sourire de VRP. Jeudi 5 mars, jour de la réouverture du tunnel, le maire de Lyon est venu annoncer au péage que le trafic était en hausse. Un coup médiatique pour relancer la machine.
La page Téo est tournée. A la gare de péage du Rhône, où sont installés les locaux administratifs du périphérique, les panneaux avec le sigle "Téo" ont été enlevés. La centaine de salariés de la SCBPNL (Société concessionnaire du boulevard périphérique nord de Lyon), autrement dit Bouygues et compagnie, y travaille à présent pour le compte de la communauté urbaine. Jeudi 5 mars, à l'heure du thé, ils ont eu droit à la visite de leur nouveau patron, Raymond Barre en personne, entouré d'une large cohorte de journalistes. L'événement était de taille. Depuis la mise en service de Téo en juillet 1997, le président de la communauté urbaine mettait pour la première fois les pieds au péage du controversé périphérique. Pour cette visite historique, organisée le jour de la réouverture du tunnel de Caluire fermé depuis un mois, Raymond Barre n'est pas venu les mains vides. Il a donné lui-même aux journalistes les premiers chiffres de fréquentation du périphérique nouvelle formule. Par rapport à la moyenne des jours ouvrés du mois de décembre, le tronçon nord aurait enregistré une hausse de fréquentation de 40 % ce jeudi. En clair, avec plus de 20 000 véhicules dans la journée, tous les records ont été battus. Visiblement, les Lyonnais ont été séduits par les nouveaux tarifs revus à la baisse (entre 7 et 10 francs le passage au lieu de 16 francs). Du coup, au péage, Barre affichait un large sourire de VRP satisfait de son produit. Il a calmement répondu aux arguments de Gérard Claise, porte-parole. Du collectif pour la gratuité de l'ouvrage, présent lui aussi. Soucieux de son image, le maire a toutefois refusé le tract anti-péage qu'un opposant lui tendait. Puis, entouré par son service de protection, suivi de son premier adjoint Christian Philip et talonné par une vingtaine de journalistes, le nouveau patron du périphérique est parti contre toute attente à la rencontre d'une automobiliste. "16 francs c'est trop cher !", lui a lancé la conductrice légèrement énervée en baissant sa fenêtre. Et le professeur Barre de lui expliquer, la tête penchée à l'intérieur de l'habitacle, que grâce à la communauté urbaine, le prix est à présent plus bas. "Les Lyonnais comprendront, ultérieurement", a soupiré le maire auprès des journalistes après cette rencontre. Au milieu des voitures dans la file d'attente, Raymond Barre est ensuite remonté jusqu'aux cabines de péage pour dialoguer avec le personnel. Encore un large sourire pour les photographes. Et quand il est remonté à bord de sa Renault Safrane avec chauffeur, il a tenu à payer lui-même le péage. Bref, durant toute cette journée promotionnelle, Raymond Barre nous a fait la totale. Le matin, Le Progrès publiait une longue interview du député-maire sur le sujet. Le soir, il était l'invité du journal de TLM pour vanter les nouveaux tarifs attractifs. Lors de la mise en service de ce périphérique, commandé et financé à moitié par les collectivités, Raymond Barre n'avait pas voulu organiser l'inauguration de Téo. Aujourd'hui, il en fait la promo. La page Téo est belle et bien tournée.
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